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La Ligue arabe doit soutenir la force de protection des Nations Unies au Darfour

Le sommet à Khartoum ne doit pas fermer les yeux sur les atrocités commises au Soudan

Lors du sommet de la Ligue arabe à Khartoum, les dirigeants arabes devraient approuver le projet de transformation rapide de la mission de l’Union africaine au Darfour en une force de protection des Nations Unies, a déclaré aujourd’hui une coalition d’organisations internationales et arabes de défense des droits de l’homme. De plus, les responsables officiels arabes devraient encourager leurs homologues soudanais à accepter la transition vers une force de maintien de la paix de l’ONU.

Les leaders de la Ligue arabe se réuniront aujourd’hui dans la capitale soudanaise pour un sommet de deux jours. Figure à l’ordre du jour la proposition de l’Union africaine de transformer la mission de l’UA au Soudan (AMIS) en une opération menée par l’ONU. Il y a quelques semaines, le gouvernement soudanais a lancé une campagne diplomatique massive pour contrecarrer la proposition de transition de l’ONU.

A juste titre, la Ligue arabe a réprouvé les attaques commises sur les populations civiles dans la région, mais elle est restée silencieuse en ce qui concerne les atrocités commises par le Soudan au Darfour. Cette fois, les leaders arabes doivent faire passer les intérêts du peuple soudanais en premier et soutenir la transition vers une force de maintien de la paix de l’ONU au Darfour.

Le gouvernement de Khartoum a usé dans le passé de ses talents diplomatiques pour inciter la Ligue arabe à ignorer les abus soudanais au Darfour. En 2004, la Ligue arabe avait envoyé au Darfour sa propre commission d’enquête, qui avait réprouvé les « violations massives des droits de l’homme » par les milices pro-gouvernementales. Mais après des contestations par le Soudan, la Ligue arabe a minimisé l’importance des conclusions de la commission.

La campagne menée par le gouvernement soudanais au Darfour a conduit deux millions de personnes à quitter leurs maisons et a forcé plus de 220 000 personnes à fuir vers des camps de réfugiés au Tchad. La campagne de Khartoum, débutée en 2003, a pris pour cible les civils du même groupe ethnique que ceux des deux mouvements rebelles du Darfour, l’Armée/Mouvement de Libération du Soudan et le Mouvement pour la Justice et l’Egalité. Participant à cette campagne de « nettoyage ethnique », Khartoum a encouragé et aidé les membres des groupes ethniques soudanais à attaquer leurs voisins.

L’escalade de la violence au Darfour a laissé des centaines de milliers de gens sans nourriture ni protection. Une force de maintien de la paix menée par l’ONU est nécessaire afin de rétablir la distribution des aides humanitaires interrompue par les attaques.

Pendant les trois derniers mois, la situation sécuritaire au Darfour s’est nettement dégradée. Des milices Janjaweed soutenues par Khartoum, des rebelles du Darfour et des bandits y ont attaqué des convois d’aide humanitaire. Les forces du gouvernement soudanais et les milices Janjaweed ont continué d’attaquer les civils, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des camps de déplacés. De plus, tous les acteurs du conflit ont constamment violé le cessez-le-feu instauré en 2004.

Depuis le mois de décembre dernier, le conflit a pris une dimension internationale importante. Les milices soudanaises soutenues par le gouvernement et les rebelles tchadiens ont lancé des attaques en dehors même des frontières du Soudan, plus précisément au Tchad, où certains membres du gouvernement soutiennent les deux groupes rebelles du Darfour.

Le 10 mars dernier, suite à l’intense pression de Khartoum, l’Union Africaine a prolongé de 6 mois le mandat de sa force au Darfour. L’ONU souhaite obtenir, durant cette période, un accord pour se déployer. L’Union Africaine fait valoir une situation de plus en plus complexe, et le besoin d’une source de financement stable pour déployer la mission de 7 000 hommes de l’UA chargée de la protection des civils. En 2004, l’augmentation des attaques contre les civils au Darfour a obligé la mission de l’UA à passer du contrôle d’un cessez-le-feu inexistant à la protection de civils en danger imminent. L’Union Africaine a augmenté ses forces de 300 hommes jusqu’à plus de 7 000. Néanmoins, cette force élargie continue de souffrir d’un manque de capacité, de soutien technique insuffisant, et de l’obstruction incessante du gouvernement soudanais.

Avec l’augmentation du nombre d’attaques au Darfour et la propagation de la violence au Tchad, le transfert vers une force de l’ONU doit débuter dès maintenant. Toutefois, pendant les mois d’intérim, la mission de l’UA a besoin d’un financement et d’un soutien complets.

Le gouvernement soudanais a réagi à la proposition de transfert en faisant pression sur la Ligue arabe et les membres de l’Union Africaine. Khartoum a mené une propagande anti-ONU dans la presse soudanaise en comparant l’arrivée des « forces étrangères » au Darfour à l’invasion des Etats-Unis en Irak.

Cependant les officiels soudanais omettent de mentionner que 6 000 soldats de l’ONU, provenant des 60 plus grands pays africains et asiatiques, sont déjà déployés dans le centre et le sud du Soudan suivant l’accord de paix signé en 2005 qui mit fin à une guerre civile de 21 ans entre le gouvernement national et une autre force rebelle du Sud: l’Armée/Mouvement de Libération des peuples. On s’attend à ce que l’opération de maintien de la paix de l’ONU augmente ses effectifs, jusqu’à atteindre 10 000 hommes.

Le Soudan accueille déjà des troupes étrangères de l’ONU sur son territoire. Il est clair que Khartoum tente de manipuler l’opinion arabe en utilisant la fausse information d’une inexistante « invasion » du Soudan.

La coalition des organisations internationales et arabes de défense des droits de l’homme a appelé les leaders de la Ligue arabe qui se réunissent au sommet à :

  • Presser le gouvernement soudanais à accepter promptement et sans conditions le transfert vers une mission de l’ONU au Darfour ;
  • Condamner les violations du droit humanitaire international et des droits de l’homme commises par le gouvernement soudanais, les milices soutenues par le gouvernement, et les groupes rebelles au Darfour ;
  • Insister pour que le gouvernement soudanais cesse d’attaquer les civils et d’aider les milices ;
  • Demander à Khartoum de coopérer vivement pour arrêter les responsables des graves violations des droits de l’homme et du droit humanitaire au Darfour, y compris en coopérant complètement et en permettant un libre accès à la Cour. Pénale Internationale qui enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis au Darfour.

Communiqué de presse signé par les organisations non-gouvernementales de défense des droits de l’homme suivantes :

  • Arab Organization for Penal Reform
  • Bahrain Center for Human Rights (Bahrain)
  • Cairo Institute for Human Rights Studies (Egypte)
  • Egyptian Initiative for Personal Rights (Egypte)
  • Egyptian Organization for Human Rights (Egypte)
  • Human Rights Information and Training Center (Yémen)
  • Human Rights Watch (Etats-Unis)
  • Lebanese Association for Democratic Elections (Liban)
  • Moroccan Organization for Human Rights (Maroc)
  • Palestinian Organization for Human Rights (Liban)
  • Saudi Human Rights Center (Grande-Bretagne)
  • Sisters Arab Forum for Human Rights (Yémen)
  • Sudan Organization Against Torture (Grande-Bretagne)
  • Syrian Human Rights Organization (Syrie)
  • The Egyptian Center for Women’s Rights (Egypte)
  • The Human Rights Center for the Assistance of Prisoners (Egypte)

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