(New York, le 7 octobre 2009) - Quatre courageux et infatigables défenseurs des droits humains originaires de la Birmanie, de la République démocratique du Congo, de l'Éthiopie et la Russie ont été sélectionnés pour recevoir le prix Alison Des Forges Defender Award for Extraordinary Activism, une prestigieuse distinction qui récompense l'activisme extraordinaire de la défunte militante, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui. Ces lauréats ont contribué à la défense de la liberté d'expression, la protection des femmes dans les conflits et à l'allègement du sort des prisonniers politiques en dépit des menaces et de la persécution de la part des autorités de leurs pays.
Le nom du prix rend un hommage posthume à Alison Des Forges, qui a travaillé en tant que conseillère senior auprès de la division Afrique de Human Rights Watch pendant près de vingt ans, et était l'une des plus grandes spécialistes mondiales du Rwanda, du génocide de 1994 et des séquelles de ce massacre. Elle a péri dans un tragique accident d'avion survenu le 12 février 2009 à New York. Désormais, le prix décerné par Human Rights Watch chaque année à des militants des droits humains honorera l'engagement exceptionnel d'Alison Des Forges en faveur de cette cause.
Les quatre lauréats de cette année sont :
- Daniel Bekele, avocat et activiste éthiopien;
- Bo Kyi, cofondateur de l'association birmane d'aide aux prisonniers politiques (Assistance Association of Political Prisoners);
- Elena Milashina, journaliste à Novaïa Gazeta, le principal quotidien indépendant de la Russie;
- Mathilde Muhindo, militante des droits des femmes qui lutte pour mettre un terme aux violences sexuelles en République démocratique du Congo.
« Ces personnes extraordinaires font face tous les jours à d'énormes défis et pourtant elles continuent à lutter pour mettre fin aux violations des droits humains et traduire en justice les auteurs de ces actes », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Nous espérons que ce prix qui porte le nom d'Alison Des Forges saura les inspirer et les protéger dans la lutte pour la défense des droits humains dans leur pays. »
Les défenseurs des droits humains sont des partenaires essentiels des chercheurs de Human Rights Watch dans plus de 80 pays à travers le monde. Les lauréats seront honorés lors des dîners annuels de Human Rights Watch qui se tiendront dans les villes de Chicago, Genève, Hambourg, Houston, Londres, Los Angeles, Munich, New York, Paris, San Francisco, Santa Barbara, Toronto et Zurich.
Daniel Bekele, Ethiopie
Malgré les restrictions constantes de la liberté d'expression en Éthiopie, Daniel Bekele, un éminent activiste de la lutte contre la pauvreté et défenseur des droits humains, a bravé les rigueurs de la répression du gouvernement. Après avoir dirigé un mouvement populaire dont l'objectif était à la fois de sensibiliser la population, de promouvoir leur participation aux élections parlementaires controversées de 2005 en Éthiopie, de surveiller les élections et de favoriser la réconciliation après le scrutin, M. Bekele a été arrêté, condamné à deux ans et demi de prison pour incitation à la violence contre le gouvernement. Human Rights Watch rend hommage à Daniel Bekele qui, au péril de sa vie, a défié l'État éthiopien pour faire respecter les droits civils et politiques, deux garants de la protection des libertés individuelles.
Bo Kyi, Birmanie
Ancien prisonnier politique et cofondateur de l'Assistance Association of Political Prisoners (AAPP), Bo Kyi travaille sans relâche pour obtenir la libération des Birmans emprisonnés à cause de leur indépendance politique et de leur activisme. Au cours des vingt dernières années, Bo Kyi a démontré un courage sans faille en partageant son histoire et ceux des autres prisonniers politiques et en dénonçant les nombreuses exactions commises par la junte militaire birmane. Human Rights Watch rend hommage à Bo Kyi pour son combat héroïque dans la dénonciation des actes de répression commis par le régime birman et la défense des droits de ceux qui ont osé critiquer la junte militaire.
Elena Milashina, Russie
Journaliste d'investigation au Novaïa Gazeta, le principal quotidien indépendant en Russie, Elena Milashina dévoile la vérité sur les violations des droits humains et la corruption généralisée au sein du gouvernement. Malgré les tentatives de la Russie de réduire au silence ses opposants et de cacher les exactions commises, Mme Milashina garde non seulement son franc-parler, mais publie également les cas de disparitions forcées, d'exécutions sommaires et de torture. Elle continue à mener des enquêtes sur l'assassinat en 2006 de sa collègue et conseillère Anna Politkovskaïa, exigeant que les responsables au plus haut niveau répondent de leurs actes. Human Rights Watch récompense Mme Milashina pour son courage en exposant le bilan très médiocre de la Russie en matière de droits humains.
Mathilde Muhindo, République démocratique du Congo
Mathilde Muhindo est la directrice du Centre Olame, une organisation des droits des femmes qui aide à lutter contre la discrimination féminine généralisée et les horribles violences sexuelles, deux fléaux endémiques en République démocratique du Congo. Elle a dirigé une coalition d'organisations locales de femmes pour défendre avec succès une loi générale sur la violence sexuelle. Human Rights Watch rend hommage à Mathilde Muhindo pour son dévouement inlassable aux questions de la sécurité, la santé et des droits des femmes souvent oubliées dans l'est du Congo.