Le président soudanais Omar el-Béchir est arrivé aujourd’hui en République démocratique du Congo pour participer à une conférence du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), selon les médias congolais. Béchir fait l’objet de chefs d’accusation émis par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui auraient été commis au Darfour, au Soudan.
« En tant qu’État membre de la CPI, la RD Congo a l’obligation d’arrêter le président el-Béchir et de le transférer à La Haye, où il est recherché pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre », a déclaré Georges Kapiamba, président de l'Association congolaise pour l'accès à la justice, basée à Kinshasa.
En vertu du Statut de Rome de la CPI, tous les pays membres, notamment la RD Congo, ont une obligation de coopérer avec l’arrestation de Béchir. Les appels à la non-coopération avec son arrestation lancés par le passé par l’Union africaine n’annulent pas cette obligation légale.
D’autres pays membres africains de la CPI ont évité les visites d’el-Béchir en annulant des voyages proposés, invitant d’autres autorités soudanaises à se rendre dans leurs pays ou bien déplaçant les sites de conférences. Parmi ces pays figurent l’Afrique du Sud, le Malawi, la Zambie et le Kenya.
« Après avoir travaillé étroitement et depuis longtemps avec la CPI, la RD Congo devrait démontrer qu’elle se tient aux côtés des victimes du Darfour et arrêter el-Béchir », a déclaré Descartes Mpongo, secrétaire exécutif de l’ONG Action des chrétiens activistes des droits de l'homme de Shabunda,en République démocratique du Congo.
Les visites annoncées d’el-Béchir ont provoqué un tollé de la part des organisations de défense des droits humains dans toute l’Afrique. Récemment, en juillet 2013, el-Béchir a quitté précipitamment le Nigeria moins de 24 heures après être arrivé pour participer à une conférence de l’Union africaine qui se tenait dans ce pays, et sans même faire la présentation qui était programmée, face aux protestations publiques des groupes nigérians de défense des droits humains et d’une action en justice pour exiger l’arrestation d’el-Béchir.
« El-Béchir est un fugitif recherché par la justice qui devrait se trouver à un seul endroit : La Haye », a conclu Elise Keppler, directrice associée du programme Justice internationale à Human Rights Watch. « Puisque la RD Congo n’a pas empêché la visite d’el-Béchir, ce pays devrait passer à l’étape suivante et l’arrêter. »
Un communiqué de presse de la société civile congolaise sur la question est disponible ici.