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UNESCO: La suspension du « Prix du dictateur » n'est qu'une solution provisoire

Le prix rendant hommage au dirigeant de la Guinée équatoriale devrait être annulé

(New York, le 15 juin 2010) - La décision prise aujourd'hui par l'UNESCO de différer la remise d'un prix controversé, financé par le dictateur de la Guinée équatoriale et portant son nom, est une première avancée encourageante, selon les organisations de la société civile. L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) a annoncé le 15 juin 2010 que son conseil exécutif composé de 58 pays avait approuvé la proposition de la Directrice générale Irina Bokova de retarder la remise du prix, et de lancer plutôt un processus de consultation pour réfléchir à l'avenir du prix.

Près de 270 organisations du monde entier ont participé à la campagne contre le Prix international UNESCO-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie. Elles ont appelé à une annulation pure et simple du prix. La prochaine session du conseil exécutif est prévue pour octobre.

« La Directrice générale de l'UNESCO et les États membres ont fait ce qu'il fallait en différant la remise de ce prix, compte tenu des inquiétudes soulevées par le passif tristement célèbre du Président Obiang en matière de violations des droits humains et de corruption », a déclaré  Tutu Alicante, Guinéen exilé qui dirige le groupe EG Justice. « Le vrai défi, cependant, est de voir s'ils finiront par annuler complètement le prix. »

La coalition a de nouveau appelé à ce que les fonds destinés au prix soient utilisées pour promouvoir l'éducation de base et répondre à d'autres besoins de la population de Guinée équatoriale. De telles dépenses devront être engagées de façon claire et transparente, ont-ils souligné, afin de faire face au niveau élevé de corruption étatique dans le pays.

« La dotation de 3 millions de dollars du prix UNESCO-Obiang devrait être utilisée au bénéfice de la population de la Guinée équatoriale - à laquelle cet argent a été pris - plutôt que de servir à glorifier leur président », a déclaré Mgr Desmond Tutu, Archevêque émérite du Cap, dans une déclaration publié le 11 juin 2010 avant la réunion du conseil exécutif. 

Lors de la réunion du conseil, plusieurs gouvernements issus de différentes régions ont dénoncé le prix et se sont exprimés en faveur d'un renforcement du dialogue sur cette question. Dans ses remarques préliminaires, Bokova a appelé les États membres à « être courageux et à reconnaître nos responsabilités car c'est notre organisation même qui est en jeu ».

Le prix a été critiqué par de nombreux gouvernements, lauréats de prix de l'UNESCO, scientifiques et militants de la santé publique, organisations de défense de la liberté de la presse, organisations de lutte contre la corruption, et de nombreuses autres organisations et personnes mobilisées dans le monde.

Depuis la découverte de ressources pétrolières dans les années 1990, la Guinée équatoriale est devenu le pays le plus riche de l'Afrique subsaharienne en termes de richesses par habitant, mais la grande majorité de sa population est en situation de pauvreté extrême et ne parvient pas à vivre de façon correcte.

La déclaration a été publiée par les six organisations suivantes, qui ont dénoncé le prix :  l'Association Sherpa, le Center for Economic and Social Rights, EG Justice, Global Witness, Human Rights Watch, et l'Open Society Institute.

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