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Libéria : pour l'extension de l'embargo des Nations Unies sur les armes

Les forces gouvernementales libériennes et les rebelles, auteurs de crimes de guerre

(New York) - Le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait maintenir l'embargo sur les armes destinées au Gouvernement libérien, conclut Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui sur les violations des droits humains commises au Libéria.

Human Rights Watch appelle également à une extension de l'embargo sur les armes, de façon à ce qu'il s'applique aussi aux rebelles des Libériens Unis pour la Démocratie et la Réconciliation (LURD) et à ce que cesse le soutien de la Guinée au LURD. Le Conseil de sécurité des Nations Unies devrait se prononcer d'ici le 7 mai sur l'embargo sur les armes.

Un rapport de 23 pages, intitulé "De nouveau au bord du gouffre: Crimes de guerre commis par le Gouvernement libérien et les rebelles - Pour une plus grande attention internationale au Libéria et à la sous-région", démontre à l'évidence que les forces du Gouvernement libérien qui combattent contre le LURD commettent des crimes de guerre et autres graves violations des droits humains contre des civils dans le nord-ouest du pays.

"Une fois de plus, les civils libériens portent le fardeau d'une guerre brutale", a déclaré Peter Takirambudde, directeur exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch. "Si la communauté internationale n'empêche pas de nouvelles effusions de sang, la guerre du Libéria risque de déstabiliser la région tout entière".

L'armée libérienne et les milices pro-gouvernementales ont exécuté de nombreux civils, dont des dizaines en les enfermant dans des maisons qu'ils incendiaient ensuite, brûlant vives les victimes. Elles ont aussi perpétré des viols à grande échelle, sur des femmes et des filles dont certaines étaient âgées de tout juste douze ans et ont systématiquement pillé et incendié les villages. Des centaines d'hommes et de garçons ont été recrutés de force et envoyés sur le front de manière arbitraire et souvent sans formation adéquate. Les forces du LURD, qui avaient lancé leur première attaque en juillet 2000, ont également commis de graves abus, bien que moins répandus, parmi lesquels des exécutions sommaires de personnes soupçonnées de collaborer avec le Gouvernement, des viols et des enrôlements forcés, notamment d'enfants.

Pour Peter Takirambudde, la paix fragile en Sierra Leone pourrait facilement être ébranlée si la guerre qui a repris au Libéria devait s'étendre, alors qu'un nombre croissant de réfugiés mais aussi de combattants libériens gagnent les pays voisins. Avec la paix qui revient en Sierra Leone, des centaines d'anciens combattants issus des différents camps de la guerre civile se rendent au Libéria pour y combattre comme mercenaires, tant du côté du Gouvernement que de celui du LURD.

Human Rights Watch est également préoccupé par le rôle déstabilisateur que joue le Gouvernement de Guinée en apportant soutien logistique et militaire au LURD. Les Etats-Unis qui doivent commencer en mai 2002 d'apporter une assistance militaire à la Guinée d'un montant de trois millions de dollars US devraient conditionner leur aide à la fin du soutien de la Guinée aux activités rebelles au Libéria, estime également Human Rights Watch.

Au cours de la décennie écoulée, les Gouvernements de l'Union du Fleuve Mano -- Libéria, Sierra Leone et Guinée -- ont fréquemment donné asile aux groupes rebelles de leurs voisins et soutenu les opérations transfrontalières, provoquant une grande instabilité. Charles Taylor, à la fois comme chef de faction puis comme Président du Libéria depuis 1997, porte la responsabilité première de cette agression de longue haleine et des graves violations des droits humains commises dans la sous-région, au Libéria mais aussi en Sierra Leone, par l'intermédiaire de son soutien aux rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (Revolutionary United Front, RUF).

Confronté à un regain d'activités rebelles et à une publicité négative sur la scène internationale, le Gouvernement Taylor, arrivé au pouvoir après sept ans de guerre civile, s'est montré de plus en plus intolérant face aux critiques. Depuis l'imposition de l'état d'urgence en février 2002, le Gouvernement a multiplié les arrestations, fait fermer des journaux, arrêté et torturé des militants des droits humains, dans le but évident de réduire ses opposants au silence. Prenant prétexte de la menace rebelle, le Gouvernement est en train de remilitariser la société, comme en témoignent la remobilisation d'anciens combattants et la prolifération des milices.

Pour Human Rights Watch, la communauté internationale doit agir immédiatement et faire pression sur le Gouvernement libérien et les troupes rebelles pour leur faire respecter les droits humains et prendre des mesures pour mettre fin au soutien que la Guinée apporte aux rebelles libériens.

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