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La semaine dernière, le Vice-Président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa a annoncé que le gouvernement avait entrepris de se doter de lois visant à ériger en infraction pénale le paiement de la lobola (« prix de la fiancée ») pour les filles de moins de 18 ans. Cette récente déclaration est un signe de plus permettant d’espérer que le pays évoluera dans la bonne direction pour mettre un terme au mariage des enfants.

Un groupe de jeunes filles mariées photographiées à Annandale Farm, à Shamva (province centrale de Mashonaland) au Zimbabwe, après avoir participé à une réunion dans le cadre d’une campagne visant à mettre fin aux mariages précoces. ©2015 Dewa Mavhinga / Human Rights Watch

En janvier 2016, la Cour constitutionnelle a déclaré cette pratique inconstitutionnelle et a fixé à 18 ans l’âge minimum du mariage pour les filles et les garçons. Cet arrêt s’inscrit dans la foulée d’une affaire notable remontant à octobre 2014 et concernant deux courageuses ex-épouses enfants, Ruvimbo Tsopodzi et Loveness Mudzura, aujourd’hui âgées respectivement de 19 et 20 ans, qui ont intenté une action en justice à l’encontre du gouvernement zimbabwéen pour s’être mis en défaut d’endiguer le mariage des enfants.

Mais pour des millions de filles zimbabwéennes, ces mesures gouvernementales fragmentaires, même s’il y a lieu de se réjouir de leur adoption, ne suffiront pas pour éradiquer le mariage des enfants à moins que les dirigeants du pays ne prennent des mesures claires visant à faire appliquer l’arrêt de la cour et à mettre fin à une pratique dévastatrice qui dépouille les jeunes filles de leurs droits et les expose à des abus.

Selon les Nations Unies, au Zimbabwe, près d’un tiers des filles se marient avant leur 18e anniversaire et 4 pour cent se marient avant l’âge de 15 ans. Le mariage des enfants est monnaie courante dans les églises apostoliques indigènes du Zimbabwe, des groupements charismatiques évangéliques qui conjuguent croyances chrétiennes et cultures traditionnelles. Elles comptent des millions d’adeptes à travers le pays.

Les travaux d’investigation réalisés par Human Rights Watch en octobre 2015, à l’instar des recherches d’autres associations et d’agences de l’ONU, ont mis en évidence les conséquences néfastes du mariage des enfants : le mariage des enfants empêche généralement les filles de pouvoir poursuivre leur éducation scolaire, il les expose à la violence domestique et sexuelle (notamment au viol conjugal) et accroît leur risque d’infection par le VIH. Les filles qui tombent enceintes trop tôt ou trop souvent risquent de mourir ou de subir de graves lésions au moment de l’accouchement.

Afin de faire appliquer le jugement de la Cour constitutionnelle, les autorités zimbabwéennes devraient modifier ou abroger toutes les lois existantes relatives au mariage qui autorisent encore le mariage des enfants et elles devraient élaborer un plan d’action national global visant à mettre fin au mariage des enfants, ceci en partenariat avec les bailleurs de fonds, les chefs des communautés locales, les adolescentes et les organisations non gouvernementales. Dans l’intervalle, le gouvernement devrait veiller à la mise en place de structures permettant d’appliquer l’arrêt de la cour et de garantir que les filles de moins de 18 ans ne seront pas victimes de mariage forcé.

L’inaction face au jugement de la cour n’est pas une solution envisageable. L’avenir de millions de filles dépend de la volonté du gouvernement zimbabwéen de garantir la pleine mise en œuvre de l’arrêt de la cour dans les plus brefs délais.

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