Notre méthodologie de recherche
Les personnes que nous interviewons
Méthodes d'entretien avec les victimes / témoins
Problèmes méthodologiques spécifiques détaillés
Human Rights Watch mène des enquêtes régulières et systématiques sur les violations des droits humains partout dans le monde. Nous réalisons activement et en permanence des recherches, rédigeons des rapports, et menons des activités de plaidoyer pour faire changer les choses dans plus de 70 pays. Nous choisissons de concentrer notre travail sur les pays et les problèmes pour lesquels nous jugeons notre vigilance nécessaire, et où nous pouvons faire évoluer les choses. Nous traitons les cas urgents, mais nous nous attaquons également aux problèmes de droits humains enracinés, existant de longue date, ou qui se dégradent continuellement.
Nous employons plus de 80 chercheurs qui sont au cœur de notre travail. Les chercheurs travaillent selon une méthodologie établie, éprouvée et cohérente fondée sur la collecte d'informations à partir d'un large éventail de sources, et avec comme élément central la recherche sur le terrain. Certains de nos chercheurs sont sur le terrain de façon permanente, sur les lieux faisant l'objet de leurs recherches ou à proximité, dans des endroits aussi variés que Bujumbura, le Caire, Bangkok, ou Tachkent. D'autres travaillent depuis nos bureaux principaux de New York, Berlin, Bruxelles, Londres, Johannesbourg, Moscou ou Washington DC. Tous partent régulièrement en mission pour mener des enquêtes de terrain et s'entretenir avec les victimes et les témoins, afin de mettre les histoires humaines au centre et au premier plan de nos rapports et de nos actions de plaidoyer. Ils collaborent avec les activistes de la société civile locale, les avocats, les journalistes, et ils s'attachent à prendre contact avec les représentants du gouvernement au niveau local et national. Depuis leur base permanente nos chercheurs suivent constamment les évolutions liées à leurs travaux grâce aux médias, aux données communiquées par les organisations partenaires et le milieu de la recherche, ainsi qu'à des échanges continus par téléphone et par e-mail avec des contacts de confiance parmi les activistes locaux.
L'enquête sur un problème va de pair avec le travail sur l'approche de plaidoyer : nos recherches ne concernent pas simplement les victimes et les auteurs de crimes, elles visent à déterminer qui peut et doit endosser la responsabilité de mettre fin aux violations des droits humains et d'assurer des réparations, à établir en détail les actions particulières que ces responsables doivent entreprendre, et à identifier qui d'autre possède l'influence et le poids nécessaires pour exercer des pressions.
Tous nos chercheurs rejoignent Human Rights Watch porteurs d'un engagement profond pour les droits humains et d'une expertise préalable sur les pays ou problèmes auxquels ils s'attachent. Ils viennent d'horizons divers tels que le droit, le journalisme, l'activisme de la société civile au niveau local ou national, ou encore le milieu de la recherche universitaire. Beaucoup d'entre eux sont des professionnels expérimentés, venus d'organisations partenaires. Nos équipes de recherches sont organisées au sein de Human Rights Watch de manière géographique et thématique: cinq divisions géographiques - Afrique, Amériques, Asie, Europe & Asie Centrale, et Moyen Orient & Afrique du Nord, plus un programme spécifique dédié aux Etats Unis - assurent notre envergure mondiale. Les divisions et les programmes thématiques nous permettent de concentrer nos efforts et d'approfondir certains problèmes spécifiques au sein des différents pays et régions : Armes ; Affaires & Droits Humains ; Droits des Enfants ; Terrorisme & Contre-terrorisme ; Santé & Droits Humains; Justice Internationale ; Droits des Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres ; Réfugiés ; Droits des Femmes. Les chercheurs travaillent sous l'égide de directeurs de division ou de programme, et des départements clés tels que le Service Juridique & Stratégique et le Service des Programmes, qui garantissent le maintien d'un haut niveau d'exactitude, d'objectivité et de force de conviction au sein de l'organisation.
Human Rights Watch développe ses stratégies de recherche et sélectionne ses thèmes de recherche en fonction des principes directeurs de l'organisation.
