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Etats-Unis/UE : Les pays européens devraient accueillir des détenus pour faciliter la fermeture de Guantanamo

L’administration Obama cherche le soutien de l’Union européenne

(New York, le 3 avril 2009) - L'Union européenne devrait aider l'administration Obama à fermer le centre de détention de Guantanamo en acceptant d'accueillir certains de ses détenus qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d'origine de crainte qu'ils ne soient victimes de torture ou d'autres abus, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. L'administration Obama a formulé hier sa première demande formelle aux pays européens d'accueillir certains détenus.

« L'administration Obama ne peut pas résoudre le problème de Guantanamo toute seule », a déclaré Joanne Mariner, directrice de la division Terrorisme et contre-terrorisme au sein de Human Rights Watch. « Les alliés européens ont depuis longtemps appelé les Etats-Unis à fermer Guantanamo. Ils ont à présent l'opportunité d'œuvrer pour que cela arrive. »

Sur approximativement 240 personnes toujours détenues à Guantanamo, entre 50 et 60 prisonniers - originaires de pays tels que l'Algérie, la Libye, la Chine, la Tunisie ou l'Ouzbékistan - ont déclaré à leurs avocats qu'ils craignent d'être victimes de torture ou d'autres abus dans leur pays d'origine et ne veulent pas y retourner. Plusieurs de ces hommes auraient pu quitter Guantanamo il y a des années mais y restent piégés car ni les Etats-Unis ni un pays tiers n'ont accepté de les accueillir.

Human Rights Watch se félicite de la déclaration du président français Nicolas Sarkozy selon laquelle la France accepte d'accueillir un détenu algérien de Guantanamo, mais estime que les gouvernements européens doivent encore faire davantage.

« Si toutes les nations européennes acceptaient d'accueillir deux ou trois détenus de Guantanamo, la partie la plus compliquée du problème serait résolue », a déclaré Mme Mariner.

Parmi ceux qui auraient pu quitter Guantanamo il y a des années, se trouvent 17 Ouïgours chinois, pour la plupart détenus aux Etats-Unis depuis la fin 2001. Bien que les Etats-Unis aient innocenté la plupart d'entre eux dès 2004, ils ne sont pas retournés en Chine de peur d'y être torturés. Pendant plusieurs années, le gouvernement américain a tenté de convaincre d'autres pays d'accueillir ces Ouïgours. En 2006, l'Albanie a accepté d'accueillir cinq d'entre eux mais aucun autre pays n'a suivi cet exemple, en partie parce que les Etats-Unis eux-mêmes ont refusé d'en accueillir.

En octobre 2008, une cour fédérale américaine a pris acte du fait que les efforts pour accueillir les Ouïgours partout ailleurs avaient échoué et a ordonné qu'ils soient accueillis aux Etats-Unis. En février, un jugement en appel d'une cour fédérale a annulé cette décision, se basant sur le principe selon lequel seul le président - et non les cours - peuvent permettre à ces hommes d'entrer aux Etats-Unis. Les communautés Ouïgours ainsi que des groupes de réinsertion des réfugiés aux Etats-Unis ont proposé de fournir un logement, des formations et d'autres services de soutien aux Ouïgours dans le cas où ils seraient accueillis aux Etats-Unis.

« Maintenant que l'administration Obama a demandé l'aide de l'Union européenne, elle doit montrer qu'elle aussi est prête à porter sa part du fardeau », a ajouté Mme Mariner. « La façon la plus facile de lancer des négociations sérieuses serait pour les Etats-Unis d'accepter les Ouïgours. »

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