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Israël : Arrêter de bombarder la ville de Gaza qui est densément peuplée

Les effets des obus d’artillerie de 155 mm ne font pas la distinction entre combattants et civils dans les zones densément peuplées

(Jérusalem, le 16 janvier 2009) - L'usage de l'artillerie lourde par Israël dans les zones résidentielles de la ville de Gaza viole l'interdiction des attaques indiscriminées en droit humanitaire et doit prendre fin immédiatement, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Un chercheur de Human Rights Watch qui se trouvait le long de la frontière entre Israël et Gaza le 15 janvier 2009 a observé l'utilisation répétée par Israël d'obus de 155 mm dans le centre de la ville de Gaza. Ces obus infligent une explosion et des dégâts liés à leur fragmentation jusqu à 300 mètres alentour.

« Tirer des obus de 155 mm dans le centre de la ville de Gaza, quelque soit la cible, occasionnera probablement d'effroyables blessures parmi les civils », a dit Marc Garlasco, expert militaire au sein de Human Rights Watch. « En utilisant cette arme dans de telles circonstances, Israël commet des attaques indiscriminées qui violent le droit humanitaire. »

Selon l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), Israël a bombardé hier le bâtiment principal de l'organisation humanitaire dans la ville de Gaza, blessant trois employés. L'UNWRA pense que c'est du phosphore blanc, utilisé lors de l'attaque, qui a mis feu à une partie du bâtiment. Jusqu'à 700 habitants de la ville avaient fui le matin pour chercher refuge dans ce bâtiment après d'intenses combats dans la zone.  

Le chercheur de Human Rights Watch a aussi été témoin d'explosions du terrain dues à des tirs de 155 mm au phosphore blanc dans la ville de Gaza.  

« Nous avons mis en garde les Israéliens heure par heure pendant la nuit de la vulnérabilité de la population alors que les obus se rapprochaient de plus en plus, et que des éclats d'obus pénétraient dans le bâtiment régulièrement » a raconté aux médias John Ging, le directeur des opérations de Gaza de l'UNWRA. « Cependant, nous avons été soumis à ces frappes directes ».

Le premier ministre israélien Ehoud Olmert s'est excusé pour l'attaque, mais a dit que les forces israéliennes avaient été visées depuis le bâtiment des Nations Unies. « Il est absolument vrai que nous avons été attaqués depuis cet endroit, mais les conséquences sont très tristes et nous nous en excusons », a-t-il dit.

Le nombre de morts résultant des opérations militaires d'hier reste inconnu, mais les rapports des médias ont cité des responsables médicaux de Gaza selon lesquels 70 personnes sont mortes (les rapports ne font pas la distinction entre les victimes civiles et les combattants). Au 14 janvier, 1 013 Palestiniens étaient morts, dont 322 enfants et 76 femmes, selon le ministère de la santé gazoui. De surcroît, 4 560 Palestiniens auraient été blessés, dont 1 600 enfants et 678 femmes.

Les attaques sur la ville de Gaza ont eu lieu après que les Forces de Défense Israéliennes, (FDI) ont prévenu les habitants de Gaza de fuir en direction des centrevilles. Selon le gouvernement israélien, au 3 janvier, les FDI ont commencé à diffuser des tracts de mise en garde disant aux gens, entre autres, que « Pour votre propre sécurité, vous devez quitter vos maisons immédiatement et vous déplacer vers les centre-villes ». Malgré ces mises en garde, les FDI ont lancé des attaques contre le centre ville de Gaza, causant des victimes civiles.

« Israël a conseillé aux civils d'aller dans les centre-villes et ensuite a bombardé le centre de la ville de Gaza avec une arme qui ne devrait jamais être utilisée dans des zones densément peuplées », a dit Garlasco.

Selon les rapports des médias et des organisations humanitaires, les forces israéliennes ont aujourd'hui tiré sur un hôpital et un centre de média international. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a dit à Human Rights Watch que des obus israéliens avaient touché l'hôpital al-Quds dans le quartier de Tel al-Hawa, ce qui a mis le feu au bâtiment. Le feu a été éteint, mais environ 100 patients ont du être évacués. Entre 150 et 500 patients se trouvaient à l'hôpital à ce moment là, a dit l'OMS.

