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Tunisie : Le gouvernement doit honorer sa promesse d’accorder l’accès aux prisons

Human Rights Watch rejette les conditions qui limiteraient ses entretiens avec les prisonniers

(Genève) - La Tunisie devrait honorer son engagement à accorder à Human Rights Watch l'accès à ses prisons, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Dans une lettre ouverte adressée aujourd'hui aux membres du Comité des droits de l'homme de l'ONU et aux Etats Membres du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Human Rights Watch a indiqué que malgré l'annonce par la Tunisie il y a un an devant ces instances que l'organisation pourrait se rendre dans ses prisons, elle faisait obstruction à ces visites en fixant des conditions inacceptables. De ce fait, les négociations entre le ministère de la Justice tunisien et Human Rights Watch sur les conditions des visites ont stagné.

« La promesse faite par la Tunisie d'ouvrir ses prisons à des organisations indépendantes des droits humains est importante, mais elle finira par n'avoir aucun sens si la Tunisie n'autorise pas des personnes extérieures à observer et décrire ce qui se passe réellement à l'intérieur », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen Orient et l'Afrique du Nord à Human Rights Watch.

Selon l'une des conditions sur lesquelles insiste la Tunisie, le représentant de Human Rights Watch ne serait autorisé à s'entretenir qu'avec un échantillon de prisonniers qui répondent à une invitation générale à être interrogés. Human Rights Watch accepte  cet « échantillonnage » comme l'une des méthodes de sélection des prisonniers à interroger, mais insiste également sur le droit à demander des entretiens avec des prisonniers spécifiques choisis sur la base de son actuel suivi de la situation dans les prisons.

Human Rights Watch a indiqué dans sa lettre que seule une méthodologie mixte - utilisant à la fois l'« échantillonnage » et les listes de noms - « garantirait que la délégation puisse accéder à un échantillon large et diversifié de prisonniers ... enquêter sur les cas où il y a eu des allégations d'exactions, et  s'entretenir avec des prisonniers présélectionnés que l'administration aurait pu transférer vers d'autres lieux de détention avant l'arrivée de la délégation. »

Le 19 avril 2005, les autorités tunisiennes ont pour la première fois promis à Human Rights Watch un accès à leurs prisons, mais elles ont ensuite différé cet accès au motif qu'elles autoriseraient d'abord le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)  à se rendre dans les prisons. Le CICR se rend dans les prisons tunisiennes depuis 2005 mais, contrairement à Human Rights Watch, rend compte de ses conclusions en privé au gouvernement au lieu de les publier. Aucune organisation indépendante des droits humains rendant ses résultats publics n'a été autorisée à entrer dans les prisons tunisiennes depuis 1991, lorsque la Ligue tunisienne des droits de l'homme avait pu visiter deux prisons.

« Les responsables du ministère de la Justice nous ont assuré à maintes reprises qu'ils n'ont rien à cacher dans les prisons », a indiqué Sarah Leah Whitson. « Il est temps qu'ils acceptent une méthodologie pour les visites qui corrobore ces affirmations, afin que les visites de Human Rights Watch puissent commencer. »

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