Des amis ont organisé une fête-surprise pour mon anniversaire le mois dernier. Ils m’ont demandé quel était mon vœu avant que je ne souffle les bougies du gâteau au chocolat placé devant moi. J'ai immédiatement répondu : « De l'électricité et de l'air conditionné 24 heures sur 24 ! ». Ils ont ri et m’ont suggéré d’exprimer un vœu plus réaliste.
Ici, dans la Bande de Gaza, l'électricité 24 heures sur 24 n'est qu'un rêve lointain, depuis plus d'une décennie. Le bombardement de centrales électriques par les forces israéliennes, la fermeture des frontières en 2007 et les tensions entre l'Autorité palestinienne et le Hamas, qui gouverne Gaza, ont provoqué des pannes de courant chroniques. Il n'y a pas si longtemps, nous nous étions habitués à huit heures d'électricité par jour. Aujourd’hui, ceci semble a posteriori avoir été un luxe.
L’électricité ici provient de trois sources : Israël, l’Égypte, et l’unique centrale de Gaza, qui fonctionne avec du carburant. En juin, Israël a réduit la quantité d’électricité fournie à Gaza, conformément à la demande de l'Autorité palestinienne qui cherche à accentuer la pression sur Hamas.
La pénurie d’électricité signifie tenter de dormir avec une température extérieure de 95 degrés Fahrenheit (35 degrés Celsius) sans ventilateur ni air conditionné, se doucher avec un mince filet d'eau et n’acheter de la viande ou du lait que pour une journée. Cela signifie aussi qu’il vaut mieux utiliser l’escalier pour éviter le risque d’être bloqué dans un ascenseur subitement arrêté.
J'ai plus de chance que beaucoup d’autres personnes. Les enfants dont les familles n’ont pas les moyens de payer des générateurs d’électricité sont obligés de faire leurs devoirs à la lumière des bougies. Les personnes souffrant d’une insuffisance rénale traitée par dialyse – procédure qui nécessite une alimentation électrique ininterrompue – sont exposées à des risques particulièrement graves. La pénurie d'électricité rend la vie plus difficile pour tous les habitants de Gaza ; mais pour les personnes vulnérables, il peut s’agir d’une question de vie ou de mort.
Pour Israël, l'Autorité palestinienne et le Hamas, les Gazaouis ne sont que des pions dans une déplorable partie dont l’enjeu est la domination politique. En tant que puissance occupante et en vertu du droit international, Israël a la responsabilité de faciliter la vie quotidienne des habitants de Gaza. Le Hamas, qui exerce le contrôle interne de cette zone, est responsable de la protection de nos droits. L'Autorité palestinienne, qui supervise les fonds fournis par des donateurs, devrait également protéger nos droits, y compris en s’assurant du règlement des factures pour les services essentiels.
Le Coordonnateur des Nations Unies pour l'aide humanitaire et les activités de développement dans les Territoires palestiniens occupés, Robert Piper, a averti que les dernières coupures « risquent de provoquer un effondrement total des services de base ».
La crise que nous traversons n'est pas le résultat d'une catastrophe naturelle, ni d'une volonté divine. Il s’agit d’un problème d’origine humaine. Les personnes qui nous ont plongés dans le noir pourraient nous rendre la lumière par un simple basculement d’interrupteur.
Tribune intégrale en anglais :
www.hrw.org/news/2017/08/20/gaza-we-get-four-hours-electricity-day-if-were-lucky
#Gaza – Témoignage sur les conséquences parfois dangereuses de la pénurie d’#électricité https://t.co/PcJViHWJ3M
— HRW en français (@hrw_fr) 23 août 2017
#Gaza : @antonioguterres appelle à lever les blocus face à la crise humanitaire https://t.co/vUrxUyh4ow @LePoint @ONUinfo
— HRW en français (@hrw_fr) 30 août 2017
Gaza : une fois par jour, des familles se mettent en branle quand l'électricité revient pour quelques heures, même en pleine nuit #AFP pic.twitter.com/ALVxoWjJ4O
— Agence France-Presse (@afpfr) 30 août 2017