Le feu israélien a aussi touché la tour al-Shurouq, qui habrite des antennes de médias comme Reuters, al-Arabiyya Television, et le journal al-Hayat, causant des dégâts substantiels et blessant au moins deux journalistes, dont un qui travaillait pour la chaîne de telévision d'Abou Dhabi. Les organisations de médias ont fourni aux militaires israéliens les coordonnées GPS de tous leurs bureaux. Les forces israéliennes ont dit aux médias qu'on leur avait tiré dessus depuis ce bâtiment. Il n'est pas clair si les forces israéliennes ont utilisé l'artillerie ou des bombes de tanks.

Human Rights Watch ne peut pas enquêter complètement sur les violations présumées du droit humanitaire par chaque camp du fait du refus prolongé d'Israël d'accorder l'accès à Gaza.

Le Hamas et d'autres groupes armés palestiniens ont également violé le droit humanitaire en continuant de tirer des roquettes Qassam et Grad non guidées sur des centres de population en Israël. Un chercheur de Human Rights Watch qui se trouvait hier le long de la frontière avec Gaza a vu le lancement d'une roquette Qassam qui a atteri à l'extérieur de Sderot, ne causant pas de blessures. De telles roquettes ont tué trois civils israéliens et en ont blessé au moins 78 depuis le 27 décembre.

Le droit international humanitaire, ou droit de la guerre, interdit les attaques indiscriminées. Les attaques indiscriminées, par nature, atteignent les objectifs militaires et les civils ou les objets civils sans distinction. Par exemple, les attaques indiscriminées ne sont pas dirigées vers un objectif militaire particulier ou utilisent des armes qui ne peuvent pas être dirigées vers un objectif militaire particulier. Les attaques indiscriminées interdites incluent les bombardements de secteurs, c'est-à-dire des attaques d'artillerie ou autres moyens qui traitent comme un seul objectif militaire un nombre d'objectifs militaires clairement séparés et distincts se situant dans une zone qui contient une concentration de civils et d'objets civils.

Le rayon létal attendu pour un projectile de 155 mm très explosif, comme l'artillerie que les FDI utilisent en ce moment dans la ville de Gaza, se situe apparemment entre 50 et 150 mètres et le rayon de victimes attendu se situe entre 100 et 300 mètres. Les officiels FDI ont dit auparavant que le rayon d'erreur pour un obus de 155 mm est habituellement de 25 mètres. Ainsi, si les FDI tirent des obus à seulement 100 mètres de distance des zones peuplées, ceci augmente les risques de victimes civiles.

Dans le rapport de Human Rights Watch de juin 2007 « Feu indiscriminé : attaques de roquettes palestiniennes contre Israël et bombardements israéliens d'artillerie dans la bande de Gaza », Human Rights Watch a fait les recommandations suivantes à Israël concernant l'utilisation de l'artillerie dans les zones densément peuplées de Gaza. Human Rights Watch a pressé Israël de :

  • Mettre fin aux attaques d'artillerie ayant recours à des armes telles que les obus de 155 mm dans des situations et des locaux où le degré de précision des armes par rapport aux cibles et le rayon  d'action dans lequel les bombes font des victimes, ne permettent pas de faire des attaques distinguant entre les civils et les combattants.
  • Mettre fin aux attaques d'artillerie à l'intérieur ou près de zones peuplées qui vont probablement causer des souffrances civiles qui sont excessives comparées à l'avantage militaire attendu.
  • S'assurer que toutes les attaques d'artillerie sont dirigées vers un objectif militaire authentique, et pas des conceptions exagérément étendues de « zone de sacrifice » qui sont en contradiction avec le droit humanitaire international. Mettre fin à toute attaque dès lors qu'il est sûr qu'elle n'est pas dirigée directement vers un objectif militaire authentique ou qu'elle ne fait pas la distinction entre les combattants et les civils.
  • S'assurer, en coopération avec les homologues palestiniens, que des mécanismes de communication effectifs sont en place pour relayer promptement les informations par rapport à des attaques risquant de blesser les civils, et prendre les mesures appropriées pour réduire les menaces envers les civils quand de telles informations sont données.
  • Recueillir et analyser les informations sur les civils palestiniens victimes d'obus d'artillerie afin de mesurer la souffrance causée chez les civils par l'utilisation de l'artillerie dans des situations ou locaux particuliers, et ainsi baser les décisions ayant trait aux cibles sur une mesure correcte des souffrances prévisibles chez les civils.

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