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(Bruxelles) - Le gouvernement congolais doit assurer la protection de deux militants des droits humains de premier plan, rentrés d’exil, a déclaré aujourd'hui Human Rights Watch.

Les deux défenseurs des droits humains originaires de Goma, dans la province du Nord-Kivu, ont fui le pays en décembre et janvier en compagnie de deux autres activistes de la société civile après avoir été menacés pour avoir dénoncé des violations des droits humains.

« Ces défenseurs des droits humains sont rentrés chez eux pour reprendre une activité vitale, celle de protéger les Congolais contre les abus, » a déclaré Alison Des Forges, conseillère à la division Afrique de Human Rights Watch. « Les autorités congolaises devraient se réjouir de leur retour et leur garantir qu’ils pourront travailler sans être menacés ni harcelés. »

Richard Bayunda du Centre de Recherche sur l'environnement, la démocratie et les droits de l'homme (CREDDHO) et Sheldon Munihire B. Hangi de Action sociale pour la paix et le développement (ASPD) sont rentrés à Goma le 5 novembre. Les deux autres activistes sont toujours en exil.

Fin 2004, Bayunda et Hangi ont dénoncé la distribution d’armes par les autorités provinciales aux civils ainsi que les crimes de guerre commis par les soldats lors des combats dans le Nord-Kivu. Tous les deux ont ensuite été menacés par téléphone. Des agents de sécurité qui cherchaient Bayunda se sont rendus chez lui et des assaillants inconnus ont tenté de pénétrer dans la maison de Hangi. Les responsables politiques et militaires provinciaux ainsi que les personnes en charge de la sécurité ont nié toute responsabilité dans les menaces et le harcèlement.

« Les responsables locaux ont minimisé la fuite des activistes en affirmant qu’ils essayaient simplement de se bâtir une vie facile en exil, » a déclaré Des Forges. « Cependant, en dépit de possibilités d’installation en Europe, ces deux activistes ont décidé de rentrer chez eux. Les autorités congolaises doivent considérer les droits humains avec le même sérieux que ces activistes. »

Les activistes des droits humains et les journalistes au Congo sont régulièrement menacés et intimidés parce qu’ils dénoncent les abus et ceux qui les prennent pour cibles ne sont pratiquement jamais punis. Le 28 octobre, des agents de sécurité en civil ont arbitrairement arrêté Jean-Marie Kanku, rédacteur de L’Alerte, un journal basé à Kinshasa qui a publié des articles sur des scandales de corruption impliquant les services de sécurité. Il a été détenu en secret pendant plusieurs jours et accusé ensuite « d’atteinte à la sécurité de l’Etat ».

En juillet, Pascal Kabungulu Kibembi, un activiste des droits humains de premier plan, a été tué par balle dans sa maison de Bukavu par des hommes armés. En réponse à des protestations internationales, le gouverneur du Sud-Kivu a formé une commission d’enquête pour enquêter sur le meurtre. Le mandat de la commission a pris fin début septembre mais aucun rapport n’a été publié. Dans le même temps, trois personnes arrêtées en lien avec ce crime restent en détention sans avoir été jugées.

« Le gouvernement ne cesse d’évoquer la commission d’enquête lorsqu’il est interrogé sur le meurtre de Kibembi mais à ce jour, personne n’a été jugé, » a déclaré Des Forges. « La communauté internationale devrait insister pour que les personnes coupables de ce crime soient traduites en justice. »

Human Rights Watch a appelé les autorités congolaises à agir et a également exhorté la Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC) à suivre la situation des défenseurs des droits humains et à intervenir pour protéger toute personne menacée.

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