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Mali : Massacre perpétré par l’armée et des soldats étrangers

300 civils et suspects auraient été tués ; une enquête indépendante et crédible doit être ouverte

© 2022 John Emerson pour Human Rights Watch

(Nairobi) - Les forces armées maliennes et des soldats étrangers alliés auraient exécuté sommairement environ 300 hommes civils, dont certains soupçonnés d’être des combattants islamistes, dans la ville de Moura, dans le centre du Mali, fin mars 2022, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ces hommes faisaient partie d’un groupe de personnes arrêtées suite à une opération militaire lancée le 27 mars. Cet incident constitue la pire atrocité de ce type signalée au Mali au cours du conflit armé qui dure depuis dix ans.

Les enquêtes de Human Rights Watch ont révélé que pendant plusieurs jours, fin mars, les forces de l’armée malienne et des soldats étrangers – identifiés par plusieurs sources comme étant des Russes – ont exécuté par petits groupes des centaines de personnes arrêtées à Moura. Le 1er avril, un communiqué du ministère malien de la Défense a annoncé que, du 23 au 31 mars, l’armée avait tué 203 « terroristes » et en avait arrêté 51 autres. Le communiqué précise que l’armée a agi sur la base de renseignements suggérant que des islamistes armés préparaient une « rencontre entre différents Katibats [bataillons] » à Moura.

« Les abus commis par les groupes islamistes armés ne justifient en aucun cas le massacre délibéré par l’armée de personnes capturées », a déclaré Corinne Dufka, directrice pour le Sahel à Human Rights Watch. Le gouvernement malien a la responsabilité d’enquêter sur cette atrocité, la plus grave commise au Mali depuis dix ans, qu’elle soit le fait des forces maliennes ou de soldats étrangers alliés. »

Human Rights Watch s’est entretenu avec 27 personnes ayant connaissance de ces meurtres, notamment des témoins et des commerçants de la région de Moura, des chefs communautaires, des diplomates étrangers et des experts en sécurité. Moura est une localité d’environ 10 000 habitants située dans la zone administrative de Djenné, dans le centre du Mali, qui est depuis 2015 l’épicentre des violences, d’abus et de déplacements liés au conflit.

Un habitant qui a été témoin de nombreuses exécutions avant d’être libéré par des soldats le 31 mars a indiqué : « Je vivais dans la terreur, chaque minute, chaque seconde, en pensant que ce serait mon tour d’être emmené puis exécuté. Même quand on m’a dit de partir, j’ai eu peur que ce soit un piège. Tandis que je m’éloignais, lentement, je gardais ma main sur ma poitrine, en retenant ma respiration et en attendant qu’une balle me traverse le corps. »

Ces meurtres surviennent dans un contexte de recrudescence dramatique du nombre d’exécutions illégales de civils et de suspects depuis fin 2021 par des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS), ainsi que par les forces de sécurité maliennes. Des islamistes armés ont également tué des dizaines de membres des forces de sécurité depuis le début de l’année 2022.

Human Rights Watch enquête séparément sur le meurtre présumé, au mois de mars, de plusieurs centaines de civils au cours de plusieurs semaines par des forces présumées de l’EIGS dans la région de Menaka au Mali.

Depuis le mois de janvier, des habitants ont décrit à Human Rights Watch la présence de dizaines d’hommes armés blancs non francophones, participant à des opérations militaires dans et autour des villes du centre du Mali, notamment à Sofara, Ségou, Mopti, Diabaly et Belidanédji. Ces habitants ont déclaré qu’ils pensaient que ces soldats étaient des Russes, notamment parce que le gouvernement de transition du Mali a déclaré en décembre 2021 que des « formateurs russes » se trouvaient au Mali dans le cadre d’un accord bilatéral avec la Russie.

La grande majorité des personnes tués par l’armée malienne et par des forces alliées lors de l’opération à Moura étaient des hommes de l’ethnie pastorale peule. Les groupes islamistes armés ont concentré leurs efforts de recrutement sur ce groupe en exploitant les griefs qu’ils nourrissent envers le gouvernement et les autres groupes ethniques. Tous les survivants et les témoins ont déclaré que des membres de l’armée malienne et des « soldats blancs » avaient tué ces hommes.

Les villageois ont déclaré que Moura était sous le contrôle quasi-total de combattants islamistes liés à AQMI qui prélevaient régulièrement des taxes (« zakat ») sur les villageois, menaçaient les civils qui refusent d’adhérer à leur strict code de conduite et imposaient la charia (loi islamique) devant des tribunaux qui ne respectaient pas les normes de procès équitable.

