Skip to main content

(New York) - L'un des avocats libériens les plus importants en matière de droits humains, Tiawan Gongloe, a été brutalisé alors qu'il était aux mains de la police et a dû être hospitalisé suite à cela, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Des policiers montent la garde devant son lit d'hôpital et le directeur de la police a annoncé que M. Gongloe restait à la charge de la police, sans chef d'inculpation, dans l'attente d'une enquête.

"Le gouvernement de Charles Taylor utilise la violence pour réduire au silence les voix indépendantes qui dénoncent la détérioration du bilan du Libéria en matière de droits humains," a déclaré Peter Takirambudde, Directeur Exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. "Le Président Taylor resserre l'étau de la répression et les Libériens qui appellent le gouvernement à respecter les droits humains sont autant d'éléments gênants pour lui."

Bien qu'aucun chef d'inculpation n'ait été précisé, l'arrestation de M. Gongloe semble liée à un discours qu'il a prononcé en mars 2002, à l'occasion d'une conférence tenue en Guinée voisine, sur la paix dans les pays de la Mano River Union. Le discours évoquait les différentes façons dont les groupes de la société civile pourraient jouer un rôle afin d'atteindre la paix dans la Mano River Union. Il condamnait également le recours à la violence comme moyen d'assurer le pouvoir de l'état. Le même jour que l'arrestation de M. Gongloe, le gouvernement a ordonné la fermeture du journal The Analyst, qui venait de publier le discours prononcé par M. Gongloe.

M. Gongloe est célèbre pour avoir représenté des clients dans des affaires de droits humains et pour avoir exprimé sa réprobation des abus commis par les forces de sécurité. Le 24 avril, le véhicule de M. Gongloe a été stoppé par l'officier de police, Dolo Mark. M. Gongloe a été arrêté et conduit au quartier général de la police vers 17 heures. Au poste de police, il a subi un interrogatoire concernant la déclaration qu'il avait faite lors de la conférence en Guinée.

Après un bref interrogatoire, il a été dévêtu et placé dans une cellule de la police située en sous-sol. Deux officiers de police en civil l'ont alors sévèrement battu dans la cellule et l'ont roué de coups tout au long de la nuit. Ils l'ont également menacé, lui disant qu'il était un dissident auquel ils feraient son sort et qu'ils allaient le tuer. Au matin, il a de nouveau été transporté pour un interrogatoire mais suite à ses blessures, M. Gongloe s'est trouvé dans l'incapacité de se tenir debout ou assis. Des avocats avertis des événements concernant M. Gongloe ont fait pression sur la police afin que ce dernier soit hospitalisé. M. Gongloe est actuellement au Cooper Hospital où il reçoit un traitement. Suite aux tortures subies, M. Gongloe a perdu une partie de ses capacités auditives dans l'oreille gauche, son œil gauche est enflé et sanguinolent, son corps et sa tête sont couverts de graves hématomes.

Deux officiers de police montent la garde devant sa chambre d'hôpital. Le 25 avril, le Directeur de la Police, Paul Mulbah, aurait fait une déclaration à la radio affirmant que M. Gongloe restait aux mains de la police tant que durerait l'enquête policière.

"Il est évident que M. Gongloe reste soumis à un risque élevé d'autres brutalités policières et de harcèlement," a déclaré Peter Takirambudde. "Le Président Charles Taylor doit immédiatement mettre un terme à ce harcèlement et à l'intimidation contre les défenseurs des droits humains."

Cet incident est le plus récent d'une série d'arrestations menées à bien par le gouvernement depuis qu'il a imposé l'état d'urgence, le 8 février 2002. Face à la reprise des activités rebelles et à une publicité internationale négative, le gouvernement du Président Charles Taylor est devenu de plus en plus intolérant quant aux critiques le concernant. En particulier, le gouvernement a intensifié le harcèlement et l'intimidation contre la presse indépendante, les groupes issus de la société civile et les groupes légitimes d'opposition politique.

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.

Région/Pays