Il s’est levé, il a crié, il a gesticulé ... mais toute cette mise en scène n’a fait que rappeler à tous ceux présents dans la salle d’audience que ce n’est plus lui le maître à bord, ce n’est plus lui qui tient les rênes.
Ce matin s’est tenue la reprise du procès de l’ancien président du Tchad, Hissène Habré, ici à Dakar, au Sénégal, devant les Chambres africaines extraordinaires. Après une suspension de 45 jours accordée aux avocats commis d’office pour leur permettre de prendre connaissance du dossier et de garantir un procès équitable (ses propres avocats ayant refusé de se présenter), c’est comme si ce délai n’avait jamais eu lieu.
Les exclamations de Habré ne sont vraisemblablement qu’une énième tentative de jouer la victime. Il cherche à persuader l’opinion qu’il est la personne lésée dans cette affaire et qu’une sombre conspiration est dirigée contre lui.
Mais Habré n’est pas une victime.
Pendant 8 ans (de 1982 à 1990), il a exercé un pouvoir absolu au Tchad et est accusé d’être responsable de milliers d’assassinats politique et d’un usage systématique de la torture.
De vraies victimes sont présentes à l’audience aujourd’hui, d’authentiques survivants d’exactions du régime de Habré. Satisfaites de pouvoir assister à l’audience, elles sont conscientes que ce jour tant attendu de justice était enfin arrivé. Quelque soixante-dix autres survivants vont venir témoigner ici ces prochains mois.
Si Habré dispose d’un minimum de sens moral, il cessera son cirque et les regardera dans les yeux, lorsqu’ils témoigneront du passé tragique dont ils ont été victimes.
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Interview de Reed Brody sur “Internationales” :
TVMonde “Internationales” 20.09.15 Vidéo
RFI.fr 20.09.15 Article + audio
Der Spiegel 26.09.15 (en allemand)