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L'activité diplomatique intense déployée pour trouver une issue à la situation de guerre à l'est de la République démocratique du Congo (RDC) est louable. La France y tient sa part. L'Elysée et le Quai d'Orsay multiplient les contacts. Une résolution vient d'être votée au Conseil de sécurité autorisant l'envoi de 3 000 casques bleus supplémentaires, demande formulée depuis plus d'un mois par les Nations Unies. Malgré ce feu vert, les troupes supplémentaires ne devraient arriver sur place que dans trois mois environ...

Pendant ce temps, la situation sur le terrain reste absolument catastrophique pour des centaines de milliers de Congolais. Ces civils restent à la merci de la violence et de la brutalité des hommes armés des deux camps, ceux de Laurent Nkunda appuyés par le Rwanda, et ceux des soldats de l'armée congolaise en déroute alliée au FDLR et des milices pro-gouvernementales.

Le cessez-le-feu annoncé a plusieurs fois volé en éclats et les combats ont repris, accompagnés par des tueries, des viols, des pillages. Au moins cinquante personnes ont été tuées à Kiwanja, à 70 km au nord de Goma, les 4 et 5 novembre, sous le regard impuissant des casques bleus. Le CNDP a aussi recruté de force 400 hommes et aussi des enfants âgés entre 14 et 18 ans à Kitchanga et Rutshuru les 10 et 11 novembre. Tous ces civils ont payé de leur vie l'incapacité de la communauté internationale à les protéger efficacement. La mission des Nations Unies au Congo - MONUC, avec près de 17 000 casques bleus - a pour mandat de protéger les civils, non seulement au Nord-Kivu, région au cœur de l'attention mondiale, mais aussi dans d'autres régions très vastes de l'est du Congo où la violence continue. Les effectifs ont été en partie redéployés vers le Nord-Kivu, mais il serait risqué d'en transférer davantage car les vides créés aggraveraient l'insécurité des civils et celle des casques bleus eux mêmes.

Dans l'attente du renforcement de la Monuc, une force de transition, équipée et efficace, doit être envoyée sur place dans les plus brefs délais pour protéger les civils. Qui peut fournir une telle force ?

Selon nous, c'est à l'Union européenne d'agir, et vite, pour éviter de nouvelles tragédies comme celle vécue par les habitants de Kiwanja. Plusieurs pays européens seraient disposés à contribuer à cette force de transition. La France, si elle n'est pas la mieux placée pour envoyer des militaires dans cette région frontière avec le Rwanda, peut certainement faciliter - politiquement et financièrement - ce déploiement rapide. Nous espérons que la Grande-Bretagne, actuellement sous la pression des ONG,  se décide à jouer un rôle décisif dans la mise en place d'une telle force.

A la mi-2003, déjà en RDC, l'Union européenne avait su se mobiliser pour protéger les civils dans la région de l'Ituri. L'opération Artémis, sous mandat du Conseil de sécurité, avait permis de mettre fin à des tueries. Même si la France avait assumé la principale part (80%), 18 pays européens avaient contribué en envoyant des troupes. Plus de 2000 hommes avaient été déployés efficacement. Le savoir-faire existe donc en Europe pour projeter rapidement des troupes capables de stopper les seigneurs de guerre et les soldats de l'armée régulière de tuer,mutiler et violer, hommes, femmes, enfants. Le contexte est sans doute différent aujourd'hui mais la nécessité de protéger les civils et la possibilité de les protéger par ce type de force déployée à titre exceptionnel et transitoire est la même.

Faut-il attendre de nouveaux massacres au Nord-Kivu  pour que l'Union européenne s'engage vraiment dans la protection des civils au-delà de la fourniture d'aide humanitaire ? Faut-il attendre que les troupes de Laurent Nkunda menacent réellement Goma pour réagir trop tard et dans l'urgence ?

Nous espérons que nos politiques ne font pas ce type de raisonnement cynique. Quand des centaines de milliers de civils ont été pourchassés, pillés, quand les femmes sont violées, quand les enfants sont enrôlés de force, il est moralement inacceptable de ne pas agir.

Les meurtriers vont plus vite que les diplomates... Nous nous devons de les rattraper, de les empêcher de nuire et un jour de les juger.

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