Toutes les parties au conflit armé au Mali, y compris les combattants étrangers, sont tenues de respecter le droit international humanitaire, ou lois de la guerre. Le droit applicable inclut l’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949 et le droit international coutumier. L’article 3 commun aux Conventions de Genève de 1949 interdit les abus contre « les personnes qui ne participent pas directement aux hostilités, » notamment les combattants capturés et les civils détenus, tels que « les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, notamment le meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices. » Le meurtre délibéré ou tout autre abus d’une personne en détention est un crime de guerre. Les commandants dont les forces commettent des crimes de guerre qui ne sont pas empêchés ou restent impunis peuvent être pénalement responsables au titre de la responsabilité hiérarchique.

« Le gouvernement malien devrait enquêter de toute urgence et de manière impartiale sur ces massacres, y compris sur le rôle des soldats étrangers », a déclaré Corinne Dufka. « Pour que ces enquêtes soient réellement indépendantes et crédibles, les autorités devraient solliciter l’assistance de l’Union africaine et des Nations Unies. »

Pour lire des témoignages détaillés sur les attaques, veuillez voir ci-dessous. Les noms des personnes interrogées n’ont pas été divulgués afin de protéger leur identité.


Opération militaire à Moura

Dix-neuf témoins, notamment des habitants de Moura et de six autres villages, ont indiqué à Human Rights Watch que le 27 mars vers 10 heures du matin, des soldats étaient arrivés par hélicoptère près du marché aux animaux de Moura et avaient échangé des coups de feu pendant environ 15 minutes avec une trentaine de combattants islamistes armés, que les villageois ont identifiés grâce à leurs vêtements. Les commerçants du marché et des sources de sécurité ont déclaré que plusieurs combattants islamistes, quelques civils et deux soldats étrangers ont été tués au cours de cet échange de tirs et d’un autre qui a eu lieu le même jour.

Un commerçant a expliqué :

Les djihadistes [islamistes armés] achetaient et vendaient sur le marché et quand l’hélicoptère est arrivé, les djihadistes ont commencé à tirer et l’armée a riposté. C’était la panique et tout le monde a fui pour se mettre à l’abri. Les villageois et les commerçants ont essayé de fuir Moura, mais à ce moment-là, plusieurs hélicoptères s’étaient posés et il y avait des soldats partout. Un autre hélicoptère a survolé le village en tirant sur ceux qui essayaient de s’enfuir. Tous les commerçants qui étaient venus au marché étaient bouclés dans le village.

Des témoins ont déclaré qu’au cours des heures qui ont suivi, des soldats blancs et dans une moindre mesure, des soldats maliens arrivés par hélicoptère, dont certains avec des parachutes, se sont déployés dans toute la ville en bloquant les sorties. Ils ont décrit que les hélicoptères étaient revenus au moins une fois pour amener des troupes supplémentaires.

Selon plusieurs sources sécuritaires qui ont parlé à Human Rights Watch, l’opération a mobilisé plus de 100 soldats russes et de nombreux autres soldats maliens. Des témoins ont dit que les soldats étrangers semblaient être plus nombreux pendant les deux premiers jours de l’opération.

Après avoir encerclé la zone, les soldats ont patrouillé dans la ville, exécutant plusieurs hommes qui tentaient de fuir et arrêtant des centaines d’hommes non armés sur le marché et dans leurs maisons. Parmi les hommes arrêtés figuraient des habitants de Moura, des commerçants des hameaux, villages et villes environnants venus pour le marché hebdomadaire du dimanche, ainsi que des certains combattants islamistes connus, qui avaient caché leurs armes à feu et tenté de se fondre dans la population, selon des témoins.

Les forces gouvernementales ont emmené les hommes qu’ils avaient arrêtés dans une zone située à l’est de la ville, ont confisqué leurs téléphones et les ont divisés en trois groupes distincts au moins. Elles ont ordonné aux détenus de s’allonger au soleil. Les soldats les ont forcés à rester allongés jusqu’à 11 heures du matin environ le 31 mars. Pendant ce temps, les soldats ont fouillé la ville et, selon plusieurs habitants, ont confisqué plusieurs armes à feu. Ils auraient également volé des bijoux, de l’argent et d’autres objets dans certaines habitations et auraient aussi brûlé des dizaines de motos.

Exécutions de masse

Pendant quatre jours, les soldats ont ordonné aux hommes qu’ils avaient arrêtés de se lever par groupes de 4, 6 et jusqu’à 10 hommes, et de marcher sur une distance comprise entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines de mètres. Là, les soldats maliens et étrangers les ont sommairement exécutés. Selon les témoins, certaines victimes ont reçu une balle dans la tête, tandis que d’autres groupes d’hommes ont été « arrosés de balles ». Selon un habitant, « les tirs ont résonné dans notre village du lundi au jeudi ».

