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(New York, 13 juillet 2001) Human Rights Watch a insisté aujourd'hui sur le fait que le Conseil de Sécurité de l'ONU devrait imposer un embargo total sur l'ensemble du soutien militaire apporté aux factions en guerre en Afghanistan.

Dans un rapport inédit publié aujourd'hui, Human Rights Watch accuse le Pakistan, l'Iran et la Russie de fournir une assistance militaire aux factions afghanes dont on sait qu'elles ont déjà commis de graves violations des droits humains et ce à de nombreuses reprises. D'autres pays dans la région sont également impliqués dans la guerre en cours.

" La guerre civile en Afghanistan a été un véritable désastre pour la population civile ", a déclaré Joost R. Hiltermann, Directeur Exécutif de la Division Armes de Human Rights Watch. " La seule façon de mettre un terme aux violations des droits humains dont ont souffert ces populations est de mettre en place un embargo sur les armes ".

Le rapport de 55 pages intitulé Question d'impunité : les contributions du Pakistan, de la Russie et de l'Iran_à la guerre civile en Afghanistan" décrit minutieusement la nature du soutien militaire apporté aux parties engagées dans le conflit, qu'il s'agisse des principales routes de communication utilisées pour l'acheminement des armes et des équipements, des soutiens, du rôle de l'État ou de celui des acteurs non-étatiques, ainsi que de la réponse de la communauté internationale. Pendant deux ans, se déplaçant tout autant à Kaboul que dans les zones d'Afghanistan sous contrôle du Front Uni ou au Kazakhstan, au Tadjikistan, au Kyrgystan ou encore au Pakistan, Human Rights Watch a mené des recherches concernant l'assistance militaire dont bénéficient les Talibans et le Front Uni. Pour ce faire, Human Rights Watch a interrogé entre autre des membres des gouvernements, des diplomates, des militaires, des fonctionnaires, des journalistes, des universitaires.

Pour Human Rights Watch, appeler à un embargo sur l'assistance militaire signifie que les mesures de contrôle doivent être précautionneusement établies de manière à assurer qu'un embargo bilatéral ne bénéficiera pas à un camp, en l'occurrence celui des Talibans, au dépend de l'autre, le Front Uni. Pour des raisons relevant pour partie de la géographie, il plus facile de mettre en place un embargo contre le Front Uni que contre les Talibans.

Selon Human Rights Watch, la levée de l'embargo devrait être liée à des avancées concrètes de la part des factions, en vue de stopper les violations des droits humains et de faire comparaître ceux qui les ont commises devant la justice.

Durant cette guerre, chacune des principales factions a régulièrement commis de graves violations du droit international. Au nombre de ces abus, on comptedes meurtres, des bombardements aériens sans distinction entre cibles civiles et militaires, des attaques directes sur des civils, des exécutions sommaires, des viols, des persécutions basées sur l'appartenance religieuse et des recours aux mines anti-personnel. Les plus récentes violations, en particulier les exécutions sommaires et les bombardements aériens non sélectifs, ont été commises par les Talibans alors que le Front Uni échouait à tenir ses commandants responsables des abus commis par le passé.

Il est établi que la plupart des abus commis par les factions l'ont été " à grande échelle ou de manière systématique ", ce qui constitue l'un des critères du crime contre l'humanité. Répondent également aux critères de crimes contre l'humanité, selon le droit international humanitaire, les attaques directement dirigées contre les populations civiles, ainsi que les attaques non sélectives responsables d'importantes pertes civiles.

Le rapport accuse le Pakistan d'avoir laissé des armes franchir la frontière et entrer en territoire sous contrôle taliban, ce qui constitue une violation de l'embargo sur les armes décidé par l'ONU à l'encontre des Talibans, en décembre 2000. De fait, le Pakistan est le principal soutien international des Talibans au pouvoir à Kaboul. En dépit de démentis officiels, le Pakistan a fourni, lors de batailles décisives, conseillers militaires et soutien logistique, financé les Talibans, contribué à la circulation des armes, des munitions et du carburant à travers son territoire et encouragé le recrutement de Pakistanais pour combattre aux côtés des Talibans. L'Arabie Saoudite a également financé le régime taliban tandis que des investisseurs privés et quelques personnalités officielles tiraient profit de la contrebande établie entre les deux pays. L'Iran et la Russie, aidés par le Tadjikistan et au moins jusqu'en 1998 par l'Ouzbékistan, le Turkménistan et le Kirghizstan sont les principaux soutiens à la coalition d'opposition au régime taliban : le Front Uni.

L'Iran a fourni armes, financement à grande échelle etformation. La Russie a contribué de façon décisive au réapprovisionnement des forces du Front Uni en organisant le transport de l'aide iranienne ainsi qu'en fournissant directement une aide militaire russe, dont le transport d'hélicoptères, fin 2000. L'assistance militaire au Front Uni a transité par les frontières du Tadjikistan et de l'Afghanistan avec la complicité active du gouvernement russe. En règle générale, Human Rights Watch soutient les sanctions internationales décidées à l'encontre des gouvernements et des groupes rebelles qui se livrent à de graves violations du droit international en matière de droits humains et de droit humanitaire. De telles sanctions comportent la mise en place, par la communauté internationale, d'un embargo sur les armes ainsi que sur d'autres formes d'aide militaire. De la même façon, des gouvernements qui fournissent une assistance militaire aux États et groupes rebelles responsables de tels abus devraient être tenus pour responsables des abus qui résultent de leur soutien.

Selon Human Rights Watch, le coût humanitaire de ces vingt années de combats, qui s'élève à un million et demi de morts, des déplacements massifs de population, une situation de famine et l'effondrement des fondements économiques du pays, n'a pas été pris en compte par la politique internationale à l'égard de l'Afghanistan. Les sanctions qui existent déjà à l'encontre des Talibans ont été imposées dans le but de contraindre à se rendre, Oussama Ben Laden, un ressortissantd'Arabie Saoudite suspecté d'être l'instigateur des attentats contre les ambassades des États-Unis au Kenya et en Tanzanie. Elles ne traitent en aucun cas la question primordiale des conséquences de cette guerre sur la population civile. " La communauté internationale n'a pas réussi à faire reconnaître les responsabilités des factions armées en Afghanistan dans les violations du droit international en matière de droits humains et de droit humanitaire" a déclaré Hiltermann. " Ce sont les civils qui sont au centre de ce conflit, et c'est leur bien-être qui doit être au centre de la solution ".

L'appel lancé par Human Rights Watch pour la mise en place d'un embargo sur les armes et les autres formes de soutien militaire signifie qu'une pression doit être exercée sur le Pakistan afin que ce pays se conforme à l'embargo, et ce notamment dans le but d'empêcher la reprise des livraisons de munitions et de pièces détachées aux Talibans. Des pressions devraient également être exercées sur le Pakistan afin que ce pays accepte la présence d'observateurs travaillant en parallèle du personnel douanier pakistanais. Si le Pakistan ne respectait pas l'embargo onusien, des sanctions devraient alors être décidées. Celles-ci devraient viser à réduire au maximum l'impact humanitaire négatif sur la population du Pakistan.

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