Les premières étapes de la recherche peuvent varier considérablement suivant qu'elle porte sur une urgence ou une violation des droits humains se développant rapidement, ou au contraire sur une violation de longue date ou des problèmes de droits humains sur le long terme. Dans le cas d'une urgence, nos chercheurs s'efforcent de rassembler des informations sur les violations ou les abus de la façon la plus rapide et la plus complète possible ; il importe pour cela que les chercheurs puissent être sur le terrain immédiatement, et nous envoyons soit nos spécialistes du pays ou du problème en question, soit nos chercheurs spécialistes des urgences. Pour les problèmes à plus long terme, nos chercheurs mettent à profit leur spécialisation préalable sur un pays ou un problème pour mener des recherches de fond, et se familiariser avec le contexte et les subtilités de leur sujet, avant de réaliser des entretiens avec les victimes et les témoins.
L'objectif des premières étapes de la recherche est de développer une connaissance approfondie et complète de l'incident ou de la violation des droits humains, et d'acquérir une compréhension solide du contexte politique, social et culturel local dans lequel cet incident s'est produit. Le chercheur doit également intégrer la violation dans le cadre du droit international des droits humains et du droit humanitaire international. Replacer la violation ou la situation dans son contexte aide le chercheur dans d'autres étapes initiales de son travail : identifier les victimes et témoins potentiels pour les faire témoigner, contacter tous les acteurs impliqués dans la violation, et commencer à identifier des cibles de plaidoyer. La communication avec un réseau local de contacts et d'acteurs concernés est la première méthode employée par les chercheurs pour se familiariser avec le contexte local et acquérir une compréhension approfondie de la situation.
Les chercheurs de Human Rights Watch comptent impérativement sur les échanges avec un réseau de contact dès le début de leur mission, et au cours de chaque étape de leur recherche. Les défenseurs locaux des droits humains et les membres de la société civile sont souvent les meilleurs alliés et partenaires de Human Rights Watch dans son travail. Ces contacts sont cruciaux pour aider le chercheur dans sa tâche d'identification et de prise de contact avec les victimes et les témoins pour recueillir leurs déclarations. Nous dialoguons également avec d'autres interlocuteurs tels que des avocats, des journalistes, des médecins, des associations étudiantes, des représentants de gouvernements, des diplomates, des représentants d'organisations non-gouvernementales internationales et des experts internationaux, afin d'échanger / solliciter des informations et de nous aider à identifier des témoins, des victimes, des recommandations, et des cibles de plaidoyer.
En plus des échanges préliminaires avec ces contacts, les chercheurs mènent également des recherches de fond avant de commencer les entretiens avec les témoins ou les victimes. Ils examinent le droit humanitaire international et le droit international des droits humains, le droit intérieur ou local, les informations fournies par les Nations Unies et d'autres organisations internationales, les rapports universitaires, de police, et des organisations non-gouvernementales, et les comptes-rendus pertinents dans les médias, afin de mieux comprendre la situation et de connaître le contexte.
L'objectif de Human Rights Watch dans toute mission de recherche est de rassembler suffisamment d'informations sur un incident ou sur des violations répétées des droits humains pour avoir une image exacte de ce qui s'est produit.
Cela nécessite non seulement d'interroger les victimes mais aussi de rassembler toutes les autres versions de l'histoire. Pour ce faire, nos chercheurs s'efforcent systématiquement de se rendre dans les endroits où l'on sait que des violations se sont produites, ou sont en cours. Les conditions de sécurité et les limites de temps peuvent affecter de manière importante le choix des lieux où les chercheurs mènent leurs enquêtes. Avant toute mission de recherche, nous évaluons les risques sécuritaires et mettons en place des protocoles de communication et de sécurité. Dans les cas de conflits armés de grande ampleur, les chercheurs tentent de rester sur place aussi longtemps que les conditions de sécurité le leur permettent.
Quand nous enquêtons sur des violations systématiques ou répétées des droits humains plutôt que sur des incidents particuliers, nous menons d'abord des recherches de fond afin d'identifier les lieux les plus appropriés où réaliser des entretiens avec des personnes affectées par ces violations. Une analyse complète des écrits existants et des médias, ainsi que des entretiens de fond avec des experts sur le sujet permettent d'orienter une potentielle recherche. Les partenaires locaux dans les organisations des droits humains, le milieu universitaire, et la société civile, aident souvent Human Rights Watch à identifier et déterminer des régions au sein de pays, des quartiers au sein de villes, ou des lieux spécifiques où les chercheurs pourront rencontrer des témoins et des victimes de violations des droits humains. Les activistes locaux apportent également leur aide pour organiser la rencontrer avec les personnes à interroger une fois qu'elles ont été localisées. Souvent, on trouve les témoins et les victimes d'abus des droits humains regroupés dans un même lieu, tel qu'un camp de réfugié ou un hôpital.
