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(Goma, le 8 mai 2014) – Human Rights Watch est profondément endeuillée par la disparition de Jean-Baptiste Bengehya Mwezi, son directeur administratif à Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, décédé subitement à l’issue d’une maladie le 6 mai 2014.

Jean-Baptiste a été le pilier de notre bureau à Goma depuis que Human Rights Watch s'y est installée pour la première fois en 2003. Non seulement il assurait l'administration du bureau, mais c'était aussi un assistant de recherche de talent et un interprète qui parlait six langues. Quand il agissait comme interprète auprès de victimes et de témoins de massacres, de viols, d'actes de torture ou d'autres exactions, il ne se contentait pas de traduire leurs paroles et leurs émotions, mais faisait preuve de compassion et de sympathie, les mettait à l'aise et leur redonnait courage.

Il travaillait sans relâche pour s'assurer que notre bureau de Goma opère en conformité avec toutes les procédures administratives en vigueur, que les visiteurs soient bien accueillis et que le bureau fonctionne sans accrocs, malgré un contexte tumultueux sur les plans politique et sécuritaire. Il était toujours de bonne humeur et calme, mais persévérant. Il était pleinement conscient de la situation délicate et souvent dangereuse en matière de sécurité dans l'est de la RD Congo, où les chercheuses et chercheurs de Human Rights Watch se déplaçaient pour effectuer des missions de recherche, mais il ne laissait jamais personne, ni lui-même ni ceux qui l'accompagnaient, se décourager devant les horreurs des guerres terribles qui ravageaient la RD Congo. La sécurité de tout le personnel de Human Rights Watch, de nos familles, de nos visiteurs et des personnes avec qui l'organisation travaillait était sa première priorité.

Jean-Baptiste était le « papa » de l'équipe de Human Rights Watch en RD Congo, toujours sur le qui-vive pour nous et prêt à nous aider, avec patience et compréhension. Il était profondément attaché à la cause des droits humains, à sa propre famille et aux innombrables personnes qui le considéraient comme un conseiller et un professeur.

Avant de rejoindre Human Rights Watch, il avait travaillé pour plusieurs organisations internationales dans des domaines comme la réintégration de communautés, notamment des réfugiés après le génocide au Rwanda, la réconciliation des familles et la formation des futurs conseillers des victimes de violence sexuelle. Durant les années 1980 et le début des années 1990, il a enseigné le français, la linguistique et d'autres matières dans des écoles primaires et secondaires et dans des universités au Burundi, au Rwanda et en RD Congo. Il était le fondateur et l'ancien directeur de deux écoles secondaires dans les villages de Kitembo et Sake, dans l'est de la RD Congo.

Enseignant jusqu'au bout, il ne manquait jamais une occasion de prononcer un discours de nature inspirante lors des réunions organisées par Human Rights Watch avec son personnel et leurs familles. Nous avons rarement effectué de missions de recherche sans rencontrer un de ses anciens élèves dans des villages reculés et des paroisses catholiques à travers l'est de la RD Congo. Ils exprimaient tous une admiration et d'un respect profonds pour Jean-Baptiste et il apparaissait clairement qu'il avait eu un important impact sur leurs vies.

Jean-Baptiste était né le 11 novembre 1955 dans le village de Kitembo, près de la cité de Minova, à environ 50 kilomètres à l'ouest de Goma. Il était dévoué à sa femme, Georgette, à ses huit enfants âgés de 7 à 26 ans – Hortense, Sylvie, Fidélie, Afia, Priscille, David, Hervé et Georges – et à sa famille au sens large. Il était très fier d'eux et chérissait chaque membre de sa famille.

Sa mort subite est un choc pour nous tous à Human Rights Watch. Nous exprimons nos condoléances les plus sincères à sa famille et à tous ceux qui étaient proches de lui. L'est de la RD Congo a perdu un défenseur, un éducateur, un père, un ami – et une personnalité attachante et généreuse. Il va nous manquer cruellement et nous ne l'oublierons jamais.

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