Ces derniers jours, selon les médias et d’autres sources, les forces de sécurité israéliennes opérant en Cisjordanie ont empêché des professionnels de santé d’accéder aux personnes dans le besoin, ont rendu des routes infranchissables, et ont mené des frappes aériennes et des attaques utilisant des drones qui ont tué des dizaines de Palestiniens, dont des enfants. Ces actions cumulatives représentent une escalade inquiétante de l’usage de la force par Israël en Cisjordanie.
Des responsables israéliens ont décrit ces actions comme faisant partie d’une opération antiterroriste, mais le ministre des Affaires étrangères Israël Katz est allé plus loin, affirmant qu’Israël « doit faire face à la menace [en Cisjordanie] de la même manière que nous traitons l’infrastructure terroriste à Gaza, y compris via l’évacuation temporaire des résidents palestiniens ».
Cette escalade s’inscrit dans le contexte d’une occupation militaire qui dure depuis des décennies, au cours de laquelle le gouvernement israélien a approuvé et financé la croissance des colonies illégales, et a cautionné la violence des colons contre les Palestiniens, y compris en leur fournissant des armes. En juillet dernier, la Cour internationale de justice a jugé qu’Israël commettait le crime d’apartheid, et a ordonné à Israël de procéder à l’évacuation de tous les colons hors de Cisjordanie, et hors de Jérusalem-Est. Mais c’est l’inverse qui se produit. Depuis octobre 2023, plus de 5 000 Palestiniens de Cisjordanie ont été déplacés par les démolitions menées par l’armée israélienne, ou par la violence des colons.
Même dans le contexte de l’occupation, le droit international des droits humains s’applique à la conduite d’Israël envers les Palestiniens de Cisjordanie. Si les combats en Cisjordanie atteignaient le niveau d’un conflit armé, le droit international humanitaire relatif aux méthodes et moyens de guerre pourrait y devenir applicable. Mais ce n’est pas le cas actuellement. Par conséquent, les forces israéliennes doivent se conformer aux règles juridiques régissant l’application de la loi, qui n’autorisent le recours à la force létale que dans des circonstances très limitées, et uniquement lorsque des moyens moins extrêmes ne suffisent pas à atteindre ces objectifs.
Cependant, les Nations Unies ont récemment constaté qu’Israël recourt de plus en plus à des « tactiques de guerre létales ». Après des années sans frappes aériennes en Cisjordanie, l’ONU a indiqué que des frappes aériennes israéliennes y ont tué 95 Palestiniens depuis le début de l’année, dont 41 rien qu’en août. Tout recours intentionnel à la force meurtrière, qui n’est pas strictement nécessaire pour prévenir une menace imminente à la vie, est inapproprié en tant qu’outil de maintien de l’ordre. Selon l’ONU, des frappes aériennes israéliennes menées contre des camps de réfugiés ont tué plusieurs enfants, ainsi qu’un homme qui préparait du lait pour son enfant dans sa cuisine.
Les gouvernements comme celui des États-Unis, qui se sont engagés à mener des « évaluations des risques d’atrocités » face à l’escalade de la violence, devraient réagir aux signes avant-coureurs en Cisjordanie, et mobiliser d’autres gouvernements pour qu’ils réagissent également.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, ainsi que le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, ont exprimé publiquement leur inquiétude face à la dernière escalade de la violence, ce qui est un début. Les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada, ainsi que l’Union européenne, ont déjà sanctionné certains colons israéliens. Des sanctions devraient aussi être imposées aux ministres responsables de l’usage illégal de la force meurtrière en Cisjordanie, y compris le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui a distribué des armes aux colons, et aurait ordonné à la police de ne pas appliquer les lois dans des incidents de violences commises par des colons.
Depuis des mois, les yeux du monde sont tournés vers Gaza, mais il faut également prévenir les atrocités en Cisjordanie.
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