"Le week-end dernier, trois enfants sont tombés sous les balles des rebelles Houthis à Taez, la troisième ville du Yémen, alors qu'ils jouaient au football. Un mois plus tôt, six enfants étaient tués dans le bombardement d'un quartier résidentiel de Sanaa, la capitale, par une coalition menée par l'Arabie Saoudite.
Après deux ans et demi d'une guerre sans témoins extérieurs, le Yémen est un champ de ruines. Toutes les dix minutes, un enfant yéménite meurt des conséquences du conflit et du manque d'accès aux soins, selon l'Unicef. Dans un pays déjà extrêmement pauvre avant le conflit, 80% de la population est aujourd'hui dépendante de l'aide humanitaire et le risque de famine est loin d'être écarté. L'effondrement des services publics de santé et d'assainissement a favorisé la propagation de la plus grave épidémie de choléra de la planète qui, en quelques mois, a déjà frappé plus d'un demi-million de personnes.
Les chiffres de la catastrophe humanitaire au Yémen sont vertigineux. Mais cette situation, loin d'être une fatalité, est la conséquence d'une guerre dont les protagonistes bafouent, en toute impunité, le droit international humanitaire et les droits humains.
Pour la première fois depuis de longs mois, il existe aujourd'hui une réelle opportunité de sortir de ce cycle infernal. Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU discute ce mois-ci à Genève d'une résolution portée par les Pays Bas, le Canada, le Luxembourg, la Belgique et l'Irlande pour la création d'une commission d'enquête internationale indépendante sur les violations commises par toutes les parties au conflit au Yémen. Réclamé par le Haut-Commissaire aux droits de l'Homme et par des dizaines d'ONG, ce mécanisme est soutenu par un large éventail de pays, de l'Allemagne à la Chine, en passant par l'Iran et le Mexique. La France, n'a, pour sa part, toujours pas rejoint l'initiative.
Cette semaine, devant l'Assemblée générale des Nations Unies, Emmanuel Macron a invoqué avec force les droits de l'Homme, 'au cœur de la légitimité internationale', et les conséquences dramatiques des violations du droit international humanitaire sur les civils. Dans sa feuille de route aux ambassadeurs, le mois dernier, il avait par ailleurs promis de ne pas recouvrir d'un 'voile pudique' la question des droits humains au nom des intérêts diplomatiques et économiques de la France.
Le Yémen devrait être l'occasion pour le Président de la République de passer de la parole aux actes. On sait combien la France est liée à l'Arabie Saoudite et aux Emirats arabes unis par les contrats d'armement. Mais cela ne saurait justifier le moindre marchandage sur les principes, au nom d'une alliance politique et commerciale.
Il est temps pour la France d'apporter un soutien clair à une enquête internationale pour le Yémen. Toute autre position à Genève enverrait un signal désastreux sur les priorités de sa diplomatie et la réalité de ses engagements en faveur des droits humains. Cela alimenterait les doutes sur sa neutralité dans le conflit. Ce serait aussi tourner le dos aux millions de civils qui, au Yémen, attendent désespérément un geste de la communauté internationale."
Par cinq responsables d'ONG :
- Véronique Andrieux, Directrice générale d'Action contre la Faim,
- Dimitris Christopoulos, Président de la FIDH,
- Bénédicte Jeannerod, Directrice France de Human Rights Watch,
- Malik Salemkour, Président de la Ligue des droits de l'Homme,
- Françoise Sivignon, Présidente de Médecins du Monde.
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Dans les médias
TSA – réaction de l’Arabie saoudite
Résolution du CDH : Yahoo/Reuters Le Monde
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