Nous nous référons souvent à des études préexistantes ou à d'autres données empiriques pour déterminer le lieu où mener une recherche. Les exemples de données utilisées pour aider à sélection des lieux incluent :
- l'utilisation des taux de prévalence du HIV pour déterminer dans quelles régions de Russie se rendre afin d'enquêter sur l'accès au traitement factuel de la dépendance, pour les utilisateurs de drogues par injection
- l'utilisation des statistiques disciplinaires des écoles par district, associées aux données démographiques, pour sélectionner les districts du Texas où enquêter sur les châtiments corporels dans les lycées.
Dans certains cas, Human Rights Watch entreprend de réaliser un large éventail d'entretiens, et nous utilisons dans ce cas les données démographiques pour sélectionner une série d'endroits différents où mener les entretiens.
Les personnes que nous interviewons
Dans le contexte de leurs enquêtes sur les signalements d'abus des droits humains, les chercheurs de Human Rights Watch réalisent des entretiens afin d'avoir une vision précise de ce qui s'est passé. Human Rights Watch s'attache à rencontrer ceux qui sont directement concernés par ces abus: les victimes et les témoins. Human Rights Watch interroge les victimes et les témoins pour comprendre la réalité des faits, mais également pour leur donner une chance de faire entendre leur voix et leur histoire auprès d'un public plus large. Les entretiens avec les victimes et les témoins aident également Human Rights Watch à élaborer les recommandations que nous adressons aux autorités pour que les abus des droits humains cessent et que réparation soit obtenue.
Les chercheurs de Human Rights Watch entament souvent leur travail de recherche en s'entretenant avec les personnes qui ont une connaissance directe des violations des droits humains qui se sont produites, ou des problèmes concernés. Ces interlocuteurs incluent les organisations locales de défense des droits humains, les activistes, et les membres de la société civile locale. Ces discussions préliminaires permettent aux chercheurs de Human Rights Watch d'identifier et de trouver les victimes et les témoins à interroger. En plus des discussions préliminaires de fond, nos chercheurs s'entretiennent également avec différentes personnes tels que des représentants d'organisations non-gouvernementales locales et internationales, des membres de l'ONU, des journalistes, des médecins et des experts médicaux, des avocats et des juristes, des dirigeants communautaires, des représentants de la loi, des diplomates, et des leaders de la société civile, afin de corroborer les informations données par les témoins et les victimes, et de mieux comprendre le contexte social, politique et culturel de la situation sur laquelle Human Rights Watch enquête.
Au-delà des victimes et des témoins, Human Rights Watch tente systématiquement de contacter les représentants du gouvernement, les chefs militaires, les groupes de rebelles ou les milices, et tout autre responsable accusé d'abus afin de recevoir des informations, des explications et des comptes-rendus des incidents, et de faire connaître nos préoccupations. Dans de nombreux cas, les requêtes pour de telles rencontres se voient cependant refusées ou ignorées.
Dans certains cas, les entretiens avec les responsables accusés d'abus n'ont pas lieu à cause des risques potentiels pour la sécurité de nos chercheurs.
Méthodes d'entretien avec les victimes / témoins
Chaque violation des droits humains sur laquelle Human Rights Watch enquête, et chaque victime ou témoin rencontrée par un chercheur, est unique. Il n'existe donc pas de méthodologie d'entretien uniforme qui serait utilisée de manière universelle par l'organisation. Mais les principes suivant lesquels les chercheurs de Human Rights Watch mènent leurs entretiens avec les victimes et les témoins sont établis: bien que les techniques d'entretien puissent varier ou être adaptées à chaque situation, les principes directeurs, tels que la nécessité d'établir la vérité, de corroborer la véracité des déclarations, de protéger la sécurité et la dignité des témoins, et de rester impartial, sont respectés par l'ensemble de l'organisation. On peut citer parmi les méthodes les plus couramment employées pour interroger les témoins et les victimes les entretiens dans un cadre privé, en tête-à-tête avec le chercheur, et l'attention particulière portée pendant l'entretien aux détails de ce qui s'est produit.
