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Les images de cadavres empilés devant l’ambassade des Etats-Unis à Monrovia au mois de juillet ont perturbé la conscience des Américains. Malgré la présence de plusieurs milliers d’officiers de la marine en dehors des côtes libériennes, il n’y a pas encore d’engagement réel de la part de Washington pour trouver une solution à la crise libérienne.

Si le public détenait plus d’information concernant la manière dont les Libériens se trouvant devant la porte de l’ambassade avaient été tués, il pourrait aussi comprendre à quel point l’action des Américains a jusqu’ici été limitée, et ce que Washington doit encore faire. Les forces de maintien de la paix ne résoudront pas le problème à elles seules.

Les morts étaient des civils tués dans des bombardements lancés de façon indiscriminée par les rebelles fin juillet. Des dizaines d’obus de mortier sont tombés sur une enceinte en face de l’ambassade des Etats-Unis, où des milliers de civils avaient trouvé refuge. Des dizaines de civils sont morts, et plus de 2.000 personnes ont été blessées par des obus de mortiers et des balles perdues pendant l’attaque.

Où les rebelles avaient-ils obtenu les mortiers? Fin juin, des troupes appartenant au Libériens Unis pour la Réconciliation et la Démocratie (LURD) étaient en rupture de munitions et ont été contraintes d’abandonner une offensive à Monrovia. Trois semaines plus tard, avec de nouveaux approvisionnements en munitions, parmi celles-ci des obus de mortiers de 81 et 82 millimètres, le LURD a attaqué de nouveau. Ses bombardements ont causé une grande partie des morts et blessés autour de l’ambassade des Etats-Unis.

Les mortiers du LURD sont très probablement arrivés par le pays voisin, la Guinée, qui bénéficie de l’aide militaire américaine. Human Rights Watch a documenté les liens entre le LURD et la Guinée l’année dernière et a demandé à la Guinée et aux Etats-Unis de tenir le LURD responsable de sa conduite de guerre abusive. Ce printemps, un panel d’expert de l’ONU, qui avait aussi fait le lien entre la Guinée et le LURD, a signalé des soupçons concernant le fait que les vols pour la Guinée par une société minière portaient des armes qui étaient ensuite transportées jusqu’au LURD par voie de mer et par voie de terre.

Tardivement, le gouvernement des Etats-Unis a demandé à la Guinée de mettre terme à son soutien au LURD. Cependant, la Guinée a jusqu’ici évité la condamnation internationale pour son rôle dans l’alimentation du conflit libérien.

La Côte d’Ivoire a joué un rôle similaire en armant l’autre groupe rebelle libérien, le Mouvement pour la Démocratie au Liberia (MODEL). Des témoins ont raconté à Human Rights Watch que le gouvernement ivoirien a recruté des soldats pour son propre conflit en promettant qu’ils pourront “garder leurs armes et les ramener au Liberia pour combattre Taylor”. Toulepleu, une ville de l’ouest de la Côte d’Ivoire, s’est avérée une base idéale pour MODEL afin de lancer des attaques vers le Liberia.

Le gouvernement libérien de Charles Taylor était également dépendant de l’aide de l’autre coté de la frontière. Le gouvernement libérien est mis sous sanctions par l’ONU, mais compte sur les alliés régionaux, tels que le Burkina Faso, pour dissimuler les importations illégales d’armes. Des vols nocturnes réguliers pour l’Aéroport International de Robertsfield à Monrovia ont continué jusqu’au début août.

Les rebelles du LURD et du MODEL bénéficient de l’antipathie régionale et internationale qui existe envers Charles Taylor, ce dernier ayant fomenté l’instabilité et les abus contre les droits humains à travers l’Afrique de l’Ouest, ce qui lui a valu d’être mis en examen pour crimes de guerre en Sierra Leone avant d’être contraint en exil au Nigeria le mois dernier. Les milices de Taylor ont régulièrement recruté des enfants, torturé, violé et sommairement exécuté des civils au Liberia.

L’intervention ouest-africaine a apporté une certaine stabilité à Monrovia, mais les forces régionales restent trop petites pour déployer en dehors de la capitale dans un nombre significatif. Cependant, les trois camps s’opposant dans la guerre libérienne – les milices gouvernementales, le LURD et le MODEL – ont continué de violer, ravager et déplacer les civils dans les milieux ruraux. Ceci malgré le départ de Taylor et les arrangements pour un gouvernement intérimaire de prendre le pouvoir à Monrovia le mois prochain.

Le Liberia a un besoin urgent de plus de forces de maintien de la paix. Mais l’Afrique de l’Ouest en tant que région a tout autant besoin d’une diplomatie habile. La guerre au Liberia est une guerre régionale, et les Etats-Unis ont laissé passer plusieurs opportunités d’engager les gouvernements ouest-africains d’une manière qui aurait pu diminuer les souffrances causées par cette guerre. L’administration Bush ne devrait pas perdre une chance de plus.

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