(New York) - Les deux leaders africains assis à la même table pour un petit déjeuner de prière ce matin à l'invitation du Congrès se livrent une guerre qui a déjà causé des pertes massives au sein de la population civile. Les représentants des Etats-Unis qui les acceuillent devraient mettre la guerre au Congo au centre de leur discussion, a affirmé aujourd'hui Human Rights Watch.
Les présidents Joseph Kabila du Congo et Paul Kagame du Rwanda dirigent tous deux des troupes qui prennent part à la guerre au Congo, guerre qui a déja fait 1,7 millions de victimes, morts soit suite aux combats soit suite aux privations d'eau, de nourriture et de soins médicaux. Six gouvernements Africains sont impliqués dans cette guerre qui dure depuis 1998, ainsi que trois grands mouvements rebelles et une multitude de groupes d'opposition armée moins importants.
"Malgré les nombreuses alliances instables et les revirements constants de cette guerre, une chose demeure parfaitement claire: les civils ont essuyé le plus fort de la souffrance," constate Peter Takirambudde, directeur de la Division Africaine de Human Rights Watch. "L'administration Bush devrait donner à Kabila et Kagame un message sans équivoque: les abus contre la population civile doivent cesser immédiatement."
Kagame et les troupes rwandaises se sont d'abord engagés dans la guerre au Congo en tant qu'alliés de Laurent Kabila, le président récemment assassiné. Mais dans la deuxième guerre actuellement en cours, les deux leaders se sont retrouvés dans des camps opposés. La rencontre qui se déroule aujourd'hui à Washington est considérée comme le premier face-à-face de Kagame avec le jeune Kabila depuis que ce nouveau président a succédé à son père.
Les deux parties belligérantes se sont ingérées dans des conflits ethniques locaux, assurant souvent la livraison d'armes et la formation militaire qui ont rendu ces combats plus meurtriers encore. "Les représentants des Etats-Unis doivent prévenir les belligérants que jouer sur les divisions locales ne fera que déboucher sur plus de haine et de tueries," a déclaré Takirambudde.
Les Nations Unies ont essayé à deux reprises de mener une enquête sur les crimes de guerre commis pendant la première guerre du Congo, mais ont été bloquées par feu président Laurent Kabila. Par la suite, le gouvernement congolais a indiqué sa volonté de faciliter une nouvelle enquête mais les Nations Unies n'ont rien fait jusqu'à présent. Human Rights Watch a lancé un appel pour une nouvelle enquête internationale sur les violations massives du droit humanitaire international qui ont eu lieu tant dans la première guerre que dans la seconde guerre du Congo.