(New York) – Le Parti communiste chinois a célébré son 100ème anniversaire en 2021, avec en toile de fond des crimes contre l’humanité au Xinjiang et le saccage des libertés civiles à Hong Kong, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2022. La répression accrue du gouvernement chinois à l’intérieur du pays et le recours à des méthodes agressives à travers la « diplomatie des otages » et à celle des « loups guerriers » à l’étranger ont provoqué des réactions internationales contre le bilan du pays en matière de droits humains. Le 4 février, les Jeux olympiques d'hiver de 2022 doivent s'ouvrir à Pékin.
« La “nouvelle ère” du président Xi Jinping l’a non seulement encore renforcé comme leader de la Chine, mais a également renforcé l’oppression dans tout le pays », a déclaré Sophie Richardson, Directrice pour la Chine à Human Rights Watch. « Les gouvernements qui ont riposté aux politiques abusives de la Chine doivent poursuivre sur leur lancée l’année prochaine ».
Dans son Rapport mondial 2022, dont c’est la 32e édition et qui compte 752 pages, Human Rights Watch examine les pratiques en matière de droits humains dans près de 100 pays. Kenneth Roth, son Directeur exécutif, y remet en question l’idée reçue selon laquelle l’autocratie serait en plein essor. Récemment, dans divers pays, de nombreuses personnes sont descendues dans la rue malgré le risque d’être arrêtées ou de se faire tirer dessus, preuve que l’attrait de la démocratie reste fort. Dans le même temps, les autocrates ont de plus en plus de mal à manipuler les élections en leur faveur. Pour Kenneth Roth, il n’en reste pas moins que les dirigeants démocrates doivent faire plus encore pour relever les défis au niveau national et mondial, et s’assurer que la démocratie tienne ses promesses.
En 2021, le gouvernement chinois a renforcé son contrôle idéologique et s’est montré de plus en plus répressif à l’égard des discours jugés « antipatriotiques ». En mars, le gouvernement a adopté une loi sanctionnant les personnes qui calomnient les « héros et martyrs » d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison. Les autorités ont continué à placer en détention ou à poursuivre en justice des personnes qui avaient critiqué le gouvernement de manière pacifique, notamment pour sa gestion de la pandémie de Covid-19. La promesse du président Xi Jinping de s’attaquer aux inégalités et d’assurer une « prospérité commune » a sonné faux, dès lors que les autorités ont détenu des militants syndicaux de terrain ou censuré toute critique visant les politiques gouvernementales de lutte contre la pauvreté.
Le mouvement #MeToo a gagné en popularité en Chine où d’autres femmes se sont manifestées pour accuser des hommes connus de harcèlement sexuel. En novembre, la star du tennis Peng Shuai a disparu et a été réduite au silence après avoir affirmé avoir été agressée sexuellement par l’ancien vice-premier ministre Zhang Gaoli.
À Hong Kong, les autorités de Pékin et de Hong Kong ont pris des mesures agressives pour faire reculer les droits. Depuis l’imposition de la loi draconienne sur la sécurité nationale en juin 2020, les autorités ont arrêté plus de 150 personnes, dont de nombreux activistes pro-démocratie, pour avoir enfreint ses dispositions. En juin, les autorités ont obligé le deuxième journal le plus populaire de la ville, Apple Daily¸ à fermer ses portes après avoir arrêté ses principaux dirigeants et rédacteurs en chef. Pékin a imposé des « réformes électorales » à la ville, transformant de fait les institutions quasi-démocratiques de Hong Kong en organes chargés d’entériner les décisions de Pékin.
Le gouvernement a considérablement réduit les flux d’information en provenance de la région du Xinjiang, et limité encore davantage l’accès aux Ouïghours et aux autres musulmans turcophones sous couvert de restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Il a été confirmé que certains Ouïghours qui avaient été victimes de disparition forcée étaient emprisonnés ; d’autres seraient morts en détention. Au Tibet, les autorités ont intensifié les politiques assimilationnistes coercitives et renforcé la surveillance et l’intimidation à tous les niveaux.
Aux Nations Unies, les responsables chinois ont vigoureusement contré les critiques relatives au bilan de la Chine en matière de droits humains et ont présenté des résolutions susceptibles d’affaiblir les normes internationales en écartant la responsabilité de l’État en cas de violation des droits humains. Le gouvernement chinois s’est également empressé d’offrir son soutien au nouveau gouvernement afghan, contrôlé par des talibans responsables de nombreux abus.
Plusieurs gouvernements ont imposé des sanctions ciblées et coordonnées à l’encontre de responsables du gouvernement et de plusieurs entreprises chinoises impliqués dans de graves violations des droits humains. Les parlementaires de plusieurs pays ont demandé à leur gouvernement de limiter la participation de leur pays aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin en février 2022.
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