Un commerçant venu acheter du bétail à Moura depuis un village voisin le 27 mars a expliqué :

Des hommes blancs parlant une langue bizarre se sont déployés dans toute la ville. J’ai voulu fuir, mais j’avais peur d’être abattu par l’hélicoptère qui nous survolait. Les hommes blancs m’ont arrêté puis emmené dans un endroit près des dunes de sable où se trouvaient des centaines d’autres personnes. Un soldat malien n’arrêtait pas de dire : « Vous nous tuez la nuit, et le jour, vous vous faites passer pour des civils. » Chaque nuit, des gens étaient emmenés dehors et abattus. Le mercredi [30 mars], ils ont emmené 10 hommes, dont l’ami avec lequel j’étais venu au marché. Je n’osais pas regarder... Je craignais d’être choisi moi aussi si je les regardais. La plupart des meurtres ont été commis pendant la nuit et j’entendais des gens chuchoter : « Mon Dieu, ils viennent d’emmener Hamidou ou Hassan pour les exécuter. »

Des témoins ont fourni différentes explications sur la façon dont les soldats choisissaient les détenus pour les exécuter. Plusieurs pensent que le choix se faisait en fonction des vêtements que portait le détenu. Un témoin a indiqué : « Certains parmi ceux qu’ils ont tués étaient peut-être vraiment des djihadistes, mais beaucoup d’autres ont été tués simplement parce qu’ils avaient été forcés par ces mêmes djihadistes à couper leurs pantalons et à se laisser pousser la barbe. » D’autres ont déclaré que c’était sur la base de leur appartenance ethnique que les personnes étaient choisies. « Les soldats semblaient cibler les Peuls et laisser les autres partir », a déclaré un villageois. D’autres témoins ont émis l’hypothèse que l’armée avait peut-être des informateurs chargés d’identifier les villageois qui étaient des islamistes armés ou qui les soutenaient.

Un témoin arrêté avec un groupe d’environ 50 détenus appartenant à différents groupes ethniques a décrit comment en deux jours il avait vu 17 hommes être emmenés à une distance d’environ 200 mètres pour être exécutés. « Ils en ont supprimé cinq, puis cinq encore et ensuite sept. Tous ceux qui ont été tués étaient des Peuls », a-t-il indiqué.

Un autre homme a expliqué :

Je faisais partie d’un groupe de 200 hommes réunis au même endroit et détenus sous un soleil de plomb pendant trois jours. Lundi [28 mars] vers 23 heures, quatre blancs et un soldat malien ont ordonné à neuf hommes de se lever... En les désignant un par un, ils ont dit, en bambara : « Vous, levez-vous... Vous, levez-vous. » Ils leur ont donné l’ordre de marcher sur quelques centaines de mètres. Et puis, Pa ! Pa ! Pa ! Je n’ai pas pu voir qui les a exécutés, mais nous avons vu leurs corps mardi, après le lever du jour. Le mardi soir, même chose : cette fois, ils ont emmené 13 personnes un peu plus loin. Et une fois encore le mercredi.

Un commerçant qui était venu au marché de Moura depuis un village voisin a raconté avoir été témoin de l’exécution de 19 hommes, dont deux de ses frères, sur une période de quatre jours, par des soldats blancs qu’il croyait être russes, en raison des informations diffusées à la radio et entendues autour de lui sur la présence de troupes étrangères au Mali :

Mes deux frères et moi étions chez un ami, nous prenions le thé en attendant le début du marché quand nous avons entendu des coups de feu. Sept Russes se sont approchés en nous faisant signe de nous lever. Il n’y avait pas de soldats maliens avec eux. Ils nous ont fouillés, nous et la maison, puis ils nous ont emmenés à l’est du village, près de la rivière, où nous avons retrouvé une centaine d’autres hommes.

Quelques heures plus tard, une dizaine d’autres Russes et un interprète de l’armée malienne nous ont demandé si nous savions pourquoi nous avions été arrêtés. Ils nous ont sermonnés sur le fait que tous les habitants de cette zone, tous les membres de la communauté peule, avaient embrassé la cause djihadiste. Un autre groupe de Russes a pointé du doigt mes frères et un autre homme. Je pensais qu’ils allaient les interroger. Ils les ont emmenés plusieurs mètres plus loin et les ont exécutés à bout portant. Les jours suivants, j’en ai vu d’autres, par groupes de deux ou trois, tués de la même façon... dix-neuf au total.

De nombreux autres hommes ont été tués au village, notamment ceux qui avaient refusé un « ordre », diffusé de bouche à oreille, de se présenter sur le site où les autres hommes étaient déjà détenus.

