Droits humains : l'actualité à suivre aujourd'hui
Burundi: Abus généralisés visant l'opposition | Soudan: Au Darfour, les miliciens massacrent et marquent leur territoire | Burkina Faso: "Les atrocités commises au nom de la sécurité ne feront que grossir les rangs des terroristes" | Suisse: Les femmes en grève contre l'inégalité salariale | Colombie: Transmettre le VIH n'est plus un crime | Brésil: la Cour suprême criminalise l'homophobie et la transphobie
BURUNDI : Les autorités du Burundi et des jeunes affiliés au parti au pouvoir ont battu, arrêté arbitrairement, fait disparaître et tué des dizaines d’opposants politiques réels ou supposés, alerte Human Rights Watch dans un rapport publié le 12 juin. Celui-ci documente au moins trois meurtres, quatre disparitions et vingt-quatre arrestations arbitraires de membres de l’opposition réels ou perçus comme tels dans huit provinces depuis janvier 2019. Human Rights Watch a aussi documenté trois meurtres et une disparition datant d’après le referendum de mai 2018. Le nombre de victimes est probablement plus élevé.
Le rapport intervient alors que le Conseil de sécurité de l’ONU est censé aborder la question de la situation au Burundi aujourd'hui. Cette réunion de l’ONU s’inscrit également dans un contexte d’une médiation au point mort, initiée par l’East African Community (EAC) en 2015, après la crise et les violences électorales.
SOUDAN : Le comité central des médecins à Khartoum a confirmé qu'une dizaine de personnes ont été tuées depuis dimanche dernier au Darfour, à l'Ouest du pays. Des habitants du village al-Dalij, situé dans l'État du Darfour-Centre, ont été attaqués dimanche sur le marché du village par des miliciens Janjawid. Ils faisaient un sit-in pour participer à la désobéissance civile qui était décrétée par les contestataires et qui a été suspendue mardi soir.
Amnesty International et Human Rights Watch ont exprimé leur inquiétude à propos du retrait de la mission de l'ONU au Darfour, dans un contexte de répression accrue au Soudan en réponse à un mouvement national de contestation. «Il est difficile d'imaginer pire moment pour décider de mettre fin à la Minuad», la force de paix conjointe des Nations unies avec l'Union africaine (UA) au Darfour, a déclaré Jonathan Loeb, un conseiller de crise pour Amnesty. HRW a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à «préserver les capacités» de la Minuad «à protéger les civils et à surveiller les violations des droits humains», plutôt que «de donner le feu vert à une diminution continue» de ses moyens.
BURKINA FASO : Le pays est confronté à une dangereuse menace de la part de combattants islamistes armés qui assassinent des civils et menacent de déstabiliser d'autres pays d'Afrique de l'Ouest. Mais la stratégie antiterroriste abusive du gouvernement, notamment les exécutions sommaires de suspects, risque d'enflammer encore plus le conflit en poussant davantage de personnes dans les bras des agents recruteurs des groupes militants islamistes.
Les partenaires internationaux du Burkina Faso devraient faire entendre leur voix, insister pour que les autorités contiennent les unités qui commettent des atrocités et apporter un soutien crucial aux systèmes judiciaires civil et militaire, qui sont systématiquement négligés.
Human Rights Watch avait déjà alerté en mai sur la nécessité de respecter les droits humains lors des opérations antiterroristes.
SUISSE : 28 ans après une mobilisation massive des femmes, la moitié du pays est de nouveau appelée à faire grève aujourd'hui. Sous le mot d’ordre « plus de temps, plus d’argent et du respect », de nombreuses associations et des syndicats (UNIA, Union syndicale suisse…) demandent aux femmes de ne pas aller travailler ou de ne pas participer aux tâches ménagères.
Par cette mobilisation, les organisateur-ice-s souhaitent mettre en lumière les différences salariales, mais aussi insister sur la reconnaissance du travail domestique, dénoncer les violences faites aux femmes, et réclamer une meilleure représentation dans les hautes sphères des entreprises ou de la politique. Si les revendications sont très larges, "cela montre que tout est lié, que les inégalités font système". Ces revendications sont d'ailleurs très proches de celles de la mobilisation massive du 14 juin 1991, signe qu'il n'y a pas eu d'évolution flagrante.
Trois décennies après que le principe d’égalité entre les hommes et les femmes a été inscrit dans la Constitution, les femmes suisses touchent en moyenne environ 20 % de moins que les hommes (contre 15,2 % en France). Les femmes qui iront travailler sont ainsi appelées à quitter leur poste à 15h23, heure à laquelle « elles cessent mathématiquement d’être payées par rapport à leurs collègues masculins ».
COLOMBIE : L'ONUSIDA s’est félicitée hier de la décision de la Cour constitutionnelle de Colombie de supprimer la partie du code pénal qui criminalise la transmission du VIH et de l'hépatite B. L'organisation onusienne rappelle qu'une criminalisation trop large de la transmission du VIH est inefficace, discriminatoire et ne soutient pas les efforts de prévention des nouvelles infections au VIH.
La Cour constitutionnelle de Colombie a en effet établi que la loi violait les principes d'égalité et de non-discrimination, car elle distinguait les personnes vivant avec le VIH, les stigmatisait et limitait leurs droits. La Cour a établi que la loi créait un traitement différencié qui n’était pas raisonnable et constituait donc une discrimination. La Cour a également établi que cette loi violait les droits sexuels des personnes vivant avec le VIH et qu'elle était inefficace pour répondre aux objectifs de santé publique.
BRESIL : La cour suprême a décidé hier par huit voix contre trois de criminaliser l'homophobie et la transphobie, une mesure importante pour les minorités sexuelles d'un des pays qui comptent le plus grand nombre d'assassinats de personnes LGBT. Selon l'ONG Grupo Gay da Bahia, qui collecte des statistiques nationales depuis quatre décennies, il y a eu 387 meurtres et 58 suicides en 2017 au Brésil dus à ce que l'association appelle l'"homotransphobie". Une personne LGBT meurt toutes les 19 heures au Brésil (que ce soit un meurtre ou un suicide).
Le Tribunal fédéral suprême (STF) a provisoirement décrété que l’homophobie était équivalente au délit de racisme, en attendant que le Congrès – actuellement à majorité conservatrice et sous forte influence des Eglises évangéliques – élabore une loi spécifique pour réprimer ce type de discrimination. Les actes de racisme sont punissables au Brésil de un à trois ans de prison ou d'amendes. En conséquence de la décision du tribunal fédéral suprême, ces peines seront désormais applicables aux actes d'homophobie.