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Nigeria : La fermeture des camps de personnes déplacées aggrave leur souffrance

Des milliers de personnes déplacées par le conflit avec Boko Haram sont privées de logement et de nourriture

Une femme qui vivait dans le camp de Bakassi pour personnes déplacées à Maiduguri dans l'État de Borno, au Nigeria, transportait ses affaires et se dirigeait vers la sortie le 30 novembre 2021. La fermeture de ce camp, parmi d’autres, avait précédemment été annoncée par le gouvernement de cet État. © 2021 Audu Marte / AFP via Getty Images

(Abuja, le 2 novembre 2022) – Au Nigeria, la décision du gouvernement de l'État de Borno de fermer des camps abritant plus de 200 000 personnes déplacées par le conflit avec Boko Haram a aggravé leurs souffrances et conditions de pauvreté, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd'hui. Le gouvernement n'a pas fourni d’alternatives adéquates aux personnes expulsées des camps, en violation de leurs droits au logement, à la nourriture et a des moyens de subsistance.

Le rapport de 59 pages, intitulé «‘Those Who Returned Are Suffering’: Impact of Camp Shutdowns on People Displaced by the Boko Haram Conflict in Nigeria »  (« Ceux qui sont revenus souffrent : Impact des fermetures de camps sur les personnes déplacées par le conflit avec Boko Haram au Nigeria »), décrit l'effet de ces mesures qui ont interrompu l'aide alimentaire aux personnes déplacées et les ont obligées à quitter les camps. Les autorités n'ont pas fourni d'informations adéquates ni d'alternatives durables pour assurer leur sécurité et leur bien-être. En conséquence, les personnes déplacées ont du mal à satisfaire leurs besoins les plus élémentaires, notamment l’accès à la nourriture et à un abri dans les lieux où elles sont retournées, ou où elles se sont réinstallées.

« Le gouvernement de l'État de Borno fait du tort à des centaines de milliers de personnes déplacées qui vivent déjà dans des conditions précaires, en voulant imposer un programme de développement douteux visant à sevrer les gens de l'aide humanitaire », a déclaré Anietie Ewang, chercheuse sur le Nigeria à Human Rights Watch et auteure du rapport. « En forçant les gens à quitter les camps sans créer d'alternatives viables pour les soutenir, le gouvernement aggrave leurs souffrances etleur vulnérabilité. »

De mai 2021 à août 2022, les autorités de l'État de Borno ont contraint plus de 140 000 personnes à évacuer huit camps situés dans la capitale de cet État, Maiduguri. Deux autres camps abritant au total près de 74 000 personnes – Muna Badawi et 400 Housing Estate (Gubio) Camp – devraient également être fermés cette année,

Entre avril et septembre 2022, Human Rights Watch a mené des entretiens avec 22 personnes déplacées à l’intérieur du pays : 14 personnes ayant dû quitter le camp de Bakassi, qui a été fermé en novembre 2021, et huit personnes vivant dans les camps Dalori I et Gubio. Les personnes ayant quitté le camp de Bakassi ont cherché refuge dans leur communautés d'origine, à Maiduguri et à Bama. Human Rights Watch a également mené des entretiens avec des responsables de la gestion des camps, des représentants d'agences humanitaires internationales et des responsables des Nations Unies coordonnant l'aide dans l'État de Borno.

L'aide alimentaire aux camps a été suspendue peu de temps après l’annonce en octobre 2021 par Babagana Umaru Zulum, le gouverneur de l'État de Borno, que tous les camps de Maiduguri seraient fermés d'ici décembre 2021. Bien que plusieurs camps soient restés ouverts au-delà de cette date, des organisations telles que le Programme alimentaire mondial des Nations Unies n'ont pas pu poursuivre leur soutien de manière adéquate, en raison de déficits de financement.

Bien que l'Autorité de gestion des urgences de l'État de Borno ait assuré une distribution de nourriture durant certaines périodes, les livraisons ont été sporadiques et n’ont pas suffi à répondre aux besoins. De nombreuses personnes ont déclaré avoir été obligées d’éviter des repas ou de passer des jours sans pouvoir s’alimenter de manière substantielle ou nutritive.

De nombreux enfants ont eu recours à la mendicité dans les rues pour survivre malgré les dangers des accidents de la route, des enlèvements, de la traite et des violences sexuelles.

Les personnes touchées par les fermetures de camps vivent dans des logements pires que ceux qu'elles avaient dans les camps. Dans les camps, de nombreuses personne vivaient dans des tentes en bâche installées par des organisations humanitaires, ou dans des chambres de maisons construites sur les sites avant leur conversion en camps. Mais les structures à l'extérieur des camps vues par Human Rights Watch étaient de piètre qualité, offrant peu d'abri contre la pluie. Les structures de fortune en chaume de Maiduguri et de Bama ne comportaient pas d’installations sanitaires, les personnes y vivant devant utiliser des latrines à fosse à l’extérieur.

Les autorités de l'État de Borno affirment avoir reconstruit les maisons qui avaient détruites lors du conflit avec Boko Haram dans des villes comme Bama. Mais les personnes qui y sont retournées ont déclaré que leurs maisons n'avaient pas été reconstruites.

Human Rights Watch a exhorté l'ONU, en particulier ses représentants au Nigeria, à réagir plus activement et plus efficacement pour prévenir et atténuer les dommages causés aux personnes déplacées dans l'État de Borno. Les autorités de cet État nigérian devraient suspendre la fermeture des camps restants jusqu'à ce que des plans adéquats soient établis, en consultation avec les résidents des camps et d'autres acteurs clés.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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