Un habitant a expliqué :

Dimanche [27 mars] vers 11 heures, trois soldats blancs m’ont arrêté à mon domicile et m’ont fait signe de les suivre. On m’a emmené dans une maison vide où j’ai rejoint une centaine d’autres hommes. Ils ne nous ont pas fait de mal et ne nous ont pas interrogés et nous avons été relâchés vers 16 heures. Le lundi, vers 8 heures, des femmes qui avaient apporté de la nourriture à leurs maris détenus étaient porteuses du message suivant : les soldats disaient que tous ceux qui avaient été détenus dans la maison la veille devaient venir se présenter. Ceux qui ne le feraient pas seraient tués. J’y suis allé. Mais une fois l’opération terminée, j’ai vu un ami qui avait refusé d’obéir à leurs ordres – il était étendu dans la rue et baignait dans son sang.

Deux témoins ont indiqué que le premier jour de l’opération, une quarantaine de détenus avaient reçu l’ordre de creuser trois grandes fosses communes à plusieurs centaines de mètres de l’endroit où étaient retenus des centaines de détenus. Selon plusieurs témoins, la plupart des exécutions se sont déroulées à proximité ou dans les fosses communes. « Ils ont ordonné aux gens de se lever, “toi, toi, toi...” puis leur ont ordonné de s’asseoir ou de s’allonger à proximité des fosses, et les ont abattus, » a déclaré l’un d’eux. Des témoins ont déclaré que certains des corps avaient ensuite été brûlés.

Des témoins ont indiqué que les exécutions avaient cessé dans la matinée du 31 mars. Deux hommes ont dit avoir entendu un ordre d’arrêter le massacre diffusé par talkie-walkie : « Jeudi matin, après que tant de personnes soient mortes autour de nous, j’ai entendu un homme que j’ai pris pour un officier malien dire en bambara : “Arrêtez de tuer les gens, laissez-les partir”… C’est comme ça que nous avons été sauvés. Honnêtement, s’il n’y avait pas eu cet ordre, je crois bien que je serais mort, » a déclaré l’un d’eux.

Les morts

Le nombre de détenus qui ont fait l’objet d’une exécution sommaire présumée au cours de l’opération varie selon les témoignages. Des témoins ont dit qu’il était difficile de savoir combien d’hommes avaient été enterrés à cause de la superposition des corps dans les trois fosses communes. Un habitant a indiqué à Human Rights Watch qu’il avait compté 241 hommes qui soit étaient déjà enterrés, soit qu’il avait aidé à enterrer dans des fosses communes :

Nous avons regroupé un bon nombre de morts du village, de la rue, de l’intérieur des maisons, et de ceux qui avaient été tués près de l’endroit où les prisonniers étaient détenus. Pendant que nous enterrions les gens, j’entendais des villageois dire : « Mon Dieu, j’en ai trouvé cinq autres ici » et un autre qui revenait de la brousse dire : « J’ai trouvé quatre autres morts là-bas, à quelques centaines de mètres. »

Une autre personne a indiqué qu’environ 40 autres corps avaient été enterrés le 2 avril ou autour de cette date.

Plusieurs villageois ont dit que certains des corps avaient été brûlés. « Nous avons entendu le pam ! pam ! pam ! [des coups de feu] toute la journée, et plus tard, nous avons vu des feux brûler là où les corps reposaient, » a déclaré un habitant. « Lorsque nous avons regroupé les corps pour les enterrer, beaucoup avaient été brûlés au point d’être méconnaissables, » a déclaré un autre.

Deux anciens de la ville ont indiqué qu’ils avaient parlé avec de nombreux témoins pour déterminer le nombre de morts et ont affirmé qu’ils pensaient qu’au moins 300 personnes avaient été tuées. Plusieurs témoins interviewés ont également cité ce chiffre.

Des habitants de plusieurs localités des environs ont affirmé que des proches qui s’étaient rendus au marché de Moura n’étaient pas revenus et qu’ils craignaient qu’ils aient été exécutés. Un sage malien de la région de Mopti a indiqué : « J’ai reçu des appels de personnes d’une douzaine de villages disant que leurs hommes n’étaient pas rentrés chez eux après le jour du marché. Dans un village, 45 hommes étaient portés disparus. » Un habitant du village de Toguèré-Coumbé a dit : « Deux de mes cousins et quatre autres amis ne sont pas rentrés à la maison. »

« Oui, les djihadistes sont là, nombreux, et oui il y a eu des échanges de tirs et plusieurs djihadistes sont morts, » a déclaré un commerçant de Moura. « Mais quel genre de guerre est-ce quand des soldats tuent des centaines de personnes non armées qui se trouvent simplement vivre dans une zone contrôlée par les djihadistes ? »

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