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Human Rights Watch a fait part aujourd'hui de sa préoccupation à propos de la sécurité des civils pris dans le conflit au Congo qui oppose les forces loyales au Président Laurent-Désiré Kabila et les insurgés tutsis appuyés par le Rwanda, pays voisin.

L'organisation a également invoqué le fait que l'injustice ethnique prévalant depuis longtemps ainsi que le régime de plus en plus dur de Kabila ont conduit à la crise actuelle.

Selon les sources de Human Rights Watch, à Kinshasa, les Tutsis, perçus comme des ennemis de l'Etat, sont actuellement la cible de vastes opérations de perquisitions et d'arrestations. Dans la partie Est du Congo, les dirigeants locaux qui avaient dénoncé récemment la présence de troupes rwandaises dans leur région se retrouvent aujourd'hui dans des zones tombées sous le contrôle de ces forces rwandaises.

Le fait que les droits élémentaires de citoyenneté n'aient pas été accordés à l'importante minorité tutsie vivant dans la partie Est du Congo a été l'un des détonateurs de l'insurrection dirigée par des Rwandais qui a renversé le dictateur Mobutu Sese Seko en 1997. Le Président Kabila a toutefois déçu ses partisans rwandais en n'améliorant pas le statut des Tutsis, ce qui a mené à de nouveaux conflits à l'Est et à des tensions avec le Rwanda.

Par ailleurs, le régime de Kabila est devenu de plus en plus répressif. Il a interdit les activités politiques, dissous les associations de droits de l'homme, commis des exactions à l'égard de journalistes et a retardé le passage qu'il avait promis à la démocratie. Il a en outre fait obstacle à une enquête des Nations Unies sur les massacres commis par ses troupes rebelles et leurs alliés rwandais lors de son arrivée au pouvoir. "Le refus de Kabila de respecter les droits fondamentaux des Congolais ainsi que sa monopolisation du processus politique ont miné la force du pays", a déclaré Peter Takirambudde, directeur de la Division Afrique de Human Rights Watch. "Pourtant, cherchant à promouvoir la stabilité du Congo, la communauté internationale, en particulier les Etats-Unis, était disposée à excuser le pouvoir fort instauré par Kabila et ses pratiques répressives". "La triste tournure qu'ont pris les événements montre clairement que seul un pouvoir pluraliste qui doit répondre de ses actes et l'instauration de l'Etat de droit, et non l'opportunisme politique, peuvent apporter la stabilité au Congo et à la région tout entière", a ajouté Takirambudde.

Des témoins ont signalé à Human Rights Watch mercredi que des soldats de l'armée gouvernementale avaient arrêté des personnes d'origine tutsie à des barrages routiers dans la capitale, Kinshasa, et au cours de perquisitions. Des arrestations ont eu lieu mercredi à la Galerie Albert et dans les bâtiments Wagenia dans des quartiers du centre de Kinshasa. Mardi, des soldats de l'armée gouvernementale ont interdit l'accès de l'Immeuble Royal, qui abrite les bureaux du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), et ils ont arrêté deux familles de Tutsis et un employé congolais du PNUD. Des sources dignes de foi ont signalé à Human Rights Watch que des dizaines de Tutsis congolais effrayés étaient partis se cacher alors que se répandait un "climat de chasse aux sorcières", bien que le gouvernement ait affirmé que toute attaque à l'encontre d'étrangers et de Tutsis serait sévèrement punie.

Human Rights Watch s'inquiète aussi beaucoup à propos de la sécurité des responsables d'organisations locales dans les provinces du Sud et du Nord-Kivu, lesquels, en raison de leur position concernant les droits des Tutsis congolais et le rôle du Rwanda dans la région, risquent d'être considérés comme étant hostiles au Rwanda. "Nous nous inquiétons également du sort de l'Archevêque de Bukavu et du gouverneur du Sud-Kivu qui se trouvaient à Goma au moment où a éclaté l'insurrection et nous demandons aux autorités qui contrôlent cette ville de garantir leur sécurité", a déclaré Takirambudde.

Human Rights Watch appelle la communauté internationale à exiger que les responsables des atteintes aux droits de l'homme commises actuellement et antérieurement au Congo, au Rwanda et dans d'autres pays de la région des Grands Lacs soient amenés à rendre pleinement compte de leurs actes si elle veut que l'on arrive un jour à une solution durable au problème de l'instabilité chronique régnant dans la région.

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