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Un homme demandant l'asile aux États-Unis utilise son téléphone pour accéder à l'application CBP One des douanes et de la protection des frontières pour demander un rendez-vous à un point d'entrée terrestre aux États-Unis, à l'extérieur d'un refuge à Ciudad Juarez, au Mexique, le 12 janvier 2023. © 2023 REUTERS/Jose Luis Gonzalez

L'agence américaine des douanes et de la protection des frontières (Customs and Border Protection Agency - CBP) a créé une application mobile appelée « CBP One ». Elle est censée être « un portail unique vers une variété de services du CBP ».

L'un de ces « services » consiste à organiser des rendez-vous pour les demandeurs d'asile aux États-Unis. Et elle fait très mal son boulot.

Rappelons les principes de base. Toute personne a le droit de demander l'asile dans un autre pays. Cela ne veut pas dire, comme le laissent entendre les propagateurs de haine sur les chaînes de télévision américaines, que n'importe qui peut vivre où il veut. Non. Cela signifie que vous avez le droit de demander l'asile et que les autorités doivent examiner votre cas individuel et vous traiter humainement pendant l’étude de votre demande.

La législation américaine garantit ce droit, qui est également affirmé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Cependant, depuis des décennies, les administrations américaines successives - tant républicaines que démocrates - ont restreint l'accès à l'asile. Dans un sens, l'application CBP One, inaugurée sous Trump et étendue sous Biden, ne semble être que la continuité high-tech d’une tendance bipartisane de longue date.

L'utilisation de CBP One est pratiquement obligatoire pour les demandeurs d'asile aux États-Unis. Mais elle est peu pratique à utiliser et il faut évidemment disposer d'un téléphone portable. Or, ce n'est pas le cas de tous les demandeurs d'asile potentiels, soit parce qu'ils ont tout perdu en fuyant un danger quelconque, soit parce qu'ils se sont fait voler leur téléphone par des criminels ou des fonctionnaires mexicains en cours de route.

Plus important encore, le système du CBP n'offre pas suffisamment de rendez-vous par le biais de l'application pour répondre à la demande. Un nouveau rapport détaille toutes ces défaillances, et les commentaires des utilisateurs de l'application sur Google et Apple sont une liste interminable de frustrations quant aux fonctionnalités et de messages de désespoir face aux retards. Les demandeurs d'asile notent l'application une étoile sur cinq, simplement parce qu’il n’y a pas l’option de mettre zéro.

Ce qui se passe ici, c'est ce qu'on appelle le « metering » (un système de comptage), c'est-à-dire la limitation stricte du nombre de personnes autorisées à demander l'asile chaque jour. D'une certaine manière, là encore, ce n'est pas nouveau : les États-Unis ont commencé à faire du « metering » par d'autres moyens sous Obama, et la pratique a été officialisée sous Trump. Depuis 2017, des contestations juridiques ont été lancées contre le  « metering », considéré comme une violation du droit américain et international.

Le problème créé par le « metering » - maintenant avec un « compteur digital » via l'application CBP One - est que des dizaines de milliers de personnes demandant l'asile aux États-Unis ont été forcées d'attendre au Mexique. Elles y restent souvent plusieurs mois, exposées à de graves dangers tels que des viols, enlèvements, tortures et meurtres.

Si je devais noter l'application CBP One, je dirais : application horrible, zéro étoile.

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