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Des décès mettent en lumière l’inhumanité du système de détention de migrants au Canada

Le gouvernement devrait prendre des mesures concrètes pour abolir la détention de migrants

Un manifestant tenait une pancarte devant une prison provinciale à Toronto lors d'un rassemblement contre la détention des migrants, en 2022. © 2022 Samer Muscati/HRW

Le 28 janvier 2022, Bryan Arthur Stone, un père de famille âgé de 56 ans, s’est donné la mort au Centre de surveillance de l’immigration de Laval, au Québec, alors qu’il était sous la garde de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC). Un an plus tard, l’AFSC refuse toujours de rendre publics les détails de cette affaire, invoquant la protection de la vie privée. Mais des informations ont filtré après que des médias eurent obtenu copie du rapport d’enquête de la médecin légiste (coroner) du Québec, qui estimait que « cette mort aurait pu être évitée ».

Illustration pour le rapport de Human Rights Watch

Notre campagne #BienvenueAuCanada couvre tout le pays. Le gouvernement fédéral a cosigné avec des provinces des contrats qui autorisent la détention de personnes migrantes dans des prisons provinciales. Demandez-lui d'annuler ces contrats !

Site de la campagne

Bryan était un citoyen américain qui avait refait sa vie au Québec, et se trouvait en détention au Centre de surveillance de l’immigration depuis 53 jours au moment de sa mort. Selon le rapport du médecin légiste, il était « stressé et triste » et avait averti qu’il se suiciderait s’il était expulsé et séparé de son fils. Il avait déjà fait une tentative de suicide quatre jours auparavant et, en réaction, l’ASFC l’avait placé en isolement.

Depuis 2000, au moins 17 personnes sont mortes en détention dans les centres pour migrants, pour la plupart dans des prisons provinciales. 

Le mois dernier, le jour de Noël, une femme est morte, apparemment par suicide, alors qu’elle était sous la garde de l’ASFC au centre de surveillance de l’immigration de Surrey, en Colombie britannique. L’Agence n’a rendu public aucun détail sur son identité, sur les circonstances de sa mort ou sur la raison pour laquelle elle était en détention dans un centre pour migrants.

En Ontario, une enquête, menée par un médecin légiste, a débuté ce mois-ci sur la mort en 2015 d’Abdurahman Hassan, qui était incarcéré depuis trois ans dans une prison provinciale de haute sécurité, qui était affecté de troubles mentaux et dont la famille avait fui la Somalie pour chercher à obtenir l’asile à Toronto. Cette enquête a déjà révélé des détails choquants sur les derniers jours d’Abdulrahman, alors qu’il avait perdu connaissance dans la cellule où il était détenu à l’isolement.

L’ASFC a l’habitude d’entourer du secret les cas de décès de personnes détenues dans les centres de surveillance de l’immigration et de refuser de rendre publiques des informations sur les personnes qui meurent en détention. Il en résulte que les personnes qui passent leurs dernières années, mois, jours ou heures sous la garde de l’ASFC sont déshumanisées même après leur mort.

En dépit de ces décès tragiques, le Canada continue de s’enorgueillir de sa politique d’accueil. Mais comme l’a dit la semaine dernière le ministre de la Sécurité publique de l’Alberta, Mike Ellis, en appelant les autres provinces à mettre fin à la politique d’incarcération de migrants dans les prisons provinciales, « Les personnes qui viennent au Canada pour démarrer une nouvelle vie méritent mieux qu’une cellule de prison pendant que l’on s’occupe de régler les questions administratives. »

Le Canada devrait prendre des mesures concrètes pour abolir la mise en détention des migrants. Cet impératif est rendu encore plus urgent par la récurrence de pertes de vies évitables.

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