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Le moment critique est venu pour le Conseil de Sécurité des Nations Unies de prendre des mesures vigoureuses contre les atrocités que le Soudan continue de perpétrer au Darfour, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Le rapport présenté aujourd'hui par le représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU pour le Soudan, Jan Pronk, lors de son briefing évitait de dire implicitement que le gouvernement soudanais est responsable de la purification ethnique et des atrocités qui continuent d'être commises au Darfour.

“Il y a trente-quatre jours, le Conseil de Sécurité de l'ONU a dit aux autorités de Khartoum qu'elles avaient 30 jours pour mettre fin aux violations massives des droits humains et pour contenir les Janjawids,” a indiqué Georgette Gagnon, directrice adjointe à la Division Afrique de Human Rights Watch. “Que le Conseil de Sécurité de l'ONU n'agisse pas en fonction des strictes exigences qu'il a lui-même posées constitue le pire message qu'il puisse faire passer.”

Dans sa résolution 1556 du 30 juillet sur le Darfour, le Conseil de Sécurité faisait part de son intention d'envisager la prise de sanctions à l'encontre du gouvernement soudanais en vertu de l'Article 41 de la Charte des Nations Unies. Il a imposé des sanctions contre les milices janjawids ainsi qu'un embargo sur les armes au Darfour mais il n'a pas autorisé la mise en application de ces sanctions.

Au cours des dernières semaines, Human Rights Watch a fourni des informations détaillées sur les déprédations ininterrompues dont sont victimes les civils au Darfour, et notamment sur l'existence d'au moins 16 camps de Janjawids armés qui terrorisent les civils au vu et au su de tous.

Human Rights Watch a déclaré que les Nations Unies devaient de toute urgence renforcer les troupes et les observateurs internationaux au Darfour, imposer un embargo sur les armes à l'encontre du gouvernement soudanais et mettre sur pied une commission d'enquête internationale.

Bien que le rapport du Secrétaire Général signale que le gouvernement soudanais n'a pas protégé les civils ni désarmé les milices ethniques janjawids responsables d'une grande partie des attaques menées contre les civils —engagements importants pourtant pris par le gouvernement—, il semble peu probable que le Conseil de Sécurité prenne de nouvelles mesures immédiates pour protéger la vie des civils au Darfour.

Plus surprenant encore, Human Rights Watch a indiqué que le rapport omettait de reconnaître ce que plusieurs agences de l'ONU et nombre de rapporteurs indépendants mettaient en évidence: le gouvernement soudanais est responsable des attaques menées contre les civils, soit directement, soit par le biais des milices janjawids qu'il soutient.

“Bien qu'il semble que le Conseil de Sécurité de l'ONU n'agira pas aujourd'hui, il y a encore une chance pour que les Nations Unies tiennent finalement leurs promesses vis-à-vis des habitants du Darfour,” a déclaré Gagnon.

Human Rights Watch a appelé le Conseil de Sécurité à demander de toute urgence à l'Union africaine, aux termes du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, de renforcer ses troupes sur le terrain au Darfour et d'étendre son mandat à la protection des civils. L'U.A. dispose actuellement de 305 soldats sur le terrain dans le cadre du mécanisme d'observation du cessez-le-feu. Un plan ONU/U.A., élaboré la semaine dernière par le Conseil de Sécurité, prévoit de compter sur le terrain 3.000 militaires et 1.200 policiers de l'U.A. Le gouvernement soudanais a rejeté les offres de l'U.A. d'élargir son mandat et la force d'observation pour protéger les civils.

Gagnon a souligné que le Conseil de Sécurité devrait instituer une Commission d'enquête internationale afin de recueillir des preuves relatives aux atrocités commises au Darfour. Le Haut Commissaire aux Droits de l'Homme de l'ONU avait fait cette recommandation dans un rapport datant du 7 mai et plus tard lors d'un briefing au Conseil de Sécurité. Le rapport du Secrétaire Général ne fait pas mention d'une telle commission.

Human Rights Watch prie instamment le Conseil de Sécurité d'imposer des sanctions à l'égard des hauts responsables militaires et civils au sein du gouvernement soudanais, notamment des interdictions de voyager et le gel de leurs avoirs, ainsi qu'un embargo sur les armes frappant l'ensemble du territoire soudanais, assortis de mécanismes de mise en application pour toutes les sanctions.

Depuis l'expiration de l'ultimatum de 30 jours fixé initialement, Human Rights Watch dit qu'il faut que le Conseil de Sécurité annonce quand il se réunira pour décider des nouvelles mesures à prendre concernant l'attitude du gouvernement soudanais conformément à la résolution 1556 dudit Conseil, et il faut qu'il précise quelles nouvelles dates butoirs seront imposées.

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