Le 11 octobre, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a prorogé d’un an le mandat de son équipe d’experts internationaux sur la République démocratique du Congo. Cette mesure était essentielle, compte tenu de l’aggravation de la crise humanitaire et des droits humains dans le pays et de l’intensification de la répression gouvernementale à l’encontre des membres des partis d’opposition, des journalistes, des activistes et autres critiques du gouvernement.
La résolution, adoptée par consensus, demande également au Bureau des droits de l’homme de l’ONU de surveiller et signaler les violations des droits humains et d’aider les autorités congolaises à faire en sorte que les auteurs de violations graves soient traduits en justice, y compris les auteurs de violences sexuelles liées au conflit.
Dans son rapport au Conseil des droits de l’homme en date du 8 octobre, l’équipe d’experts de l’ONU a noté l’absence de progrès en matière d’établissement des responsabilités et d’accès à la justice pour les victimes du conflit armé qui sévit dans l’est du pays, et la manière dont le retrait de la MONUSCO – la mission de maintien de la paix des Nations Unies – de la province du Sud-Kivu a créé « un vide sécuritaire dans certaines zones et accru la vulnérabilité des populations civiles ». L’équipe d’experts a exhorté le gouvernement à rendre justice et réparer les torts causés aux victimes et à procéder à une surveillance et à des réformes adéquates du secteur de la sécurité. Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a fait écho à ces préoccupations.
Human Rights Watch a récemment signalé que l’armée rwandaise et le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, ont bombardé sans discrimination des camps de personnes déplacées et d’autres zones densément peuplées près de Goma tout au long de l’année 2024, et que l’armée congolaise et les milices qui lui sont affiliées ont aggravé les risques pour les personnes déplacées en déployant de l’artillerie à proximité des camps. Les soldats congolais et les combattants alliés se sont livrés à des meurtres, des viols et des viols collectifs, ainsi qu’à des détentions arbitraires de personnes déplacées. Les deux camps ont entravé l’acheminement d’une aide vitale.
Des efforts plus concertés sont nécessaires pour prévenir ces abus et encourager une obligation de rendre des comptes. Le mois dernier, la Représentante spéciale des Nations Unies sur les violences sexuelles dans les conflits a noté une récente « résurgence de certaines des formes les plus horribles de violence sexuelle » dans l’est de la RD Congo, jugeant « impératif que la communauté internationale agisse maintenant pour soutenir… les survivantes ».
Les autorités congolaises doivent enquêter sur les auteurs de crimes graves et les poursuivre en justice de façon appropriée, fournir des services de santé complets en temps opportun aux victimes de violences sexuelles et basées sur le genre, et prendre des mesures pour protéger les civils et empêcher que de tels crimes ne se reproduisent. Toutes les parties doivent faciliter l’accès à l’aide humanitaire et permettre des rapports indépendants sur la situation.
En l’absence de progrès tangibles pour combler le déficit persistant de justice dans la crise actuelle en RD Congo, l’ONU devrait envisager de renforcer son approche pour lutter contre l’impunité pour les violations graves.