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ONU : Témoignage au Conseil de sécurité sur les droits des personnes handicapées

L’activiste syrienne Nujeen Mustafa appelle à des interventions humanitaires inclusives plus efficaces

(New York, le 24 avril 2019) – L’activiste syrienne Nujeen Mustafa s’adressera ce 24 avril au Conseil de sécurité des Nations Unies sur la situation des personnes en situation de handicap en Syrie, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Ce sera la première fois que le Conseil de sécurité examine officiellement les droits des personnes en situation de handicap qui se trouvent bloquées dans une zone de conflit armé.

Nujeen Mustafa, qui a maintenant 20 ans, sera la première personne handicapée à s’adresser officiellement au Conseil, et une des rares personnes syriennes invitées à le faire depuis le début du conflit en 2011. Ayant fui la Syrie à l’âge de 16 ans, elle parcourt depuis le monde, plaidant pour que les États et les organes de l’ONU incluent les personnes handicapées dans leurs interventions humanitaires. Le Conseil de sécurité devrait prendre de toute urgence des mesures pour améliorer la protection des personnes handicapées au sein des conflits armés, a déclaré Human Rights Watch.

« Il est du devoir du Conseil de sécurité de lONU de protéger tous les civils dans les conflits armés, y compris ceux qui ont un handicap », a déclaré Shantha Rau Barriga, directrice de la division Droits des personnes handicapées à Human Rights Watch. « Lexposé de Nujeen Mustafa au Conseil de sécurité devrait pousser les membres du Conseil, les dirigeants des Nations Unies et tous leurs États membres à faire en sorte que leur engagement humanitaire à ne laisser personne de côténe soit pas purement rhétorique. »

Atteinte d’une paralysie d’origine cérébrale, Nujeen Mustafa ne peut pas marcher sans aide. En janvier 2014, elle a entamé un voyage exténuant qui en 16 mois l’a conduite de Syrie jusqu’en Allemagne, parcourant 5 600 km dans son fauteuil roulant en acier. Elle étudie actuellement en Allemagne. Mustafa a reçu le prix Alison Des Forges, qui récompense un engagement exceptionnel (Alison Des Forges Award for Extraordinary Activism).

Le conflit en Syrie, qui entre dans sa huitième année, a été marqué par les violations graves et systématiques du droit international des droits humains et du droit humanitaire commises par tous les belligérants, notamment les attaques sans distinction, l’usage d’armes prohibées et les restrictions imposées à l’aide humanitaire. Près de six millions de personnes ont fui les hostilités, entreprenant souvent des voyages difficiles, qui mettaient leur vie en danger, dans le seul but de se mettre en sécurité.

Or lors des urgences humanitaires, les personnes handicapées sont les plus exposées aux risques. Lorsque les bombardements, les frappes ou les raids aériens menacent leur vie, les personnes handicapées peuvent ne pas pouvoir s’enfuir pour se mettre en sécurité. Quant à celles qui ont un handicap intellectuel ou psychosocial (une pathologie mentale), elles peuvent ne pas saisir le danger de la situation. Dans le chaos des évacuations, elles risquent aussi d’être séparées de leur famille ou de perdre leur appareillage fonctionnel, comme un fauteuil roulant ou un appareil auditif.

La situation est encore compliquée par le refus des pays d’accepter davantage de réfugiés ou de faciliter leur capacité à prendre la fuite. Les personnes en situation de handicap ont subi de façon disproportionnée les conséquences de ces violations et restrictions de leur capacité à se réfugier dans d’autres pays.

Ces personnes ont souvent beaucoup de mal à accéder à l’aide humanitaire, en particulier dans des endroits comme la Syrie, où les entités apportant cette aide sont attaquées et où les groupes armés gouvernementaux et antigouvernementaux restreignent les convois humanitaires et le déplacement des civils.

L’intervention humanitaire en Syrie et dans les pays voisins doit prévoir des programmes de protection incluant les personnes handicapées et faire en sorte qu’elles aient accès aux services de base, comme l’abri, l’assainissement, la santé, le soutien psychosocial et l’éducation. Les ressources doivent être consacrées à l’évacuation des civils en situation de handicap des zones de conflit.

Le Conseil de sécurité et ses États membres devraient par ailleurs veiller à ce que les pays voisins et les pays d’accueil facilitent la capacité des civils les plus exposés à échapper à la violence et abandonnent leurs politiques créant des risques supplémentaires pour les personnes handicapées qui tentent de fuir. Le Conseil devrait également faire en sorte que la collecte de données, l’observation et les comptes rendus portant sur tous les conflits intègrent la situation particulière des personnes handicapées, a déclaré Human Rights Watch. Faute de quoi, leurs besoins et leur droit à l’égalité continueront à être laissés de côté.

Le réseau International Disability Alliance, qui rassemble 14 organisations mondiales et régionales œuvrant à faire progresser les droits des personnes handicapées auprès des États et du système onusien, a souligné la nécessité de consulter les personnes handicapées sur leur situation.

« Ce discours au Conseil de sécurité est un pas important vers la reconnaissance de limpact unique et disproportionné du conflit sur les personnes handicapées », a déclaré Vladimir Cuk, directeur exécutif d’International Disability Alliance. « La consultation approfondie et limplication active des personnes en situation de handicap et des organisations qui les représentent est essentielle pour améliorer leur situation sur le terrain. »

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