Skip to main content
Des familles quittaient leurs maisons à Pétion-ville, une commune de Port-au-Prince en Haïti, le 23 mars 2023, au moment où des groupes criminels prenaient le contrôle de plusieurs zones dans le pays.  © 2023 RICHARD PIERRIN/AFP via Getty Images

Lorsque nous avons abordé le cauchemar actuel en Haïti dans cette newsletter en septembre dernier, nous avions indiqué qu'un soutien international en matière de sécurité pourrait être nécessaire pour aider à endiguer le terrible effondrement de l'ordre public. Nous ne disions pas cela à la légère - les interventions passées ont été marquées par les abus - mais la situation était si grave que la communauté internationale devait réexaminer sa réticence, bien justifiée, à s'impliquer.

La situation en Haïti n'a fait que se détériorer depuis.

Depuis des années, le peuple haïtien souffre d'une grave crise politique, humanitaire et sécuritaire, et les choses se sont encore aggravées avec l'assassinat du président du pays en 2021.

Les meurtres, les enlèvements et les violences sexuelles se sont multipliés et une grave crise alimentaire s'est installée. Des groupes criminels empêchent l'acheminement de l'aide humanitaire aux personnes qui ont un besoin urgent de nourriture, de médicaments et d'autres formes d'aide.

En octobre 2023, le Conseil de sécurité des Nations unies a autorisé le déploiement en Haïti d'une mission multinationale de soutien à la sécurité, dirigée par le Kenya. Cependant, le déploiement de la mission a été bloqué.

Une autre complication est apparue avec une décision de la Haute Cour du Kenya vendredi qui empêche le gouvernement de déployer des officiers de police en Haïti. Le gouvernement fait appel.

Face à l'extrême violence et à l'effondrement de l'ordre public, les Haïtiens se demandent combien de temps ils devront encore attendre.

La situation en Haïti a fait l’objet de nouvelles discussions au Conseil de sécurité des Nations unies la semaine dernière, auxquelles Tirana Hassan, directrice exécutive de HRW, a participé. Après avoir rappelé aux membres du Conseil la situation désespérée dans laquelle se trouve la population haïtienne, elle a expliqué qu'il était nécessaire que la mission internationale soit guidée par une approche basée sur les droits humains - et elle a détaillé à quoi cela pourrait ressembler.

Bien entendu, compte tenu des erreurs fatales commises lors d'interventions précédentes en Haïti, le déploiement devra faire l'objet d'une surveillance scrupuleuse. Le Conseil devrait également soutenir les enquêtes sur les allégations d'abus et veiller à ce que les personnes reconnues coupables répondent de leurs actes.

Même si la fin du chaos violent qui règne dans le pays est la préoccupation la plus immédiate, toute paix et toute sécurité durables devront aller plus loin. La population a besoin d'une aide humanitaire et de développement bien coordonnée et d'un gouvernement de transition capable de travailler de manière crédible avec les partenaires internationaux pour garantir l'État de droit jusqu'à ce que des élections libres et équitables puissent être organisées.

Victime depuis trop longtemps de groupes criminels et de leurs commanditaires, le peuple haïtien mérite que des mesures fortes soient mises en place pour garantir la justice et pour que des comptes soient rendus pour les crimes commis dans le passé.

Et, bien sûr, toute intervention internationale doit endiguer le flux illicite d'armes et de munitions à destination des groupes criminels en Haïti.

Les Haïtiens sont confrontés à des niveaux de violence terrifiants, sans précédent, même pour un pays dont l'histoire récente est aussi troublée que celle d'Haïti. Comme le dit Tirana :  « Chaque jour qui passe sans une augmentation significative du soutien international qui aborde tous les aspects de la crise met plus de vies en danger. »

Your tax deductible gift can help stop human rights violations and save lives around the world.

Région/Pays
Mots clés