Les entretiens en privé permettent de maintenir la confidentialité et de protéger la vie privée du témoin, mais aident également à éviter les fausses déclarations, les exagérations et les conjectures en garantissant que les interviewés font leur déclaration de manière indépendante. Les chercheurs s'attachent à interroger systématiquement d'autres témoins et d'autres victimes sur un même événement, s'efforçant de corroborer les détails factuels, de confirmer les déclarations des témoins, d'identifier les exagérations, et d'écarter les déclarations impossibles à vérifier.
L'une des méthodes d'entretien les plus couramment employées pour confirmer la véracité d'une déclaration est de focaliser les questions sur les détails. En se concentrant sur les détails tels que les âges, les noms, les lieux, les heures et d'autres descriptions, les chercheurs peuvent identifier les déclarations fausses ou trompeuses, ou savoir si celles-ci concernent des évènements dont la personne a été personnellement témoin, par opposition aux récits fondés sur des on-dit. Demander aux personnes interviewées de répéter ou de clarifier les informations données plus tôt au cours de l'entretien est une autre méthode utilisée pour démasquer les fausses déclarations. Les chercheurs interrogent souvent d'autres témoins et victimes au sujet du même évènement, afin d'être à même de confirmer la véracité des déclarations. Il serait difficile et peu probable que plusieurs personnes interviewées puissent raconter les mêmes détails au sujet d'un incident, si ces détails étaient faux.
Nos chercheurs prennent toujours les précautions nécessaires pour éviter de traumatiser à nouveau les personnes qui ont subis de graves abus. Ils s'assurent d'approcher les personnes à interviewer au moment et dans le contexte approprié, et sont formés pour communiquer avec sensibilité. Le cadre doit être sûr, et privé. La personne interrogée est toujours assurée d'avoir le choix d'interrompre l'entretien, ou de ne pas répondre à une question. Elle est informée de l'objectif et du champ sur lequel porte l'entretien, doit donner son accord, et être assurée que la conversation restera anonyme et confidentielle. Il est indiqué aux personnes interrogées qu'elles auront toujours le choix de mettre fin à l'entretien ou de ne pas répondre à une question. Si le chercheur sent qu'un témoin ou une victime n'est pas prêt, sur le plan émotionnel, à être interrogé, l'entretien est annulé ou reporté.
Les entretiens sont toujours menés dans une langue que la personne interrogée parle couramment (en général sa première langue ou sa langue maternelle). Dans la plupart des cas, le chercheur de Human Rights Watch maîtrise parfaitement la langue utilisée au cours de l'entretien. Dans certains cas où le chercheur ne parle pas couramment la langue ou le dialecte local, Human Rights Watch fait appel à des consultants ou des interprètes ; la plupart du temps, les interprètes sont des défenseurs locaux des droits humains qui travaillent avec le chercheur et qui par conséquent sont impartiaux et comprennent la nature de l'entretien et de la mission de Human Rights Watch. Les interprètes et les consultants sont formés par Human Rights Watch à traduire les questions et les réponses mot pour mot, de sorte que des questions complémentaires puissent être posées quand un éclaircissement est nécessaire.
Les entretiens sont toujours réalisés en personne, autant que possible. Dans les cas où il est absolument impossible de mener l'entretien en face-à-face, les chercheurs de Human Rights Watch interrogent parfois les témoins ou les victimes par téléphone ou par d'autres moyens de communication. Le contexte et le mode d'entretien est toujours mentionné précisément dans les rapports publiés par Human Rights Watch.
Les entretiens ne sont pas le seul type d'indication utilisé par Human Rights Watch pour ses recherches et ses rapports. Nous passons en revue de manière exhaustive les comptes-rendus des médias, le droit national, le droit international, les rapports stratégiques, les travaux universitaires, et les rapports de la société civile pendant les étapes préliminaires et au cours de l'ensemble du processus de recherche. Les documents juridiques, les rapports du gouvernement, les éléments d'inculpation et de condamnation sont tous régulièrement utilisées comme éléments de preuve dans les rapports de Human Rights Watch. Les données recueillies de sources telles quel'ONU, les agences intergouvernementales régionales, et les agences des gouvernements locaux sont également souvent analysées pour prouver l'existence et l'ampleur d'abus des droits humains. Parmi les exemples, on peut citer l'utilisation des statistiques de condamnations criminelles des EU pour prouver des disparités d'ordre racial dans les condamnations de mineurs à la prison à vie sans remise de peine, ou encore le rôle des relevés de paiement des patients dans les hôpitaux du Burundi pour prouver des traitements inéquitables et contraires à l'éthique. Il y a également eu des circonstances dans lesquels les chercheurs de Human Watch ont recueilli et analysé les données de base, comme par exemple dans un rapport énumérant les crimes de guerre au Kosovo qui présente notre propre analyse des tendances relevées à partir de ces données.
