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Un centre d'accueil de migrants (à gauche) mis en place dans le port de Shengjin, ville côtière du nord-ouest de l'Albanie,  située au bord de la mer Adriatique. Photo prise le 5 juin 2024. © 2024 Vlasov Sulaj/AP Photo

Commençons par l'essentiel : tout le monde a le droit de demander l'asile dans un autre pays. 

Cela ne signifie pas que chacun peut vivre où bon lui semble. Non. Cela signifie que vous avez le droit de demander l'asile et que les autorités doivent examiner votre cas individuel et vous traiter humainement pendant cet examen. Cette obligation est inscrite dans les traités internationaux sur les droits humains et les réfugiés et dans la Charte des droits fondamentaux de l'UE.

Ces dernières années, il semble que de nombreux hommes et femmes politiques de l'Union européenne aient oublié ce point fondamental et l'obligation des autorités de faire respecter ces droits. Toutefois, avec l'arrivée prochaine d'un nouveau leadership européen, l'occasion se présente de repenser les choses et de revenir à l'essentiel.

Les dirigeants européens ont mis en place des politiques vraiment terribles ces dernières années. Nos lecteurs réguliers se souviendront de ce qui s'apparente à une approche du "laissez-les mourir" à l'égard des bateaux de réfugiés en Méditerranée. Les autorités de pays de l'UE comme la Grèce et la Pologne ont traité les travailleurs humanitaires comme des criminels lorsqu'ils cherchaient à aider des demandeurs d'asile désespérés. 

En Croatie, pays membre de l'UE, les autorités ont brutalisé physiquement des demandeurs d'asile à la frontière avec des méthodes si horribles qu'elles violent l'interdiction internationale de la torture - pendant que l'UE se contentait de détourner le regard.

Une autre approche abusive à laquelle les gouvernements de l'UE ont de plus en plus recours est ce que l'on appelle l'"externalisation", la "sous-traitance" ou la "délocalisation" vers des pays tiers, c'est-à-dire l'envoi des demandeurs d'asile dans des pays extérieurs à l'UE pour que leurs demandes soient examinées. Les autorités négligent leurs obligations légales et paient d'autres pays pour qu'ils fassent le travail à leur place. 

Les États membres de l'UE ne sont pas les seuls à agir de la sorte. Rappelons les échecs abusifs et coûteux de l'Australie en matière de "délocalisation" et les tentatives cruelles et coûteuses du Royaume-Uni d'envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda

Au sein de l'UE, au moins 15 États membres ont approuvé de telles mesures visant à transférer le traitement des demandes d'asile en dehors du territoire de l'UE. L'accord douteux conclu par l'Italie avec l'Albanie en est un exemple frappant. Ce programme de 700 millions d'euros bafoue les droits des demandeurs d'asile, qui risquent de se retrouver en détention prolongée et dans une situation de vide juridique. 

Cependant, nous nous trouvons aujourd'hui - espérons-le - à un moment de changement possible pour l'UE. Avec les récentes élections européennes et la formation d'une nouvelle Commission européenne (même si elle comprendra quelques anciens visages), une nouvelle occasion se présente de repenser toutes ces politiques et de faire en sorte que l'UE et ses pays membres travaillent dans le respect des limites légales et morales. 

Une nouvelle déclaration de 95 organisations humanitaires et de droits humains attire l'attention sur l'"externalisation" en particulier. Elle rappelle aux dirigeants européens que le transfert des demandeurs d'asile vers des pays extérieurs à l'UE est incompatible avec leurs obligations juridiques internationales et européennes.

Espérons que les dirigeants européens profiteront de cette occasion pour revenir à l'essentiel en matière d'asile et s'engager à respecter les droits fondamentaux.

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