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Mort de Théoneste Bagosora, « cerveau » du génocide rwandais, dans une prison malienne

Sa condamnation demeure une leçon en matière de justice

Théoneste Bagosora lors de son procès devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda, à Arusha, en Tanzanie, le 18 décembre 2008. © 2008 ICTR/AP Images

À la fin du mois dernier, les autorités maliennes ont annoncé le décès d’un ancien colonel de l’armée rwandaise condamné pour avoir orchestré le massacre d’au moins un demi-million de personnes pendant le génocide de 1994. Théoneste Bagosora, qui avait 80 ans, purgeait une peine de 35 ans de prison après avoir été reconnu coupable de crimes contre l’humanité par l’ex-Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Son décès le 25 septembre intervient après la nouvelle de l’arrestation en France de Félicien Kabuga, l’un des cerveaux présumés du génocide rwandais, en 2020 et l’annonce la même année de la découverte de la dépouille d’un autre génocidaire – Augustin Bizimana, ministre de la Défense à l’époque des massacres – dans une tombe en République du Congo.

Théoneste Bagosora était un décideur clé dans les cercles militaires rwandais au début du génocide. Il était membre de l’akazu, ou « petite maison », un cercle spécial au sein du réseau plus large d’individus qui œuvrait en soutien au président rwandais de l’époque, Juvénal Habyarimana, et propageait la théorie de suprématie des Hutus sur la minorité tutsie. Juvénal Habyarimana a trouvé la mort le 6 avril 1994, lorsque l’avion qui le transportait lui et le président burundais Cyprien Ntaryamira a été abattu.

Le crash a marqué le début de trois mois de massacres ethniques sans précédent dans tout le Rwanda. Entre avril et juillet 1994, des extrémistes politiques et militaires hutus comme Théoneste Bagosora ont orchestré le meurtre des trois quarts environ de la population tutsie du Rwanda. De nombreux Hutus qui ont tenté de cacher ou de protéger des Tutsis et ceux qui s’opposaient au génocide ont aussi été tués.

Human Rights Watch a documenté le génocide de 1994 et les crimes qui y sont associés en détail. Avant son décès, Alison Des Forges, conseillère senior au sein de la division Afrique de Human Rights Watch pendant près de deux décennies et éminente spécialiste du Rwanda, a publié un ouvrage de référence sur le génocide intitulé « Aucun témoin ne doit survivre ». Le titre fait référence à ce que Théoneste Bagosora et d’autres leaders hutus déclaraient à leurs hommes avant les meurtres.

Alison Des Forges a témoigné en tant qu’experte lors du procès de Théoneste Bagosora devant le TPIR, témoignage qui a dévoilé la responsabilité importante de l’État dans la planification et la mise en œuvre du génocide ainsi que le rôle joué par Théoneste Bagosora.

Cette affaire nous rappelle finalement que si la reconnaissance de la responsabilité pénale pour les crimes les plus graves n’intervient que trop rarement, elle est toujours possible. Le décès de Théoneste Bagosora alors qu’il purgeait sa peine envoie un message fort : en commettant les pires crimes, vous pourriez vivre vos derniers jours derrière les barreaux.

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