Les nouveaux efforts déployés par les autorités pakistanaises pour « convaincre » les Afghans de retourner en Afghanistan peuvent se résumer en un mot : abus.
La police et d'autres fonctionnaires ont procédé à des détentions massives, à des raids nocturnes et à des passages à tabac contre des Afghans. Ils ont saisi des biens et du bétail et détruit des maisons au bulldozer. Ils ont également exigé des pots-de-vin, confisqué des bijoux et détruit des documents d'identité. La police pakistanaise a parfois harcelé sexuellement des femmes et des filles afghanes et les a menacées d'agression sexuelle.
Cette vague de violence vise à pousser les réfugiés et les demandeurs d'asile afghans à quitter le Pakistan. Les déportations que nous avons précédemment évoquées ici sont maintenant plus nombreuses – quelque 20 000 personnes ont été déportées depuis la mi-septembre. Les menaces et les abus en ont chassé bien plus : environ 355 000.
Tout cela est en totale contradiction avec les obligations internationales du Pakistan de ne pas renvoyer de force des personnes vers des pays où elles risquent clairement d'être torturées ou persécutées.
Parmi les personnes expulsées ou contraintes de partir figurent des personnes qui risqueraient d'être persécutées en Afghanistan, notamment des femmes et des filles, des défenseurs des droits humains, des journalistes et d'anciens fonctionnaires qui ont fui l'Afghanistan après la prise de pouvoir par les talibans en août 2021.
Certaines des personnes menacées s'étaient vu promettre une réinstallation aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne et au Canada, mais les procédures de réinstallation n'avancent pas assez vite. Ces gouvernements doivent agir.
L'arrivée de centaines de milliers de personnes en Afghanistan « ne pouvait pas arriver à un pire moment », comme l'a déclaré le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Le pays est confronté à une crise économique durable qui a laissé les deux tiers de la population dans le besoin d'une assistance humanitaire. Et maintenant, l'hiver s'installe.
Les nouveaux arrivants n'ont presque rien, car les autorités pakistanaises ont interdit aux Afghans de retirer plus de 50 000 roupies pakistanaises (175 dollars) chacun. Les agences humanitaires ont fait état de pénuries de tentes et d'autres services de base pour les nouveaux arrivants.
Forcer des personnes à vivre dans des conditions qui mettent leur vie en danger en Afghanistan est inadmissible. Les autorités pakistanaises ont déclenché une vague d'abus et mis en danger des centaines de milliers de personnes. Elles doivent faire marche arrière. Rapidement.