(Bagdad, le 20 février 2017) - Les combattants de l'Etat islamique (EI) détiennent arbitrairement des femmes et des filles sunnites dans les zones qu’ils contrôlent en Irak, les maltraitant, torturant et soumettant à des mariages forcés, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.
Bien que de nombreuses informations aient déjà été publiées au sujet des violences contre des femmes dans les zones contrôlées par l'État islamique, il s’agit des premiers témoignages que Human Rights Watch a pu recueillir concernant les exactions commises par l’EI contre des femmes arabes sunnites en Irak. Ces témoignages ont été recueillis à Kirkuk auprès de six femmes qui ont réussi à s’échapper de Hawija, une ville située à 125 kilomètres au sud de Mossoul et contrôlée par l'État islamique. Human Rights Watch et d'autres organisations ont précédemment documenté des abus similaires commis par les combattants de l'État islamique contre des femmes yézidies.
« Peu d’informations ont précédemment filtré sur les violences sexuelles commises contre des femmes sunnites vivant sous le contrôle de l’État islamique », a déclaré Lama Fakih, directrice adjointe de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Nous espérons que la communauté internationale et les autorités locales feront tout ce qui est en leur pouvoir pour apporter à ces victimes le soutien dont elles ont tant besoin. »
En janvier 2017, Human Rights Watch a interrogé quatre femmes qui ont déclaré avoir été détenues par l’État islamique en 2016 durant des périodes allant de trois jours à un mois. Une autre femme a affirmé que son propre cousin, après avoir rejoint l’État islamique, l'a forcée à l'épouser et l'a violée. Une sixième femme, dont le mari avait fui les rangs de l’État islamique, a indiqué que des combattants de l’EI avaient ensuite détruit leur maison en guise de représailles, et tenté de la soumettre à un mariage forcé. Cinq des six femmes ont déclaré avoir été battues par les combattants de l’EI.
Une représentante d’une organisation humanitaire internationale a déclaré avoir rencontré des victimes de mariages forcés et de viols, tout en précisant que seules certaines victimes osaient témoigner, au sein de la communauté de personnes déplacées où elle travaillait. Elle a expliqué que certaines femmes préféraient ne pas informer leurs familles de tels incidents, par crainte d’être rejetées ou même punies par leurs proches, ou par leurs communautés. Les bébés nés de viols ou de mariages forcés risquent aussi de subir une telle stigmatisation, a-t-elle ajouté, soulignant l’importance pour ces femmes d’un traitement médical et d’un soutien psychosocial à long terme. Une personne travaillant pour une autre organisation internationale a indiqué que celle-ci fournissait actuellement des services à 50 femmes et filles ayant subi des violences physiques et psychologiques aux mains de l’État islamique.
Le gouvernement irakien, les autorités régionales du Kurdistan, les agences des Nations Unies et d'autres intervenants devraient selon Human Rights Watch travailler conjointement pour apporter des soins et des services aux victimes. Ces efforts devraient être déployés de manière coordonnée avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a déclaré que les services de santé mentale et le soutien psychosocial sont des composantes essentielles de l’aide apportée aux victimes de violences sexuelles.
Communiqué complet en anglais, comprenant divers témoigages :
www.hrw.org/news/2017/02/20/iraq-sunni-women-tell-isis-detention-torture
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