Sur le terrain, les chercheurs recueillent également parfois des informations et des données qui ne sont pas issues d'entretiens mais de l'examen des lieux des incidents. Les chercheurs de Human Rights Watch utilisent parfois des outils de médecine légale pour décrire des violations des droits humains. Les chercheurs photographient des corps pour mettre en évidence blessures et cicatrices, relèvent des données sur les lieux ayant subi des destructions, sur les caisses de munitions utilisées, et mesurent et analysent les impacts d'explosions. Human Rights Watch a également utilisé le repérage par GPS et l'imagerie satellite pour révéler visuellement les lieux d'abus des droits. Quand ils rassemblent des preuves d'abus des droits humains, nos chercheurs sont formés à utiliser toute méthode à leur disposition et non pas uniquement les entretiens.
Problèmes méthodologiques spécifiques
Human Rights Watch mène des recherches dans de nombreux pays et régions qui peuvent se définir comme des "sociétés fermées". Certains de ces pays, comme l'Iran ou la Corée du Nord, ferment totalement leurs frontières à nos chercheurs. D'autres "régions fermées" peuvent se situer dans des pays qui sont techniquement "ouverts", mais sont des régions fermées aux chercheurs à cause de l'insécurité qui y règne ou des restrictions mises en place par les autorités. Mener une recherche dans ces régions est un défi à plusieurs titres, en particulier pour ce qui est d'identifier les violations des droits, d'avoir une connaissance complète du contexte local, de localiser les victimes et les témoins, ainsi que de définir les recommandations adaptées et les possibilités en termes de plaidoyer. La sécurité est la première préoccupation de Human Rights Watch, non seulement pour nos chercheurs, mais également pour ceux avec qui nos chercheurs s'entretiennent. Dans ces régions fermées, la menace pour la sécurité de nos contacts et de ceux à qui nous parlons est souvent permanente, et le maintien de cette sécurité, longtemps après le départ du chercheur, est notre plus grande priorité.
Il existe de nombreuses méthodes employées par les chercheurs de Human Rights Watch pour recueillir des informations dans les régions fermées. Même sans pénétrer dans la zone, les chercheurs peuvent toujours mener des entretiens avec les victimes et les témoins. Les entretiens sont souvent réalisés par téléphone, et parfois, grâce à la communication internet. Ces entretiens servent généralement à rassembler des informations contextuelles et à identifier les violations des droits, mais Human Rights Watch cite dans certains cas les témoignages des témoins et des victimes à différentes occasions, dans nos rapports. Les chercheurs font très attention à vérifier les identités des victimes ou des témoins, et à corroborer leurs témoignages en observant la stratégie du questionnement et de la comparaison de leurs informations avec celles d'autres sources.
Les entretiens frontaliers, qui se déroulent au delà de la frontière d'un Etat ou d'une région avec des témoins qui viennent d'arriver de la zone fermée, sont une autre méthode utilisée pour s'entretenir avec les victimes et les témoins d'abus des droits humains. Il est avéré que cette technique est l'une des plus efficaces pour rassembler des informations concernant une société fermée, et a parfois été l'unique moyen de savoir ce qui se passait dans le pays ou la région. Les camps de réfugiés ou les avant-postes militaires ou de groupes rebelles font parties des lieux où nous pouvons mener des entretiens frontaliers.
Human Rights Watch utilise depuis peu la technologie satellite pour démasquer les abus des droits humains dans des régions fermées. L'imagerie satellite est extrêmement efficace pour montrer les effets avant/après d'un conflit de grande ampleur, tels que la destruction de villages, ou les mouvements massifs de population comme le déplacement des réfugiés. L'imagerie satellite est utilisée quand Human Rights Watch est informée d'attaques sur des lieux spécifiques, mais n'a pas la possibilité de pénétrer dans la région pour confirmer ces comptes-rendus. En utilisant les coordonnées GPS recueillies au préalable de villages attaqués, les chercheurs peuvent acheter une série d'images satellites de ces villages, étalées sur une certaine période. Ces images datées précisément constituent des preuves explicites des effets avant/après une attaque.