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Aujourd’hui 2 novembre 2006, voilà quatre mois que l’Union africaine a donné mandat au Sénégal de « poursuivre et de faire juger » Hissein Habré et plus de cinq mois que le comité des Nations Unies contre la torture a rendu son rapport invitant le Sénégal à juger ou extrader l’ancien président du Tchad. L’Association des Victimes des Crimes et de la Répression Politique au Tchad (AVCRP) est très préoccupé de constater que le Sénégal n’a pris aucune mesure significative pour appliquer l’une ou l’autre de ces décisions.

Le 17 Mai 2006, le Comité contre la torture a conclu que le Sénégal a commis une double violation en refusant de juger M. Habré en 2000, puis de l’extrader en 2005 et il a demandé aux autorités sénégalaises d’indiquer les mesures prises pour que M. Habré réponde de ses crimes devant les juridictions sénégalaises, belges ou devant toute autre juridiction.

Le 2 juillet 2006, l’Union africaine (UA), s’appuyant sur les recommandations du Comité, a rappelé les obligations du Sénégal au regard de la Convention contre la torture. Mais plus encore, la décision de l’UA a donné mandat au Sénégal de faire juger Hissein Habré « au nom de l’Afrique ». Le même jour, le Président du Sénégal, Maitre Abdoulaye Wade, a pris la décision, tout à l’honneur du Sénégal, de mettre en œuvre ce mandat.

Nous qui luttons depuis maintenant 15 années pour que les victimes et les familles de victimes de l’ancien bourreau de N’Djaména obtiennent justice, avons l’espoir que justice soit finalement rendue. Toutefois, il semble que les autorités sénégalaises n’aient ni donné suite à la demande des Nations Unies ni appliqué la résolution de l’Union africaine.

Il est certain que si la République du Sénégal entend maintenir sa réputation de pays respectueux de ses engagements, qui tient parole, elle doit agir avec diligence et de manière efficace avant qu’il ne reste plus aucune victime vivante pour assister au procès. Rappelons que plusieurs de nos camarades, victimes et membres de l’AVCRP, qui avaient portés plainte devant les juridictions sénégalaises ou belges en 2000, sont depuis décédés.

L’AVCRP, demande au Sénégal d’indiquer au Comité contre la torture et à l’Union africaine :

  • L’état de la modification de sa loi pour lui permettre de juger Habré ;
  • Un plan de mise en œuvre pour l’organisation de l’instruction et du procès ;
  • Le budget nécessaire pour mener ce procès.

L’AVCRP demande en outre : A l’Union africaine de :

  • Presser le Sénégal d’agir rapidement, de lui renouveler officiellement son soutien, en particulier son appui financier
  • Dépêcher à Dakar un envoyé spécial de l’Union africaine pour accompagner et appuyer la procédure contre Hissein Habré

Au Tchad de :

  • Renouveler son soutien, en particulier sa coopération dans le cadre de l’enquête portant sur les crimes de Hissein Habré au Tchad et du déplacement des victimes et des témoins au Sénégal

A la Belgique de :

  • Se maintenir prêt, comme les autorités belges l’ont déjà annoncés, à saisir les voies de recours prévus par l'article 30 de la Convention des Nations unies contre la torture, et le cas échéant la Cour internationale de Justice, si le Sénégal manquait à ses obligations internationales;
  • Aviser le Sénégal sur la mise à disposition intégrale de son travail d’enquête et plus largement sur son entière coopération judiciaire

A la Communauté Internationale :

  • D’accompagner la procédure et d’assurer le Sénégal de son appui financier au procès

Nous espérons sincèrement, que le Sénégal, fidèle à sa tradition démocratique, et attaché au respect des principes des droits de l’homme, se fera un devoir de respecter ses engagements auprès de l’Union africaine et de la communauté internationale. Bien que le Sénégal nous a déçus par deux fois, nous espérons toujours trouver justice auprès de nos frères sénégalais et pouvoir enfin faire le deuil de ces années sombres et douloureuses de nos vies et notre histoire.

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