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Soudan : l’accord de paix doit tenir ses promesses sur l’aide au Darfour

Faire cesser les attaques contre les travailleurs humanitaires

(New York)- Les parties en guerre au Darfour doivent cesser les attaques contre les agences humanitaires et faciliter l'accès aux civils ayant besoin d'assistance, a déclaré Human Rights Watch dans un document de présentation de 29 pages publié aujourd'hui.

L'accord de paix d'Abuja, signé par le gouvernement soudanais et le principal groupe rebelle vendredi est un premier pas encourageant mais le problème principal reste la mise en œuvre de cet accord, a déclaré Human Rights Watch. Il est vital que le Conseil de sécurité des Nations unies fasse avancer la question de la transition de la force actuelle de l'Union africaine vers une force de protection des Nations unies. Faire appliquer l'accord et assurer une protection réelle des civils et leur accès à l'aide humanitaire restent la première priorité.  

« Après trois années d'attaques effroyables, plus de trois millions de personnes au Darfour dépendent de l'aide internationale pour survivre, » a déclaré Peter Takirambudde, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les parties en guerre doivent permettre aux travailleurs humanitaires d'accéder aux personnes dans le besoin. La communauté internationale doit s'assurer qu'ils restent fidèles à l'accord. »  

Les personnes en charge des secours ont beaucoup de difficultés pour atteindre des centaines de civils qui ont extrêmement besoin de nourriture, d'eau, de logement et d'une protection contre d'autres attaques au Darfour, face à une insécurité croissante, à des attaques ciblées contre les travailleurs humanitaires et aux entraves administratives du gouvernement soudanais. Selon le droit international humanitaire (le droit de la guerre), les parties en guerre doivent permettre aux agences humanitaires impartiales d'aider les civils et les attaques contre les travailleurs humanitaires ou l'obstruction délibérée faite aux tentatives de secours peuvent constituer des crimes de guerre.  

La détérioration de la situation des droits humains au Darfour survient en dépit de nombreux engagements, tant du gouvernement soudanais que des mouvements rebelles, à respecter un accord de cessez-le-feu d'avril 2004 et à protéger les civils.  
L'organisation des Nations unies estime qu'elle n'a pas accès ou un accès limité à 650 000 civils au moins nécessitant une assistance.  

Dans les zones où les agences humanitaires peuvent accéder en toute sécurité aux civils, le gouvernement soudanais a également fait obstruction aux activités de secours via une campagne de « harcèlement administratif ». Les restrictions administratives concernent les délais dans l'obtention des visas et des autorisations de voyager et le recours à une nouvelle loi régulant les activités des organisations non-gouvernementales (ONG) pour imposer des règles arbitraires et onéreuses aux agences humanitaires.  

Le plus haut responsables des Nations unies en charge des questions humanitaires, Jan Egeland, devait se rendre au Soudan, notamment au Darfour, le 6 mai, un mois après le refus du gouvernement soudanais de lui accorder l'entrée dans le pays.  

« La pression internationale a forcé le gouvernement soudanais à autoriser les agences humanitaires au Darfour en 2004 mais depuis lors, Khartoum tente d'étouffer les tentatives de secours, » a déclaré Takirambudde. « La nouvelle loi sur les ONG est simplement la dernière tentative du Soudan pour entraver l'apport d'une aide salutaire à ses citoyens. »  

Au cours des 21 années de guerre civile dans le Sud du Soudan, le gouvernement soudanais a régulièrement empêché l'aide humanitaire d'arriver aux populations civiles, utilisant des tactiques qui vont des refus catégoriques aux interdictions de vols en passant par tout un éventail d'obstacles administratifs, comme les délais pour accorder les visas et les autorisations de voyager. De telles tactiques ont contribué au décès de dizaines de milliers de personnes mortes de faim et de maladies.  

La montée de la violence contre les travailleurs humanitaires et les restrictions pesant sur leurs efforts participent d'une recrudescence plus large du nombre des attaques contre les civils et des accrochages entre les parties en guerre dans le Darfour, au cours des six derniers mois. Accéder aux civils est devenu extrêmement difficile dans la zone frontière très instable du Darfour occidental qui déborde sur le Tchad, à cause de la prolifération des groupes armés et des attaques de plus en plus violentes contre les convois humanitaires.  

Les mouvements rebelles du Darfour ont également limité l'accès des agences humanitaires à de nombreuses régions. Dans le Nord et l'Ouest du Darfour, divers mouvements rebelles, dont la force principale de l'Armée de libération du Soudan/Mouvement, ont pillé des convois humanitaires et enlevé des travailleurs humanitaires.  

« Les attaques contre les travailleurs humanitaires et l'obstruction délibérée faite à l'aide humanitaire sont des crimes de guerre, » a déclaré Takirambudde. « Les commandants rebelles au Darfour doivent donner pour instruction à leurs forces de protéger tous les civils, notamment les travailleurs humanitaires ainsi que le matériel humanitaire destiné aux civils. »  

Human Rights Watch a appelé toutes les parties en guerre à cesser les attaques contre les civils, notamment les travailleurs humanitaires et à faciliter immédiatement l'accès de l'aide humanitaire aux civils.

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