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Afghanistan : Les talibans ciblent les journalistes, notamment les femmes

Suite aux attaques, il est essentiel d’intégrer le respect de la liberté des médias dans les négociations sur un accord de paix

Ces deux caméramans afghans filmaient le lieu d'un attentat à la bombe à Kaboul, en Afghanistan, le 9 février 2021. © 2021 AP Photo/Rahmat Gul

(New York, le 1er avril 2021) – Des combattants talibans ciblent délibérément des journalistes et d'autres professionnels des médias en Afghanistan, y compris de nombreuses femmes, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Les menaces et les attaques contre les journalistes à travers le pays ont fortement augmenté depuis le début des pourparlers entre le gouvernement afghan et les talibans, exacerbant les inquiétudes quant à la question de la liberté d'expression et des médias dans le cadre d’un futur accord de paix.

Human Rights Watch a constaté que des commandants et combattants talibans ont fréquemment menacé, intimidé ou attaqué des professionnels des médias dans les zones où les talibans ont une influence significative, ainsi qu'à Kaboul. En proférant leurs menaces, les talibans font souvent comprendre aux journalistes qu’ils disposent d’informations précises sur leur travail, leurs déplacements et leurs familles, afin de les contraindre à s’autocensurer ou même à abandonner leur travail, face au risque de violentes représailles. Dans certains cas, des commandants et combattants talibans locaux, qui contrôlent une province ou un district, menacent aussi des journalistes travaillant dans une région voisine. Selon les journalistes interrogés par Human Rights Watch, l’omniprésence des menaces signifie qu'aucun professionnel des médias ne se sent véritablement en sécurité en Afghanistan.

« La vague de menaces et de meurtres représente un message effrayant pour les médias afghans à un moment précaire, alors même que des Afghans de divers camps discutent d’éventuelles garanties de la liberté d’expression lors des négociations sur l’avenir du pays », a déclaré Patricia Gossman, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch. « En recourant aux menaces et à la violence pour faire taire les voix critiques, les talibans sont en train de fragiliser les espoirs de préserver une société ouverte en Afghanistan. »

Human Rights Watch a interrogé 46 professionnel·le·s des médias afghan·e·s entre novembre 2020 et mars 2021, au sujet de leurs conditions de travail, y compris souvent des menaces de violence physiques. Il s’agit de 42 journalistes des provinces de Badghis, Ghazni, Ghor, Helmand, Kaboul, Kandahar, Khost, Wardak et Zabul, et de quatre journalistes ayant quitté l'Afghanistan en raison de menaces.

Des responsables du bureau politique des talibans à Doha, au Qatar, ont nié que leurs forces menacent les médias, affirmant qu'ils exigent seulement que les journalistes respectent les valeurs islamiques. Toutefois, des commandants talibans à travers l'Afghanistan ont menacé les journalistes spécifiquement pour leurs reportages. Les commandants locaux jouissent d’une autonomie considérable pour appliquer les punitions, y compris dans certains cas des assassinats ciblés.

Les femmes journalistes, notamment celles qui apparaissent à la télévision ou travaillent à la radio, sont particulièrement menacées. La récente vague d'attaques violentes a poussé plusieurs femmes journalistes de premier plan à abandonner leur profession, ou même à quitter l'Afghanistan. Ces femmes sont souvent ciblées non seulement en raison d’un sujet de leur reportage, mais aussi car pour les talibans, elles bafouent les normes sociales selon lesquelles les femmes devraient éviter d'exercer un rôle public, ou de travailler à l'extérieur de leur domicile.

Les habitants des zones contrôlées par les talibans ont souvent exprimé leur crainte de représailles, s’ils se plaignaient de la manière dont les talibans mènent des opérations militaires ou appliquent leurs réglementations. Dans un rapport publié en juin 2020, Human Rights Watch a documenté de sévères restrictions dans les zones sous contrôle taliban, y compris des limites à la liberté d'expression et des médias.

Les dirigeants talibans devraient immédiatement faire cesser les manœuvres d’intimidations, les menaces et les attaques contre les journalistes et autres professionnels des médias, a déclaré Human Rights Watch. Ils devraient aussi rejeter explicitement le recours à la violence contre les femmes travaillant dans le secteur des médias.

Les Nations Unies et les gouvernements qui soutiennent les négociations en cours sur l’Afghanistan devraient faire pression publiquement sur les dirigeants talibans à cet égard et fournir un soutien accru, y compris une protection, aux médias indépendants et aux journalistes en Afghanistan, en particulier à ceux qui font face à des menaces.

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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