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Iran : Deux femmes kurdes menacées d'exécution

Les autorités recourent à la peine de mort pour étouffer la dissidence politique et cibler les minorités

Les ombres d'un policier iranien et d'un nœud coulant étaient visibles sur le sol peu avant une pendaison à Téhéran, en 2005.  © 2005 Reuters

(Beyrouth, le 22 janvier 2025) – Deux femmes iraniennes appartenant à l’ethnie kurde, Pakhshan Azizi et Warisha Moradi, risquent d’être exécutées de manière imminente en Iran, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

Le 8 janvier 2025, la Cour suprême iranienne a confirmé la condamnation à mort de Pakhshan Azizi, accusée d’appartenance au Parti pour une vie libre du Kurdistan (PJAK) et de « rébellion armée contre l’État » liés à des efforts pour faire avancer les objectifs de groupes opposés à l’État. Plus tard le même jour, Amir Raesian, l’avocat de Pakhshan Azizi, a déclaré dans un entretien avec Shargh Daily que la 39e chambre de la Cour suprême avait confirmé cette condamnation sans tenir compte des nombreuses failles du dossier citées dans l’appel. En novembre 2024, le Tribunal révolutionnaire iranien de Téhéran avait également condamné à mort Warisha Moradi, une autre prisonnière kurde, pareillement accusée de « rébellion armée contre l’État », selon le Réseau des droits humains du Kurdistan (Kurdistan Human Rights Network).

« Les autorités iraniennes utilisent la peine de mort comme une arme pour écraser la dissidence, en ciblant de manière disproportionnée les activistes politiques et les minorités ethniques dans un effort délibéré pour instiller la peur », a déclaré Nahid Naghshbandi, chercheuse par intérim sur l’Iran à Human Rights Watch.

Les autorités avaient arrêté Pakhshan Azizi, originaire de Mahabad, à Téhéran le 4 août 2023, ainsi que son père, Aziz Azizi, sa sœur Pershang Azizi et sa belle-sœur Hossein Abbasi. Les proches de Pakhshan Azizi ont été libérés sous caution au bout de deux semaines. Les autorités ont refusé à Pakhshan Azizi l’accès à un avocat et les visites familiales pendant quatre mois. La 26e chambre du Tribunal révolutionnaire de Téhéran l’a condamnée à mort le 23 juillet 2024, pour « rébellion armée contre l’État » et « appartenance présumée à des groupes d’opposition ».

La confirmation de la peine de mort prononcée contre Pakhshan Azizi a suscité une attention considérable et une vague de protestation en Iran. Plus de 3 400 artistes, écrivains, journalistes, activistes politiques et civils et autres citoyens ont signé une déclaration exprimant leur ferme opposition à cette décision. Cette déclaration soulignait qu’aucune société ne pouvait obtenir justice par le biais d’exécutions, et que la peine de mort n’avait pas sa place dans la quête de l’équité. Des personnalités éminentes telles qu’Atena Daemi, militante des droits humains, Jafar Panahi, réalisateur iranien, et Esmail Bakhshi, activiste iranien, ont fait partie des personnes qui ont dénoncé cette décision en tant qu’acte d’oppression.

Warisha Moradi est membre de la Société des femmes libres du Kurdistan oriental. Les forces de sécurité l’ont arrêtée dans la ville de Sanandaj, dans la province du Kurdistan, en août 2023. Elle a ensuite été transférée à la prison d'Evin, où elle a été maintenue à l'isolement pendant cinq mois et torturée, a rapporté le Centre pour les droits de l'homme en Iran.

Le Réseau des droits humains du Kurdistan a rapporté que les autorités ne lui ont pas permis de se défendre et que le juge président n’a pas permis à ses avocats de présenter une défense.

Le 7 janvier, la Cour suprême de Téhéran a également confirmé les condamnations à mort de Behrouz Ehsani Eslamlou et Mehdi Hasani, tous deux détenus à la prison d’Evin pour « rébellion armée contre l’État », « guerre contre Dieu », « corruption sur Terre » et « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale », selon l’agence de presse Human Rights Activist News Agency.

Behrouz Ehsani Eslamlou, un activiste politique, a été arrêté le 28 novembre 2022 par les forces de sécurité à Téhéran, après avoir rejoint dans cette ville l’une des manifestations tenues à travers le pays en 2022. Il a été accusé d’appartenir à l’Organisation des Moudjahidine du peuple (MEK), selon BBC Persian. Les forces de sécurité ont arrêté Mehdi Hasani à Zanjan le 9 septembre 2022, l’accusant aussi d’appartenir à l’organisation MEK.

En 2024, les autorités iraniennes ont exécuté au moins 901 personnes, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), qui a noté une hausse du nombre de femmes exécutées. La plupart des exécutions en 2024 concernaient des infractions liées au trafic drogue, mais des dissidents et des individus ayant participé aux manifestations de 2022 ont également été exécutés.

« La communauté internationale devrait exercer une pression ferme sur l’Iran pour que ce pays mette fin à toutes les exécutions, en particulier dans le cas de personnes détenues pour des activités politiques, comme Pakhshan Azizi et Warisha Moradi », a conclu Nahid Naghshbandi.

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