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Myanmar : Des centaines de personnes disparues de force

Il faut fournir des informations sur les figures politiques, les activistes et les autres personnes confrontées au risque de torture ou de décès

Des policiers arrêtent un homme qui participait à un manifestation à Mandalay, au Myanmar, le 15 février 2021, tenue pour protester contre le coup d’État perpétré par la junte militaire deux semaines auparavant. © 2021 AP Photo

(Bangkok, le 2 avril 2021) - La junte militaire du Myanmar a fait disparaître de force des centaines de personnes depuis le coup d'État du 1er février 2021, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les autorités ont arrêté des figures politiques, des responsables électoraux, des journalistes, des activistes et des manifestants. Elles ont refusé de confirmer où ces personnes sont détenues, et d'autoriser les membres de leurs familles ou leurs avocats à leur rendre visite, en violation du droit international.

Lors de raids nocturnes à travers le pays, les forces de sécurité ont arrêté de nombreuses personnes soupçonnées d'avoir participé à des manifestations contre le coup d'État et/ou à des rassemblements du Mouvement de désobéissance civile (CDM) lancé par l'opposition. L’Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), une organisation non gouvernementale au Myanmar, a déclaré à Human Rights Watch qu'elle n’avait pu confirmer les lieux de détention que dans un petit nombre de cas, parmi les plus de 2 500 personnes récemment arrêtées.

« Le recours généralisé par la junte militaire aux arrestations arbitraires et aux disparitions forcées semble avoir pour objectif de semer la peur parmi les manifestants anti-coup d'État », a déclaré Brad Adams, directeur de la division Asie à Human Rights Watch. « Les gouvernements étrangers devraient exiger la libération de toutes les personnes soumises à des disparitions forcées, et imposer des sanctions économiques ciblées contre les dirigeants de la junte, qui doivent être tenus responsables des abus. »

Human Rights Watch a mené des entretiens avec des membres des familles de 16 personnes qui semblent avoir fait l’objet de « disparitions forcées » depuis le coup d'État, ainsi qu’avec leurs avocats et des témoins.

Le 1er février, vers 5 h 30 du matin, quatre soldats en uniforme et un homme en civil se sont rendus au domicile de Mya Aye dans le quartier de Mingalar Taung Nyunt à Yangon. Ils ont arrêté Mya Aye, un membre de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) âgé de 55 ans, sans toutefois présenter un mandat d’arrêt ni fournir d’explications aux membres de la famille qui étaient présents. Une brève séquence vidéo enregistrée par une caméra de vidéosurveillance dans la rue, et diffusée ensuite par la fille de Mya Aye sur Twitter, montre les soldats en train de l’emmener vers leur véhicule.

Plus tard dans la journée du 1er février, deux agents en civil sont venus au domicile de Mya Aye pour récupérer ses médicaments, mais ont refusé de fournir des informations supplémentaires. Fin mars, sa famille a indiqué que les autorités ne leur avaient toujours pas divulgué où il était détenu, ni autorisé son avocat à lui rendre visite.

Le 6 mars, des policiers sont soudainement apparus lors des funérailles à Mandalay d'un manifestant précédemment abattu par la police, provoquant la fuite de nombreuses personnes qui assistaient à la cérémonie. Un activiste, Nyi Nyi Kyaw, est tombé lors de sa fuite, et la police l'a arrêté. Un ami de Nyi Nyi Kyaw a déclaré que les autorités n’ont toujours pas fourni d’information à son sujet aux membres de sa famille, qui sont eux-mêmes entrés dans la clandestinité, par crainte d'être aussi arrêtés.

Cet ami a ajouté que quatre jours après l’arrestation de Nyi Nyi Kyaw, il avait brièvement joint par téléphone son fils aîné. Il semblait agité et angoissé, et l'appel a soudainement pris fin avant que son fils ne puisse apprendre où il se trouvait.

Le 9 mars, vers 13 h 30, des camions militaires sont arrivés devant le siège de Kamayut Media à Yangon, ont indiqué des voisins. Vers 15 heures, ils ont vu des soldats emmener le cofondateur de ce média qui diffuse des vidéos en ligne, Han Thar Nyein, 40 ans, ainsi que le rédacteur en chef, Nathan Maung, 45 ans. Leurs familles n'ont toujours pas été informées du lieu où ils se trouvent, selon l’un des proches.

En vertu du droit international des droits humains, une « disparition forcée » est définie comme « l'arrestation, la détention, l'enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l'État […], suivi[e] du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi ».

Les personnes disparues de force sont fréquemment soumises au risque de torture ou d’exécution extrajudiciaire. Leurs familles sont obligées de vivre avec l'incertitude, sans même savoir si leurs proches sont morts ou vivants, et s'inquiétant au sujet de leur traitement en captivité.

Les disparitions forcées constituent de graves violations du droit international. Quand elles sont commises dans le cadre d'une « attaque généralisée ou systématique » contre une population civile, les disparations forcées sont susceptibles de constituer un crime contre l'humanité.

Communiqué complet en anglais: en ligne ici.

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