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Le message "Mon corps, mon choix" est projeté sur la Tour Eiffel le 4 mars 2024. © 2024 Dimitar Dilkoff/AFP via Getty Images

La France a écrit une page d'histoire ce lundi. Elle est devenue le premier pays à ajouter à sa constitution la reconnaissance explicite de la liberté de recourir à l’avortement.

D'une part, il s'agit évidemment d'une formidable victoire pour les droits humains. Même si l'avortement est légal en France depuis 1975, l’adoption par une écrasante majorité du Parlement français de la révision constitutionnelle l'a confirmé comme un droit à un niveau plus fondamental.

D'autre part, et tout aussi évidemment, cela pose la question suivante : comment se fait-il qu'en 2024, on débatte encore du droit d'une personne à disposer de son propre corps ? Cela va de soi qu'une personne devrait être libre de décider des questions relatives à sa propre santé.

Ainsi, si la mesure prise par la France est bien sûr bienvenue, elle nous rappelle à quel point de nombreux pays sont en retard sur les droits humains, même sur un droit aussi clair que celui de ne pas laisser l'État s'immiscer dans notre corps.

Dans certains pays, les choses régressent. L'annulation par la Cour suprême des États-Unis en 2022, de la décision Roe v. Wade, qui protégeait constitutionnellement le droit à l'avortement pour des raisons de protection de la vie privée, a ouvert les vannes. L'avortement est désormais limité dans 21 États américains et 14 d'entre eux ont pris des mesures pour criminaliser les prestataires de soins de santé qui pratiquent des avortements.

Comme pour de nombreux mouvements politiques visant à accroître le pouvoir de l'État au détriment des droits individuels, les abus se multiplient jusqu'à l'absurde. Dans l'État américain de l'Alabama, par exemple, la Cour suprême de l'État a statué que les embryons congelés avaient le statut juridique d'"enfants".  En même temps, la loi de l'Alabama autorise les châtiment corporels contre les enfants - de vrais enfants - dans les écoles.

Mais ne croyez pas non plus que la France soit devenue parfaite.

La nouvelle protection en matière d’accès à l'avortement est une victoire, mais dans d'autres domaines des droits des femmes, le gouvernement français ne donne pas un exemple brillant. Comme le constate ma collègue Hillary Margolis, le pays ne prend pas assez de mesures pour prévenir la violence à l'égard des femmes, à protéger les victimes et à faire en sorte que les auteurs de ces actes soient tenus pour responsables. Jusqu'à présent, la France a enregistré 31 féminicides en 2024.

La France a également activement restreint la tenue vestimentaire des femmes et des filles, en interdisant le voile intégral dans les lieux publics et le voile dans les écoles et pour les athlètes, y compris dans les compétitions nationales et internationales. Vous avez donc le droit de décider de ce que vous faites de votre corps, mais pas de ce que vous portez ? Tout cela a un impact disproportionné sur les femmes et les filles musulmanes, bien sûr.

Bien sûr, la confirmation du droit à l'avortement en France est une bonne nouvelle. Non seulement elle renforce les droits des personnes en France, mais elle envoie également un message important au niveau international après les attaques contre le recours à l'avortement et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive dans d'autres pays.

Mais cela nous rappelle aussi qu'il reste beaucoup à faire partout, y compris en France.

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