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Le programme "accéléré" de réforme foncière au Zimbabwe a été accompagné d'importantes atteintes aux droits humains qui affectent les gens même que ce programme était censé aider, a dénoncé Human Rights Watch dans un rapport publié à la veille des élections au Zimbabwe.

Des milices affiliées au parti du Président Robert Mugabe se sont livrées à de graves actes de violence contre des habitants des zones rurales et des ouvriers sans terre travaillant dans les fermes commerciales, affirme le rapport. Human Rights Watch a également recueilli des témoignages relatant des pratiques de discrimination, sur des bases politiques, dans la distribution des terres.

"Beaucoup parmi ceux qui étaient censés bénéficier de cette réforme ont en fait été pris pour cible de la violence," a déclaré Peter Takirambudde, Directeur exécutif de la Division Afrique de Human Rights Watch.

Les politiques coloniales d'expropriation ont accordé gratuitement aux fermiers blancs de larges étendues de terres fertiles dans ce qui est maintenant le Zimbabwe alors que les noirs des zones rurales devaient se contenter de " réserves tribales " surpeuplées, sans grande valeur agricole. De 1980, date de l'indépendance, à 2000, cette situation injuste a peu été modifiée.

En 2000, le gouvernement du Président Mugabe a adopté de nouvelles lois autorisant les expropriations de terres sans compensation et encourageant les paysans sans terres à occuper les terres des fermes commerciales.

Dans un rapport de quarante pages intitulé Fast Track Land Reform in Zimbabwe, Human Rights Watch rapporte les témoignages de personnes affirmant que beaucoup parmi ceux qui voulaient des terres avec le programme accéléré devaient faire preuve de soutien au parti au pouvoir, ZANU-PF et que des personnes favorables à l'opposition s'étaient vues refuser des terres. Les travailleurs sans terre qui vivent et travaillent sur les fermes commerciales ont été largement exclus de la redistribution foncière. Parmi les Zimbabwéens les plus désavantagés, ils ont aussi été les cibles privilégiées de la violence d'état.

Le gouvernement n'a également pas réussi à garantir aux femmes, particulièrement aux femmes mariées, les bénéfices de la réforme foncière, malgré un engagement annoncé en faveur de l'égalité des genres.

Si la violence a diminué sur les fermes commerciales au cours des derniers mois et que sans aucun doute, des terres ont été redistribuées, les problèmes persistent. Beaucoup reçoivent des terres sans garantie aucune sur leurs titres de propriété et sans infrastructure ou ressources adéquates de départ leur permettant de devenir des fermiers auto-suffisants.

Les milices du parti conduites par les vétérans de la guerre de libération du Zimbabwe ont pris la tête des violences même si des ouvriers agricoles et des partisans de l'opposition ont aussi parfois répliqué. Le rapport de Human Rights Watch qui s'appuie sur une recherche conduite en 2001, apporte des informations sur la façon dont ces milices ont agressé des propriétaires de fermes, des ouvriers agricoles et des habitants des zones rurales entourant les terres des exploitations commerciales. Le rapport affirme que la police n'a pratiquement rien entrepris pour stopper la violence.

Human Rights Watch a appelé le gouvernement qui sortira des élections au Zimbabwe à traduire en justice les responsables des abus et à prendre des mesures pour s'assurer qu'une telle violence ne se reproduira pas. De plus, toute réforme foncière soutenue par l'état doit respecter l'état de droit.

La réussite d'un programme de réforme foncière est un élément capital pour les droits humains au Zimbabwe et la communauté internationale doit s'engager à prendre en considération la situation très difficile des habitants des zones rurales et des ouvriers agricoles. La logistique et l'aide financière de la communauté internationale sont des éléments critiques dans l'amélioration des infrastructures nécessaires à la réforme foncière.

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