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Habré reste à Dakar

Le procès d'Hissène Habré est attendu depuis 9 ans

 

« Considérant que le Sénégal a formellement et à plusieurs reprises, au cours des audiences, donné l'assurance qu'il ne permettra pas à M. Habré de quitter son territoire avant que la Cour ait rendu sa décision définitive », la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye a pris acte de cette promesse pour déclarer sans objet la demande de la Belgique. Celle-ci souhaitait qu'elle ordonne aux autorités sénégalaises de retenir, à titre conservatoire, l'ancien dictateur tchadien sur son sol. « Prenant acte des assurances données par le Sénégal, [la Cour] constate que le risque de préjudice irréparable aux droits revendiqués par la Belgique n'est pas apparent. » Elle en déduit qu'il n'existe, en l'espèce, « aucune urgence justifiant l'indication de mesures conservatoires ».

La cause était entendue depuis les audiences qui se sont déroulées du 6 au 8 avril dernier, au siège de la CIJ, au Palais de la paix de La Haye. La délégation sénégalaise, dirigée par le garde des Sceaux, Ma­dické Niang, s'était solennellement engagée, devant le juge Christopher Greenwood, à ce qu'Hissein Habré ne quitte pas Dakar, où il vit en exil depuis qu'il a été chassé du pouvoir en décembre 1990.

Rassurées sur ce point, les autorités belges attendent désormais que la Cour, qui doit maintenant statuer sur le fond, ordonne au Sénégal de juger l'ex-dictateur ou de le leur remettre pour être jugé.

Depuis le 19 septembre 2005, en effet, la justice belge, instruisant une plainte de victimes, a lancé un mandat d'arrêt contre Habré pour crimes contre l'humanité et tortures, et présenté une demande d'extradition au Sénégal. Dakar a refusé d'y donner suite et tarde jusqu'à présent à organiser un procès, exigeant que la communauté internationale lui verse les 27 millions d'euros équivalents, d'après lui, à son coût.

Si la décision de la CIJ sur le fond ne devrait pas intervenir avant un an et demi, voire deux ans, les victimes et les activistes des droits de l'homme espèrent que la menace d'être dessaisi du dossier incitera le Sénégal à juger Habré. Pour Reed Brody, de Human Rights Watch, « il faut maintenant que le Sénégal retrousse ses manches et se mette au travail avant qu'il ne soit trop tard. Les survivants du régime d'Habré meurent les uns après les autres, cela fait dix-neuf ans qu'il a quitté le pouvoir. Le Sénégal a déclaré à plusieurs reprises qu'il va juger Hissein Habré. Il faut qu'il le fasse au plus vite, avant que témoins et victimes disparaissent tous. » 

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