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La France devrait cesser d’exporter des armes à l’Arabie Saoudite et à l’Égypte

Les ventes d’armes à des pays commettant de graves abus alimentent les atrocités contre les civils

Des chars Leclerc fabriqués en France déployés près d'Aden (Yémen) le 3 août 2015, durant une opération militaire contre des rebelles chiites hutis et leurs alliés. © 2015 Saleh Al-Obeidi/AFP

La semaine dernière, le gouvernement français a publié son dernier rapport au Parlement sur ses exportations d’armes, décrivant ses ventes et transferts d’armes en 2019. Après le Qatar, l’Arabie Saoudite et l’Égypte sont les pays qui ont reçu le plus d’armes françaises en 2019 – pour des montants respectifs d’1,4 milliard et de 1,029 milliard d’euros. Mais fournir des armes à des pays impliqués de manière répétée dans de graves violations, y compris de possibles crimes de guerre, contredit la volonté de la France de jouer un rôle prépondérant dans la défense du droit international.

Ces données illustrent les profondes contradictions de la diplomatie française : d’un côté elle fait de la défense du droit international humanitaire et de la question de la protection des civils dans les conflits l’une de ses top priorités ; de l’autre, elle continue de fournir des armes à l’Arabie Saoudite, malgré les graves violations, répétées et largement documentées, dont la coalition militaire qu’elle dirige au Yémen depuis 2015, avec des conséquences humaines et humanitaires catastrophiques pour les civils dans le pays.

Que l’Égypte figure dans le trio de tête des plus gros acheteurs d’armes françaises est tout aussi choquant et désolant : Human Rights Watch a documenté les graves abus et crimes de guerre commis par l’armée égyptienne lors de ses opérations dans le nord-Sinaï. En outre, Amnesty International a documenté l’utilisation d’équipements français dans la répression sanglante de manifestations par les forces de sécurité égyptiennes dans les années récentes. Sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi, l’Égypte endure la pire répression des droits fondamentaux depuis des décennies.      

Non seulement persister à vendre des armes à ces pays en dépit du risque manifeste qu’elles soient utilisées pour commettre de graves violations et des crimes de guerre est contraire aux obligations internationales de la France, mais ces ventes donnent aussi un feu-vert de fait aux abuseurs. Elles minent la crédibilité de la France dans le rôle qu’elle entend jouer sur la scène internationale dans la défense des valeurs du droit international et des droits humains universels à un moment où elles sont gravement attaquées à travers le monde.

Le gouvernement français évoque souvent son soutien à la lutte antiterroriste au Moyen-Orient et la nécessaire autonomie stratégique de l’industrie d’armement française pour justifier ses ventes d’armes à ces pays. Mais ces arguments ne sont pas tenables : ni l’un ni l’autre ne justifie que la France devienne complice d’atrocités contre des populations civiles. Si le gouvernement veut vraiment soutenir la sécurité et la stabilité dans la région, il devrait plutôt promouvoir le respect des droits fondamentaux.

Il est urgent et nécessaire que la France mette en cohérence ses actes avec ses discours, et cesse d’alimenter de terribles abus avec ses ventes d’armes.

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