(Genève) – La convention de Minamata sur le mercure des Nations Unies, qui a pris effet le 16 août 2017, pourrait être bénéfique à des millions de personnes affectées par cette substance toxique, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. D’après le traité, les gouvernements ont l’obligation de protéger leurs citoyens des effets nocifs du mercure et de mettre en place un contrôle des industries polluantes, telles que les exploitations minières aurifères artisanales et de petite échelle ainsi que les centrales électriques à charbon.
Le mercure, un métal liquide brillant, attaque le système nerveux central et peut causer des handicaps incurables. Extrêmement nocif pour les enfants, il peut être létal à forte dose.
« Des millions d’enfants et d’adultes dans le monde sont exposés au mercure de façon quotidienne », a déclaré Juliane Kippenberg, directrice adjointe à la division Droits de l'enfant de Human Rights Watch. « La convention de Minamata renforce l’obligation qu’ont les gouvernements de protéger les droits des personnes à la santé et à un environnement sain face à cette substance toxique. »
Human Rights Watch a collecté des données sur l’exposition au mercure d’enfants et d’adultes travaillant dans des mines d’or artisanales et de petite échelle au Ghana, au Mali, au Nigeria, en Tanzanie, aux Philippines et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le mercure est mélangé au minerai afin d’attirer les particules d’or. L’amalgame or-mercure obtenu est ensuite chauffé sur un feu, ce qui fait évaporer le mercure et permet de récupérer l’or brut.
Alors que le mercure est particulièrement dangereux pour les enfants, certains enfants manipulent régulièrement cette substance dès leur plus jeune âge, inconscients des risques pour leur santé. Les enfants sont également exposés aux vapeurs de mercure lorsque leurs parents ou leurs frères et sœurs plus âgés font chauffer l’amalgame à la maison. Une jeune fille des Philippines, alias Michelle, 15 ans, a déclaré à Human Rights Watch qu’elle avait commencé à extraire l’or à l’aide de mercure à l’âge de 8 ans et qu’elle avait commencé à souffrir de spasmes un an après – un symptôme caractéristique de l’intoxication au mercure. Elle n’avait jamais reçu de soins médicaux ni de diagnostic.
La convention de Minamata oblige les pays membres à encourager les méthodes d’extraction d’or sans mercure ; à prendre des mesures spéciales pour protéger les populations vulnérables, notamment les enfants et les femmes en âge de procréer ; et à mettre fin aux pratiques particulièrement dangereuses de l’extraction de l’or, telles que le chauffage de l’amalgame mercure-or dans les zones habitées. Les pays membres s’engagent aussi à améliorer les services de santé pour les populations concernées par l’exposition au mercure. Le traité réglemente également d’importantes activités industrielles, comme l’usage du mercure dans les produits et les processus de fabrication ainsi que les émissions de mercure par les centrales à charbon.
Actuellement, 74 pays sont membres de la convention de Minamata, dont plusieurs importants producteurs d’or et donateurs – entre autres le Pérou, le Brésil, le Ghana, le Canada, les États-Unis et la Suisse. Le 18 mai, l’Union européenne et sept États membres de l’UE ont ratifié la convention, portant le nombre de ratifications à plus de 50 et déclenchant ainsi son entrée en vigueur le 16 août. La première conférence des parties aura lieu du 24 au 29 septembre à Genève (Suisse).
Le Fonds pour l'environnement mondial, un fonds d’affectation spéciale multi-donateurs, est désigné par le traité pour apporter un soutien financier aux gouvernements des pays en voie de développement qui voudraient agir contre le mercure. Il a déjà commencé à financer des programmes.
« Maintenant que la convention contre le mercure a pris effet, les gouvernements doivent joindre le geste à la parole et mettre enfin en œuvre ce traité », a déclaré Juliane Kippenberg. « Les gens qui souffrent d’intoxication au mercure ont besoin d’être rapidement protégés et soignés. »
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