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(Jakarta, 21 février 2007) – Actuellement, 18 Papous au moins purgent des peines dans les prisons indonésiennes pour de simples actes pacifiques de liberté d’expression et d’opinion, a déclaré Human Rights Watch dans un nouveau rapport publié aujourd’hui. Cet emprisonnement viole le droit international et les obligations légales internationales de l’Indonésie.

Le rapport, qui comporte 42 pages et s’intitule « Manifestations et punitions : Les prisonniers politiques en Papouasie, » présente en détail la façon dont le gouvernement indonésien continue à recourir au droit pénal pour punir les individus qui militent pacifiquement pour l’indépendance dans les provinces occidentales indonésiennes de Papouasie et de l’Irian Jaya (ci-après désigné comme Papouasie). Tous les prisonniers ont été accusés de trahison ou d’inciter à la haine contre le gouvernement pour des activités non violentes comme lever un drapeau ou participer à des réunions pacifiques sur les possibilités d’autodétermination pour la Papouasie.

« L’Indonésie prétend être devenue une démocratie, mais les démocraties ne mettent pas en prison les gens qui s’expriment pacifiquement, » a déclaré Brad Adams, directeur pour l’Asie à Human Rights Watch. « Les militants politiques de Papouasie n’ont pas vraiment accès à une véritable liberté d’expression, d’assemblée et d’association. »

En juin 2000, Linus Hiluka a été inculpé de trahison contre l’Etat et d’incitation à la haine à cause de son association avec une organisation indépendantiste, le Baliem Papua Panel, accusée d’être une organisation séparatiste qui essaye de détruire l’intégrité territoriale de l’Indonésie et qui commet des crimes contre la sécurité de l’Etat. A aucun moment, Hiluka n’a été accusé d’aucune activité criminelle ou violente. Mais il a été reconnu coupable et condamné à 20 ans de prison.

Le 26 mai 2005, Filep Karma et Yusak Pakage ont été reconnus coupables de rébellion et d’incitation à la haine contre le gouvernement pour avoir organisé des célébrations pacifiques le 1er décembre 2004, et ce afin de célébrer la journée nationale de la Papouasie. Pour ces faits, ils ont été condamnés respectivement à 15 et 10 ans de prison.

Dans le rapport « Manifestations et punitions » Human Rights Watch a mentionné seulement les affaires où l’accusé a été reconnu coupable pour s’être exprimé pacifiquement. Il y a beaucoup d’autres affaires en Papouasie dans lesquelles des individus ont été accusés ou bien condamnés pour des crimes contre la sécurité de l’Etat et où il a été prétendu que l’accusé s’était livré à la violence ou bien avait prôné la violence. Human Rights Watch n’a pas mentionné ces affaires dans ce rapport, même celles où les allégations d’actions violentes ou de prises de position en faveur de la violence ne semblaient pas s’appuyer clairement sur des preuves.

Human Rights Watch a aussi fait remarquer que les restrictions sévères imposées par le gouvernement pour l’accès à la Papouasie rendent difficile l’identification de toutes les affaires ou de vérifier totalement la situation des droits humains en Papouasie.

« Tant que la Papouasie n’est pas complètement ouverte aux enquêtes, il existera un doute et une confusion sur l’étendue des exactions qui s’y commettent, » a affirmé Adams. « Comme nous l’avons vu à Aceh, des conditions restrictives créent un terrain propice à des exactions incontrôlées. Si le gouvernement n’a rien à cacher, il devrait ouvrir la Papouasie au monde extérieur. »

Les tribunaux en Papouasie ont joué un rôle négatif dans les décisions portant sur des affaires de trahison ou d’incitation à la haine. Dans presque chaque affaire mentionnée dans le rapport, les tribunaux ont prononcé des sentences plus dures que celles demandées par le procureur, en dépit du fait que les « crimes » des accusés étaient des actes d’expression politique pacifique légitime.

« L’appareil judiciaire n’agit pas de façon indépendante et ne rejette pas les affaires qui sont clairement de nature politique, » a souligné Adams. « Au lieu de soutenir les droits individuels, les tribunaux sont utilisés comme instrument de répression politique. »

Human Rights Watch a demandé au gouvernement indonésien de relâcher immédiatement tous les prisonniers politiques en Papouasie et d’abandonner toutes les charges en suspens contre les individus attendant leur procès. Human Rights Watch a aussi pressé le gouvernement d’abroger les lois larges et vagues qui criminalisent la propagation de « la haine » et la trahison afin de garantir qu’il ne puisse y avoir d’autres poursuites en violation du droit international. Pendant de nombreuses années, Human Rights Watch a réclamé l’amendement du Code pénal indonésien pour qu’il soit conforme au droit international afin de protéger les libertés fondamentales d’expression, d’assemblée et d’association.

En 2006, l’Indonésie est devenue membre du Conseil des Nations Unies aux droits humains et du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Elle a aussi adhéré à la Convention internationale sur les droits civils et politiques et à la Convention internationale sur les droits culturels, sociaux et économiques. Ces signes montrent que l’Indonésie veut être acceptée comme membre de la communauté internationale respectueux des droits.

« La répression décrite en détail dans ce rapport montre que l’Indonésie a encore un long chemin à parcourir pour garantir de réelles protections des droits humains fondamentaux, » a souligné Adams. « Il existe un fossé évident entre les discours et les engagements internationaux de l’Indonésie, et la réalité sur le terrain. »

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