(New York, le 30 juillet 2014) - Le gouvernement syrien recourt massivement à des frappes aériennes lors desquelles des barils d’explosifs sont largués sur des zones civiles, au mépris d'une résolution adoptée à l'unanimité par le Conseil de sécurité des Nations Unies, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. La Résolution 2139, adoptée le 22 février 2014, ordonne à toutes les parties au conflit à mettre fin à l’emploi sans discrimination de barils d’explosifs et d'autres armes contre des zones peuplées.
Le Conseil de sécurité se réunira le 30 juillet pour établir son cinquième rapport sur l’application de la Résolution 2139. Depuis l’adoption de celle-ci, Human Rights Watch a identifié plus de 650 nouveaux sites qui semblent indiquer l’impact de barils d’explosifs largués sur des quartiers de la ville d'Alep tenus par des groupes armés de l’opposition. Des groupes armés mènent également des attaques aveugles – notamment des attentats à la voiture piégée et des tirs d’obus de mortier – contre des zones pro-gouvernementales.
« Cela fait des mois que le Conseil de sécurité de l’ONU reste les bras croisés alors que le gouvernement syrien viole sa résolution en continuant de larguer des barils d’explosifs sur des quartiers civils », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « La Russie et la Chine devraient permettre au Conseil de sécurité d’exiger à l’unanimité, et avec la même détermination que celle affichée sur la question de l'aide humanitaire, la cessation de ces attaques meurtrières contre des civils. »
La Résolution 2139 de l'ONU condamne fermement la détention arbitraire, la torture de civils, les enlèvements ainsi que les disparitions forcées en Syrie, et exige que « toutes les parties, en particulier les autorités syriennes, autorisent immédiatement un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave aux organismes humanitaires des Nations Unies et à leurs partenaires d’exécution, y compris à travers les lignes de conflit et à travers les frontières ».
Les déclarations des témoins ainsi que l'analyse d’images satellite, de vidéos et de photos obtenues par Human Rights Watch indiquent que les forces gouvernementales ont maintenu voire augmenté le nombre de frappes aériennes contre Alep depuis l’adoption par le Conseil de sécurité de la Résolution 2139 en février.
Sur une période de 113 jours avant l’adoption de cette résolution, Human Rights Watch avait déjà identifié au moins 380 sites indiquant de forts dommages dans des zones tenues par des groupes armés non étatiques à Alep, grâce à l’analyse de quatre images satellite prises depuis le 31 octobre 2013.
Dans les 140 premiers jours qui ont suivi l’adoption de la Résolution 2139 – du 22 février au 14 juillet 2014 - Human Rights Watch a identifié plus de 650 sites indiquant d’importantes frappes sur des quartiers d'Alep contrôlés par des groupes armés opposés au gouvernement, soit une moyenne de près de cinq frappes par jour. Les zones les plus touchées à Alep sont les quartiers de Masaken Hanano, Al-Sakhour, Bostan Pasha, Cheikh Kheder, Trab al-Hellok, Aynat-Tal, Résafé, et Sheikh Saed.
Dans la majorité des cas, les dégâts ont selon toute probabilité été causés par des barils d’explosifs, qui tendent à détruire des structures sur des zones plus larges que celles généralement observées dans le cas d'autres types de frappes aériennes ou de tirs d'artillerie. Les cratères sont souvent peu profonds, avec une forme irrégulière et des bords crantés.
Ces bombes non guidées hautement explosives sont fabriquées localement, à peu de frais et constituées généralement de gros barils d’huile, de cylindres à gaz ou de réservoirs d’eau qui ont été vidés de leurs contenus et remplis de puissants explosifs ainsi que de ferraille afin de renforcer l’effet de fragmentation. Les barils d'explosifs sont généralement largués par des hélicoptères.
Communiqué intégral en anglais : https://www.hrw.org/node/127734