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Colombie : Des groupes armés imposent brutalement leur loi face au Covid-19

Ces groupes ont commis des meurtres et menacent les habitants afin d’imposer leur propre forme de contrôle social

Des membres de l'Armée de libération nationale (ELN), un groupe armé colombien, photographiés dans un camp d'entraînement situé sur les rives du fleuve San Juan, dans l'État du Chocó, en Colombie, le 21 novembre 2017. © 2017 Luis Robayo/AFP/Getty Images

(Washington, le 15 juillet 2020) - Des groupes armés en Colombie ont commis des meurtres et d'autres exactions contre des civils afin d’imposer leurs propres mesures visant à empêcher la propagation du Covid-19, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Depuis l’apparition du coronavirus en Colombie, des groupes armés dans plusieurs régions du pays ont imposé des couvre-feux, des mesures de confinement et d'autres règles pour empêcher la propagation du virus. Pour faire appliquer ces mesures, ces groupes ont tué, attaqué ou menacé des personnes qui, selon eux, refusaient de s’y conformer.

« Dans des communautés à travers la Colombie, les groupes armés ont violemment imposé leurs propres mesures pour empêcher la propagation du Covid-19 », a déclaré José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques à Human Rights Watch. « Ce contrôle social exercé de manière abusive reflète l’échec de longue date du gouvernement à établir une présence significative dans les régions reculées du pays, et à y protéger les populations les plus vulnérables. »

Entre mars et juin 2020, Human Rights Watch a interrogé par téléphone 55 personnes dans 13 États de Colombie, y compris des dirigeants communautaires, des procureurs, des membres d'organisations humanitaires, des policiers et des résidents locaux. Human Rights Watch a également examiné des tracts diffusés par les groupes armés.

Human Rights Watch a constaté que des groupes armés ont informé les populations locales qu'ils imposaient des règles pour empêcher la propagation du Covid-19, dans au moins 11 des 32 États de Colombie. Parmi ces mesures communiquées par le biais de tracts, ou de messages sur WhatsApp, figurent des couvre-feux, des obligations de confinement, et des restrictions à la circulation de personnes, de véhicules et de bateaux. Ces groupes ont aussi fixé des limites de jours et d’heures d'ouverture des magasins, et dans certaines régions ont interdit l’entrée à des personnes n’y résidant pas.

Les groupes armés ont imposé des « punitions » brutales – pouvant aller jusqu’au meurtre - à des personnes qu’ils accusaient de ne pas respecter leurs règles. Les principaux groupes armés impliqués dans ces crimes sont l'Armée de libération nationale (ELN), divers groupes issus des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) suite à leur démobilisation officielle en 2016, ainsi que les Forces d'autodéfense gaitanistes de Colombie (AGC), constituées d’ex-membres de groupes paramilitaires de droite qui ont été officiellement démobilisés dans les années 2000.

Au 13 juillet, plus de 150 000 cas de Covid-19 et plus de 5 000 décès liés à la pandémie avaient été signalés en Colombie.

En vertu du droit international relatif aux droits humains, le gouvernement colombien est tenu de protéger les droits à la vie et à l'intégrité physique des citoyens, notamment en agissant contre les menaces proférées par des groupes armés et par des bandes criminelles organisées. 

Communiqué complet en anglais : en ligne ici.

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Ouest-France    CNews    News24

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