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Tant les soldats gouvernementaux que les forces dissidentes ont commis des crimes de guerre à Bukavu, tuant et violant des civils dans leur combat pour contrôler la ville située à l'Est du Congo.

Le 26 mai, les forces dissidentes sous le commandement du Brigadier Général Laurent Nkunda et du Colonel Jules Mutebutsi ont lancé une insurrection contre l'armée nationale unifiée de la 10e Région militaire à Bukavu. Entre le 26 et le 28 mai, les troupes gouvernementales ont tué au moins 15 civils, notamment des personnes appartenant à la minorité ethnique congolaise connue sous le nom de Banyamulenge. Les troupes dissidentes ont tué des civils et commis des violences sexuelles généralisées contre des femmes et des filles; certaines d'entre elles n'avaient pas plus de trois ans. Selon des estimations non confirmées émanant des agences humanitaires internationales, 80 personnes auraient perdu la vie lors des combats dans la ville entre le 26 mai et le 6 juin.

"Une fois encore, les civils ont été pris pour cibles par tous les camps", a déclaré Stephan Van Praet, directeur de campagne à la Division Afrique de Human Rights Watch. "Les commandants disent qu'ils ont agi pour protéger les civils mais en lieu et place de protection, leurs soldats ont violé et tué".

Au cours des derniers mois, des factions rebelles d'anciens groupes d'insurgés en Ituri et dans les Kivus ont eu recours à la violence pour s'opposer à l'incorporation au sein de la nouvelle armée congolaise et pour défier l'autorité du fragile gouvernement de transition dans la capitale Kinshasa. Les autorités de Kinshasa n'ont pas été en mesure de relever les défis politiques ni de mettre un terme à la violence. Des sources locales ont prétendu avoir identifié des militaires rwandais travaillant aux côtés des forces dissidentes, accusation que le Rwanda a niée catégoriquement.

Human Rights Watch a loué la Mission de l'ONU en République Démocratique du Congo (MONUC) pour avoir sauvé la vie à de nombreux civils mais l'organisation s'inquiète de son apparente incapacité à protéger les civils en utilisant les pleins pouvoirs qui lui sont conférés aux termes du Chapitre VII relatif à son mandat. Les troupes gouvernementales ont repris Bukavu le 9 juin après le retrait des forces dissidentes mais des craintes subsistent que les civils soient à nouveau pris pour cibles en guise de représailles.

Le Général Nkunda a été accusé par Human Rights Watch d'avoir commis des crimes de guerre à Kisangani en mai 2002 lorsqu'une tentative de mutinerie au sein du Rassemblement congolais pour la démocratie-Goma (RCD-Goma), un groupe rebelle appuyé par le Rwanda, a été brutalement réprimée, conduisant à la mort de quelque 160 personnes. Le Général Nkunda n'a jamais fait l'objet d'une enquête et il a été par la suite proposé pour occuper un poste important au sein de la nouvelle armée unifiée, offre qu'il a refusée.

"Des enquêtes doivent être menées à propos des graves crimes commis à Bukavu et les responsables doivent être traduits en justice", a déclaré Van Praet. "Les commandants coupables ne doivent pas être récompensés pour leurs actions; il s'agit d'une pratique que nous constatons trop fréquemment en RDC".

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